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Depardon revient sur ses pas, et retrace, caméra au poing, le monde qui fut le sien, à savoir celui des photographes de presse et des paparazzi...
Durant tout le mois d'octobre 1980, le réalisateur a suivi le quotidien des photographes de presse et des paparazzi de l'Agence Gamma. À l'époque, l'actualité fut dense, entre campagne présidentielle et actualité culturelle. Planques, connivences, scoops... Depardon capte le jeu de chat et de la souris qui lie les dingues de l'objectif et leurs proies nommées Deneuve, Chirac, Richard Gere...
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" ... Reporter-photographe de l’agence Magnum, Raymond Depardon a suivi dans ses pérégrinations, tout au long du mois d'octobre 1980, un co
" ... Reporter-photographe de l’agence Magnum, Raymond Depardon a suivi dans ses pérégrinations, tout au long du mois d'octobre 1980, un confrère de chez Gamma : Francis Apesteguy. Un photographe filme un autre photographe. A travers un implacable jeu de miroir, de quoi faire d abord un portrait acerbe de la profession.
Vivre du voyeurisme des lecteurs de magazine n’est pas forcément chose facile. Pour les satisfaire, il faut courir à l’exceptionnel, guetter sans trêve les vedettes qu’ils aiment. En tout reporter, un « paparazzi » sommeille. Cela nous vaut quelques scènes savoureuses (...) Mais Apesteguy se plaint sans cesse à son agence de n'avoir sous la main aucun sujet intéressant. Le train-train quotidien du reporter politique l’ennuie. Filmée par Depardon — le double qui partout le suit—sa tournée des conseils des ministres, des arrivées et départs des personnages officiels est pourtant des plus piquantes.
Comme dans Numéros zéro, où il filmait les débuts du quotidien Le Matin, l’art de Depardon, c’est d’être toujours là. Eternellement présent, tout seul, dans un coin, la caméra sur l’épaule. Comme un meuble. Au point qu'on finit pas ne plus le voir, par ne lus se gêner devant lui. Alors, les personnalités s'oublient et se révèlent (...)
La différence entre Apesteguy qui s’ennuie et Depardon qui visiblement se régale, on pourrait la retrouver, curieusement, dans la traditionnelle opposition cinéma-vérité/vrai reportage. Apesteguy cherche le scoop ; l’événement qui vient déranger spectaculairement le quotidien. Comme un adepte de la caméra-vérité, il cherche à mettre en scène le réel ; ce faisant, il le truque et donc l'amoindrit. A l’agence, certain jour, on lui reproche en effet la médiocrité du résultat.
La démarche de Depardon, apparemment terre à terre—il se contente de suivre le photographe sans jamais intervenir.—est au contraire bien plus riche — et bien plus drôle. Témoin impassible, il finit par capter le détail incontrôlable, le geste qui échappe. Et l’on comprend pourquoi le directeur de l’agence Gamma répète en leitmotiv à Apesteguy, agacé, qu’un photographe doit toujours être disponible.
Raymond Depardon fait une démonstration fulgurante de la supériorité de sa méthode. On jubile à tout instant d’un film impertinent, souvent hilarant, qui cerne avec brio les failles des stars, les tics des hommes politiques, les travers des photographes... bref, tous les artifices de ces personnages publics, qui ne se découvrent que par médias interposés, au risque de n’être plus que stéréotypes.
Mais Raymond Depardon, passionnément attentif, finit par leur redonner justement une singularité, une identité. Son travail est celui d’un ethnologue. Patient, précis, savant."
"... « Reporters » est une histoire d’amour entre deux types d’hommes faits pour s’entendre. Pour les incarner, le politique et le reporter
"... « Reporters » est une histoire d’amour entre deux types d’hommes faits pour s’entendre. Pour les incarner, le politique et le reporter, Depardon a trouvé deux acteurs géniaux : Jacques Chirac, à ma droite, toutes ses lunettes et toutes ses dents. Francis Apesteguy, de l'agence Gamma, à ma gauche, sexy, drôle et fraîchement cynique.
Premier mouvement : la caméra indiscrète, où Chirac remporte un triomphe mérité (...) Caméra indiscrète : Depardon a saisi tout ce qui précède, suit, accompagne, en sous-texte, la représentation politique télévisée. Ce mouvement-là est drôle, fort, amer : la scène de passation des pouvoirs entre ministres des Armées, le départ (symbolique) de Giscard pour la Chine toutes ces scènes de la vie politique ont été enregistrées dans le moindre détail, conversations tenues imprudemment à portée du microcaméra, braguettes mal refermées, rots qu'on refrène pendant la Marseillaise, et autres démystifications, réduisant les politiques à l'homme dérisoire.
Lors de son débat à la télé avec Giscard, Mitterrand, vous vous en souvenez, avait exigé qu'on supprime les « plans de coupe », ces plans pendant lesquels la caméra s’attarde indiscrètement sur le candidat qui écoute son adversaire, détaille son front en sueur, ses mains fébriles, sa faiblesse dans ce moment de « repos » relatif. Le film de Depardon, pour cette partie, est l'ensemble des « plans de coupe » de la vie politique.
Marchais, par exemple, ne gagne rien à être filmé pendant que le comité central l’élit candidat à la présidence. Marchais, qui ne peut retenir son regard de glisser vers cette caméra indiscrète qui le filme hors discours, hors théâtre, hors représentation. Même Godard, le grand Godard que Depardon vénère, filmé lors d’une émission radio, si sincère à l’antenne, si prenant, si démystificateur, résiste mal à un de ces « plans de coupe » : celui où attendant de reprendre l'antenne, il écoute distraitement en compagnie de l’interviewer les sketches de publicité qui interrompent, hors studio, son discours.
Malheureusement, Depardon ne s'est pas arrêté à ce travail passionnant. Pour reprendre une formule d'Apesteguy dans le film, les gens sont friands de tout ce qui concerne les reporters, l’envers du décor, la caméra retournée, les dessous du jeu, les potins de l'office politique, les mythologies de la profession. Caméra retournée, au sens propre : Depardon, suivant cérémonies officielles ou conférences de presse, a pour les besoins de son film marché à reculons, braquant son objectif vers ceux qui braquaient le leur en direction de la scène, concierges, revêches, couloirs sordides et portes de service de l'Elysée (...) et surtout longues attentes devant les « planques » de vedettes plus ou moins célèbres. Ces longues attentes, le film nous les impose aussi, avec leurs mornes plaisanteries mille fois répétées, leur cynisme plat, ce bavardage à perte de vue qui forme la métaphysique du pararazzo (...) Quand le reporter plonge en lui-même, il ne découvre hélas que le vide, l'ennui, la tête creuse de ceux qui ont trop vu, trop vécu par procuration. Alors oui, ces reporters deviennent les damnés de l'image, ces journalistes se révèlent les serfs d'un monde sans imagination et sans coeur..."
"... Trois niveaux de regard structurent le film. Le premier s’applique aux photographes en tant que personnes. Le deuxième cerne tout l'en
"... Trois niveaux de regard structurent le film. Le premier s’applique aux photographes en tant que personnes. Le deuxième cerne tout l'entour du métier, les conditions de travail, le statut social. Le troisième dit la manipulation du photographié, sa faiblesse potientielle devant tout objectif.
Les imbriquant habilement, Depardon déroule cent cinq minutes de réalité prise sur le vif : les planques interminables pour piéger Caroline de Monaco ou Philippe de Gaulle, la course-poursuite quasi westernienne dans les rues de Paris aux trousses d’une star réticente, les rapports tendus avec le patron de l'agence, la sortie de l’Elysée par la porte de service après la traditionnelle photo du Conseil des ministres, la visite démago-électorale de Chirac dans le 7ème arrondissement...
A travers cette série de scènes, très fortes, très pertinentes, s’opère d'abord, en même temps qu’une information, une véritable désacralisation de la fonction. Ce qui ne va pas (nous en avons été témoins à Cannes) sans gêner certains photographes reprochant à Depardon de n’avoir montré qu’un aspect partiel et partial de leur métier. « Ce n’est pas un film que j’aime voir », concluait l’un d’eux. Ce à quoi le cinéaste répliquait qu’en bon photographe il avait saisi surtout ce qui s’offrait à lui, subi plus qu’organisé, sans jamais prétendre, de toute façon, brosser une fresque documentaire complète et exhaustive (...) Toujours en éveil, emmagasinant beaucoup de pellicule, à la fois cameraman et preneur de son, rapide, discret, capable d’être sur l’objet à filmer dans toutes les circonstances, sans se faire remarquer, Raymond Depardon finit par s’intégrer à la matière qu'il travaille.
Présent et absent à la fois, il la modèle (...) Du réel, il constitue une sorte de fiction de réel, une interprétation dont il extrait la signification qui l’intéresse. Apestéguy, photographe, a beau connaître l’effet caméra, il finit par se laisser prendre, à ne plus contrôler son image. Quant à Chirac, c’est plus simple encore. Il n’a même pas envisagé que des prises de vues éparpillées dans le temps pouvaient être réunies, coupées et montées entre elles. Résultant, il ne cache rien, et « sa » séquence constitue un grand morceau de satire politique, un retournement de son discours tout à fait jubilatoire.
Depardon filme des hommes et des femmes qui filment (avec beaucoup de tendresse, de sympathie et de connivence, il faut le souligner)... C’est le chasseur chassé ou, si l’on préfère, l’Arroseur arrosé du cinéma direct, comme Numéro zéro en était le Citizen Kane.
Bref, un sacré film."
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