Fils unique d'une mère peintre et d'un père passionné d'histoire, il développe durant sa jeunesse un intérêt particulier pour toutes les formes d'arts touchant à la culture chinoise tels que la calligraphie ou l'opéra chinois. Après des études à la National Art Institute de Pékin, il multiplie les emplois divers (animateur radio, rédacteur de livres bouddhistes...) avant de fuir le régime communiste en 1949.
C'est à Hong Kong que se feront ses premiers contacts avec le milieu du cinéma. Correcteur dans une imprimerie, il travaille ensuite dans le dessin publicitaire (plaquettes et affiches de films,...) avant d'être engagé par le studio mandarin Great Wall comme décorateur de plateaux, puis devient assistant et fait de la figuration dans quelques films pour la Yung Hwa (notamment sous la direction du réalisateur Yan Jun), où travaille également un certain Li Han-hsiang (Li Hanxiang). Ce dernier, de cinq ans son aîné, possède un passé artistique quasiment similaire à celui de King Hu. La collaboration et l'amitié des deux hommes n'en est que plus logique. Et lorsque Run Run Shaw fonde la Shaw Brothers en 1958 Li Han-hsiang (qui réalisa son premier film quelques années plus tôt pour la Shaw & Sons), n’hésite pas a recommander King Hu, alors engagé en tant qu'acteur et scénariste.
Cette année là, King Hu tourne (et chante) sous la direction de son ami dans le premier film en couleurs de Hong Kong, The Kingdom & The Beauty / Jiang Shan Ren (1958), un immense succès en Asie qui impose le huangmei diao (film historique et musical inspiré de l'opéra traditionnel chinois) comme le nouveau fer de lance des studios.
C'est avec ce genre flamboyant que King Hu fera ces débuts de scénariste - The Bride Napping / Hua Tian cuo (1962) -puis de réalisateur avec The Love Eterne / Liang Shanbo Yu Zhu Yingtai (1963), un film de Li Han-hsiang dont il réalise plusieurs scènes très identifiables.
La beauté du cadre, très picturale ainsi que la précision et la fluidité des mouvements de caméra préfigurent la mise en scène magistrale de L'Hirondelle d'or. King Hu tient également un rôle dans ce film au succès fracassant - en particulier à Taiwan où certaines personnes iront le voir plus de 100 fois - inspiré d'une célèbre histoire d'amour adaptée à l'écran de nombreuses fois.
Il enchaîne en écrivant, interprétant et réalisant The Story of Sue San / Yu Tang Chun (1964), un autre huangmei diao supervisé par Li Hamsiang, une fois de plus très apprécié de la critique et du public, qui conte la romance entre une courtisane et un fils de ministre impérial.
Ayant fait ses preuves auprès de Run Run Shaw, ce dernier lui commande deux projets. Le premier, Sons of the Good Earth / Da Di Er Nu (1965) est un film de guerre se déroulant en Chine qui rencontre de sérieux problème avec la censure en Malaisie et à Singapour où le film fût un échec (les exploitants, peu emballés par le discours anti-japonais du film, exigèrent de sévères coupes). Devant désormais éviter les sujets politiques, King Hu est contraint d'abandonner Ting Yee-Chan, son nouveau projet au contexte similaire. Son film suivant sera un wu xia pian, Dragon Gate Inn - L'Auberge du Dragon (1966) avant la consécration de A Touch of Zen (1971), primé à Cannes. Suivent ses films les plus admirés en Occident : L'Auberge du Printemps/The Fate of Lee Khan (1974) et Raining in the Mountain (1979).
La fin de carrière de King Hu est chaotique. Il retrouve à Taiwan, en 1983, son actrice fétiche de
L'Hirondelle d'or, Cheng Pei Pei avec qui il tourne
All the King's Men, une intrigue de palais qui n’a rien a voir avec les arts martiaux, où l'auteur s’implique, a tous les niveaux (réalisation, direction artistique, costumes, etc...). Le film est un succès critique, mais un échec commercial. Son retour au wu xia pian en 1992 avec
Painted Skinne fera pas plus recette.
King Hu meurt en 1997 alors qu’il tentait de monter un projet ambitieux sur l'histoire des immigrants chinois qui ont construit le chemin de fer du Pacifique au Etats-Unis.
Malgré une filmographie peu fournie par rapport à ses collègues de la Shaw 'Brothers, King Hu reste néanmoins LE réalisateur phare du wu xia pian auquel les nouvelles générations de metteurs en scène (de Tsui Hark à Ang Lee) n'ont pas fini de rendre hommage.