Vincent Lannoo: " Ce film n'a pas été fait contre la religion catholique ou même l’Église ..."
Récompensé par plusieurs prix, Au nom du fils de Vincent Lanoo relate l'histoire d'une femme qui a consacré sa vie1
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Lorsque son fils se suicide après avoir avoué son amour pour un prêtre, une mère décide de le venger en s'en prenant aux membres du clergé pédophiles.
Elisabeth, catholique convaincue, recueille chez elle, à la demande du diocèse, le Père Achille qui fait bientôt partie de "la famille". Sa vie tourne au cauchemar lorsque son mari meurt d’un accident de chasse particulier et qu'elle découvre que son fils de 14 ans est victime du prêtre. Adoptant soudain la loi du Talion, elle se lance dans une folle croisade vengeresse.
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Film polémique qui provoque l’ire des plus intégristes de nos croyants, Au nom du fils peine à trouver des salles sur la capitale, dans le s
Film polémique qui provoque l’ire des plus intégristes de nos croyants, Au nom du fils peine à trouver des salles sur la capitale, dans le souvenir de l’attentat contre un cinéma du Quartier Latin qui avait programméLa Dernière Tentation du Christ. C’était en 1988. Depuis le ton s’est radicalisé des deux côtés et l’on s’autorise le droit de se sentir consterné par les provocations des deux camps qui laissent incrédules.
L’argument : Elisabeth est une catholique convaincue. Mère de famille et épouse aimante, elle met sa foi au service des autres en animant sur Radio espoir chrétien une émission de dialogue pour auditeurs en perte de repères. A la demande du diocèse, elle accueille chez elle le Père Achille qui fera dorénavant partie de la famille.Ce qu’elle croit être une vie idyllique va très vite tourner au cauchemar. Son mari meurt d’un accident de chasse lors d’un exercice d’entrainement d’un genre assez particulier et elle découvre que son fils de 14 ans est victime du Père Achille.Confrontée de plein fouet à la réalité de la vie mais surtout au silence et au déni de l’Eglise, elle perd tout sens de la charité chrétienne. Adoptant la loi du Talion, oeil pour oeil, dent pour dent, elle se lance dans une folle croisade vengeresse.
Notre avis : On aime bien Vincent Lannoo et ses faux documentaires. L’irascible Strass et ses boutades colériques, plaçant au centre de son film un prof d’art dramatique odieux et tyrannique, était politiquement incorrect, d’une incorrection belge propre à l’après C’est arrivé près de chez vous. Vampires, toujours de Lannoo, enfonçait le pieu de la critique sociale, sous un postulat fantastique loufoque, qui allait conduire des journalistes à suivre une famille de Dracula dans le cadre d’une émission de téléreportage de deuxième partie de soirée bien grave. On était séduit par le décalage des idées et le postulat anarchique de cette micro entreprise.Avec Au nom du fils, on s’offusquerait presque du résultat. Non de la charge anti-catho intégriste voulue par l’auteur, l’idée peut s’avérer jouissive par moment, tant les dérapages pieux peuvent se montrer envahissants sur la scène médiatique et dans la rue, mais plutôt par l’expédient outrancier dont Lannoo abuse, à savoir une hyperviolence radicale et malaisée, qui paraît totalement déplacée dans le contexte d’une comédie déjà verbalement fortement audacieuse.S’inspirant des scandales de pédophilie dissimulés par l’Eglise qui ont régulièrement éclaboussé la Belgique, l’auteur azimuté semble incapable de contenir sa critique et dégaine trop fort pour gagner en crédit et défendre une cause louable. On sent l’homme peu porté sur la religion en général, désireux d’en découdre avec l’irrationnel d’une foi humainement impossible à justifier (cf. les échanges intéressants entre l’héroïne, animatrice de débats pieux à la radio, avec certains auditeurs cartésiens et provocateurs). Il utilise alors l’arme du stéréotype "prout" bourgeois, pour mieux faire passer son message, signifiant que l’habit ne fait pas le moine, du moins pas le "bon" moine, puisqu’ici les hommes de foi sont des forcenés, fomentant des plans de défense violents contre la menace musulmane ou déblatérant des phrases inhumaines sur les suicidés homosexuels, ces "tantes"... De quoi en tout cas transformer la Marie-va-à-l’Eglise, jouée de façon dévote par la formidable Astrid Whettnall, en mère-vengeance, après le suicide de son rejeton à tendance homosexuelle dont un homme d’Eglise a profité...
Avec son image disgracieuse de reportage du terroir révélant la face cachée d’une province des petites mentalités, Au nom du fils abuse de sa liberté de ton, évitant la sacro-sainte subtilité ; l’on connaissait le cinéma de Vincent Lannoo, on ne l’attendait pas forcément dans la courtoisie, mais la dérive systématique vers une sur-utilisation de la violence, tend à rendre son discours aussi abject que celui de certaines grenouilles de bénitier qu’il dénonce dans son propre film.Sa protagoniste part en guerre avec des armes trash (tête fracassée de façon insoutenable...), ce qui semble plaire au public amateur de productions alternatives (Prix du Public à l’Absurde Séance ; Méliès d’Or au festival du film fantastique de Sitges). Cela renforce sûrement l’image de trublion anarchiste du réalisateur, mais diminue inéluctablement la portée de son humour qui tache, et s’avère aussi sectaire que les obsédés de la Bible qu’il décrit en train de ramper dans la boue des camps d’entraînement antiterroriste, une mitraillette à la main, à la façon des Jesus camp de l’extrême de nos amis d’outre-Atlantique.Bref, Au nom du fils fera probablement davantage parler de lui pour ses audaces outrancières que pour ses réelles qualités d’écriture, trop discrètes. D’ailleurs, les programmateurs parisiens ont tous refusé le film, à l’exception d’une salle UGC qui s’est rattachée au projet à la dernière minute, en raison des tensions avec les groupes ultra-conservateurs qui ne cessent de se renforcer sur le terrain médiatique. Bref, dans ce désordre satirique qui voue un culte à Hara Kiri, Fluide Glacial et Charlie Hebdo, c’est zéro pointé pour tout le monde.
Le silence tue « Je suis réalisateur et mon métier, c’est de faire des films. J’en ai un besoin viscéral ». Vincent Lannoo est un boulimiqu
Le silence tue
« Je suis réalisateur et mon métier, c’est de faire des films. J’en ai un besoin viscéral ». Vincent Lannoo est un boulimique d’images. Le dernier arrivé, sort le 3 avril en salles. Au nom du fils aborde frontalement le thème sensible de la pédophilie au sein de l’Eglise, et frappe fort. Prêtres pédophiles, milices paramilitaires d’extrême-droite à l’intégrisme haineux, rejet par un certain clergé de l’homosexualité considérée comme une maladie honteuse, hypocrisie à tous les étages d’une hiérarchie catholique plus familière de l’omerta que de la glasnost :on ne peut pas direque la maison catho en sort à son avantage. Le film traite au fond de questions graves et profondes, mais il est servi sur un ton résolument rentre-dedans, provocateur, aux antipodes du consensualisme frileux de notre époque. Faut-il s’en offusquer ou se réjouir au contraire du retour d’un genre aujourd’hui un peu oublié : le pamphlet?
Il fut un temps pas si lointain où, en Belgique, les cinéastes savaient s'y prendre pour étriller l'ordre établi. Parlez-en à Thierry Zeno, à Roland Lethem, à Noël Godin, à Philippe Simon : leur cinéma, ce n’était pas de la gnognotte. Puis, à part quelques notables exceptions plus ou moins réussies, le cinéma belge a peu à peu perdu cette verve féroce et polémique qui secouait la mesquinerie frileuse du « pays petit » cher à Claude Semal. On y évoque toujours, souvent très bien, les problèmes du monde, on s'y doit d'être vrai, on peut être mordant, mais de préférence sans un mot plus haut que l’autre. Il faut faire attention à ce que l’on dit, rester dans la nuance, cacher ses emportements, ne pas jurer, ne pas blasphémer, au risque de passer pour un hurluberlu.
Ce ton pamphlétaire perdu, on le retrouve avec un immense plaisir dans Au nom du fils. Iconoclaste assurément, excessif sans doute, le film de Vincent Lannoo, pourtant soigneusement écrit avec le Canadien Philippe Falardeau, ne s’embarrasse pas à peser son propos pour noyer la colère dans une nuance de bon ton. Il se lâche et tant pis pour les bien-pensants. "Faire ce film a répondu pour moi à un besoin", a expliqué sur scène Vincent Lannoo à son public, "celui de répondre au silence que je continuais à sentir : le silence de l’Eglise, le silence de la justice. Et comme toujours quand je suis indigné par quelque chose, j’essaye d’en faire un film". "Populiste" diront certains, "potache, provocateur pour le plaisir". Faites-vous votre opinion, mais au moins, personne ne pourra dire qu’il ronronne.
Ce drame sombre est aussi une satire charpentée de références. Etienne Chatilliez, bien sûr, dont on ne peut manquer d’évoquer les Le Quesnoy de La vie est un long fleuve tranquille, ou Tarantino (la quête vengeresse d’Elisabeth et notamment une scène - d’anthologie - de combat dans une église en réfection). Le film accumule les clins d’œil au cinéma de genre (le camp de guerre de la milice intégriste) et garde de ce fait une réjouissante bonne santé.
On passe lentement de l'observation d'une famille BCBG, catholique bien pensante et sûre de ses valeurs à la traque sanglante d'une femme meurtrie, déboussolée et trahie par ceux en qui elle avait mis toute sa foi. Le ton oscille entre l'ironie acerbe d'une comédie sociale et la parodie jubilatoire. On y voit la transformation d’une bourgeoise confite de certitudes en furie vengeresse à la Kill Bill. Déboussolée, trahie par ceux en qui elle avait mis toute sa foi, la dame d’œuvre se transforme en Black Mamba. On y sent la colère et le dégoût face à des comportements abjects dont l'impunité est couverte par le silence, et une question lancinante. On peut s’imaginer faire justice en traquant et tuant des monstres que d’autres laissent impunis, mais cette justice expéditive ne finit-elle pas par faire de nous des monstres aussi terribles que ceux que nous traquons ? Et le "pardon" est-il oubli et remise des fautes, ou plus prosaïquement, la nécessité d’arrêter cette spirale de vengeance pour que la vie puisse continuer ? Des questions que la fin inattendue du film laisse ouvertes.
Si le travail cinématographique est relativement classique, variant les plans et le rythme du montage en fonction de la tension et du message émotionnel à faire passer, on apprécie le côté jouissif et référence de la mise en images. De plus Au nom du fils est superbement interprété, et la mise en scène est excellente. Astrid Whettnall, toujours juste, réalise un délicat exercice entre le drame et le second degré.
Philippe Nahon est délicieux en chanoine patelin aux colères solidement burnées, Zacharie Chasseriaud, que l’on voit décidément beaucoup en Belgique pour l’instant confirme dans un style introverti toutes les promesses qu’il laisse apparaître depuis Les Géants, et Achille Ridolfi dans le rôle difficile du prêtre abuseur, restitue au personnage toute son humanité.
Dans le genre poil à gratter, Au nom du filsfera certainement couler beaucoup d’encre et de salive. Se trouvera-t-il un distributeur courageux pour l’amener sur les écrans au risque de s’attirer les foudres de foules bien pensantes ? Les paris sont ouverts. Nous, en tous cas, on est pour !
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