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Patron d'une boîte de strip-tease, Cosmo Vitelli est un homme heureux. Mais pour régler une dette auprès de la Mafia, il devra assassiner un bookmaker chinois.
Patron d'une boîte de strip-tease de Los Angeles, Cosmo Vitelli est un homme heureux. Il aime son métier, les filles avec qui il travaille, et il vient de finir de payer ses dernière traites. Mais il contracte une nouvelle dette au jeu auprès de la Mafia et pour s'en acquitter Cosmo devra assassiner... Sorti d'abord sous le titre "Le Bal des Vauriens", ce Cassavetes versant film noir connut la consécration lors de sa reprise avec son titre d'origine. Interprété par son acteur fétiche, Ben Gazzara, il est comme le prélude masculin à son "Gloria" avec son épouse et muse, Gena Rowlands.
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" C’est souvent la lutte qui préside à la construction d’une œuvre de John Cassavetes. L’existence d’un film hors système se gagne au force
" C’est souvent la lutte qui préside à la construction d’une œuvre de John Cassavetes. L’existence d’un film hors système se gagne au forceps : même si le succès d’Une femme sous influence procure au tournage de Meurtre d’un bookmaker chinois un relatif confort, il n’est qu’une oasis passagère dans la trajectoire hors cadre du cinéaste. Comment ne pas voir alors dans ce récit d’un directeur de cabaret, survivant seul contre tous, une allégorie de la condition de créateur dans la jungle du cinéma ? Il y a bien sûr de cela dans le personnage de Cosmo Vitelli. Mais il y a, au delà d’une représentation de l’artiste – au sens de l’homme de scène, l’homme d’image, l’homme que l’on regarde –, une cartographie de l’homme seul. Cosmo Vitelli est une ombre mouvante : un personnage tout à fait melvillien, qui glisse de place en place dans un monde volontiers nocturne où sa trace est toujours perdue. Il est presque le seul être doué de mouvement : tels les points de chute du héros d’un banal polar, les lieux qu’il visite sont des chambres invariables, où il est toujours la même heure, où l’on retrouve toujours les mêmes visages.
L’espace, dans Meurtre d’un bookmaker chinois, est labyrinthique. Cassavetes place ses scènes dans des lieux repliés, favorables à l’entropie : l’enfermement infini des miroirs de la loge, et son architecture détruite par les amas de costumes, l’infini, encore une fois, d’un parking souterrain qui se prolonge démesurément dans une forêt de pylônes, ou encore l’abondance oppressante de voix et de visages à l’intérieur d’une voiture de la mafia, comme des démons spectraux. La clé, c’est la désorientation. En plus de ces structures spatiales démesurément répétitives, les volumes, eux aussi, se désordonnent en une avalanche d’étages, de caves, d’escaliers, d’antichambres, que ce soit au cabaret ou encore dans la villa du bookmaker. Le seul qui ne se morcelle pas et reste discipliné, c’est le temps, qui s’écoule lentement sur les lieux, dans de longs et tragiques silences – voir la scène de l’assassinat. Si cette composition oppressante de l’espace nous semble si marquée, c’est peut-être du à une position assez inédite de la caméra dans le dispositif de Cassavetes : elle n’est plus seulement un témoin invisible, obéissant aux acteurs et à l’aléatoire de leur jeu. Elle devient intrusive, un véritable espion. Meurtre d’un bookmaker chinois est filmé de loin, par le trou de la serrure. On y a toujours ce sentiment voyeuriste, ce fantasme de paparazzi. Le point de vue prend une teinte coupable. Vus de si loin, les espaces sont souvent tranchés par un élément de premier plan, certains visages sont camouflés. Le champ est réduit à l’état d’une trace : on voit ce que notre position inconfortable a bien pu enregistrer, on "fait avec". Comme des petites perles documentaires, des coups de chance, la caméra saisit parfois l’expression bouleversante d’un visage ; ce n’est pas forcément celui de Cosmo Vitelli, c’est parfois celui d’une de ses "divines", et l’émotion qui transparaît a le goût de l’unique. Elle est saisie, volée.
De la musicalité de cette partition émerge le portrait de "l’homme de scène" dans toute sa puissance tragique. Il n’existe que pour sauver les apparences. En filigrane, Cassavetes travaille volontiers sur la théâtralité de la vie, notamment dans les divagations de Vitelli sur la fin du film : choisis un personnage, et joue-le, c’est le plus important. Une balle dans l’abdomen, ce n’est rien, car à ce jeu-là il n’y a pas le temps de s’arrêter ; ainsi presse-t-il vite ses danseuses inquiètes de ne pas se faire de mouron et de reprendre le spectacle."
" Ce scénario, Cassavetes le tient pour une nécessité, une corvée à expédier et qu'on n'en parle plus. Lui, il préfère regarder à côté. D'o
" Ce scénario, Cassavetes le tient pour une nécessité, une corvée à expédier et qu'on n'en parle plus. Lui, il préfère regarder à côté. D'où l'impression de flottement, d'attente et de mystère qui se dégage du film. Il y a là un côté pointilliste. Cassavetes pose sur l'écran des taches de couleurs, des émotions furtives, des intuitions fulgurantes, des émotions qui bouleversent, et il préserve beaucoup de silence autour. II cadre de très près ses acteurs. Il les isole. II leur extirpe des expressions de peur, des sourires, il surprend sur leurs visages les glissements de l'incertitude à la tendresse, de l'attente à la décision. Et le monde, autour d'eux, fait le vide. Réduit à une absence énigmatique et parfois effrayante.
D'évidence, il y a là un jeu. Entre les conventions du policier et le style fureteur de la caméra. Comme si Cassavetes épiait les protagonistes un peu paumés d'un quelconque cinéma-vérité à travers les archétypes exténués d'un genre narratif. C'est bizarre et troublant. A la façon d'une valse-hésitation, d'une valse triste entre une réalité qui se dérobe et des personnages à la dérive qui tournoient, surgissent, émeuvent et retournent aussi vite à leur mystère — ou à leur inexistence."
" Meurtre d'un bookmaker chinois est un film assez formidable. De film porno il devient film policier, mais c'est dans les charnières, dans
" Meurtre d'un bookmaker chinois est un film assez formidable. De film porno il devient film policier, mais c'est dans les charnières, dans les passages à vide, apparemment inefficaces, où on ne sait plus très bien ce qu'est le film, qu'il est le plus impressionnant. (...)
Il [le cinéaste] a confiance ; son scénario est en béton, si bétonné même qu'il y creuse des brèches, des tunnels, qu'il le défie, qu'il le distend, qu'il a presque par moments envie de le rendre inutilisable, puisque quelque chose d'autre est en train de se passer. II a dans son objectif des trognes incroyables, forcément fausses tant elles sont vraies, et ies voix les plus inouies sont prises sur la bande-son. (...)
John Cassavetes se débarrasse des morceaux de bravoure (poursuite en voiture, règlement de compte dans un parking souterrain), il les suspend presque hors du film dans leur irréalité, magie pure du cinéma qui se détache d'elle-même, en s'allongeant dans le temps, de la narration globale. (...)
On allait oublier le principal : Ben Gazzara est un acteur grandiose, et Meurtre d'un bookmaker chinois est aussi un festival de grand art de jeu."
" John Cassavetes ne s'introduit pas dans l'univers « film noir » en suivant le rituel observé par les maîtres du genre. Il y entre en suiv
" John Cassavetes ne s'introduit pas dans l'univers « film noir » en suivant le rituel observé par les maîtres du genre. Il y entre en suivant son humeur, qui lui dicte le choix d’une caméra prodigieusement mobile, portée à hauteur de regard, un regard à l'affût de tout, scruteur de coins sombres, truqueur de visages. (...)
Il en résulte un film passionnant de bout en bout. Ceux qui ont vu Faces, Husbands et, surtout, l’admirable Une femme sous influence n’en douteront pas une seconde. (...)
Une fois sorti de là, il est difficile de ne pas se dire qu’on a vu un beau film sur la tyrannie du spectacle, la nécessité cruelle de tenir jusqu'au bout lorsqu'on a choisi de « jouer » sa vie, d'être un théâtre pour soi-même et pour les autres, un beau film sur la mort des rêveurs, des adolescents éternels. Un beau film, sur un fait divers photographié de si près et avec une pellicule si sensible qu'il en devient un véritable drame de l'élégance morale."
" Plus une ballade qu’un bal. Presque envie d’appeler ce film le premier film musical de John Cassavetes. Avec sa manière d’accrocher aux v
" Plus une ballade qu’un bal. Presque envie d’appeler ce film le premier film musical de John Cassavetes. Avec sa manière d’accrocher aux visages, de sous-tendre le film de morceaux musicaux et de chansons, de monter son film plus comme un thème de jazz que comme une histoire qu’on raconte, de vous donner à sentir plus qu’il n’en montre. Et tant pis si la caméra tremble un peu, parfois, certaines résonances en vous naissent d’un vibrato ou d’une chambre d’écho. Le cinéma de Cassavetes est un cinéma qui ne se raconte pas mais se ressent.
(...) Car l’approche de Cassavetes est totalement humaine. Affective, physique, directe, humaine. Il vous donne à ressentir un vertige, un sentiment. Cinéma de comportement, sans doute, et c’est cela qui l’intéresse et c’est cela qui vous retient. Lorsque la petite amie (noire) de Ben Gazzara arrive dans le night-club alors qu’il fait passer une audition à une jeune greluche, il ne vous montre pas la bagarre entre les deux femmes, mais le fracas de la gifle (étonnante bande-son, particulièrement élaborée), par deux très gros plans, rapides, de poitrines, comme si la caméra n’avait pas eu le temps de se placer (dans n’importe quelle académie de cinéma on vous donnerait un zéro pointé, comme quoi...), tant le geste a été vif, tant le sentiment est violent, vous donne à sentir le vertige de la jalousie. Et c’est le vertige de la jalousie qui est important dans ces trois plans, non pas le : et la danseuse noire gifla la débutante.
C’est de cette manière oblique que, constamment, John Cassavetes vous fait littéralement faire la connaissance de véritables personnes, de véritables êtres humains derrière ces corps splendides.
(…) Et Ben Gazzara, étonnant, constamment surprenant, un bâton de dynamite au sourire d’enfant. Geste d’enfant, s’essuyer la main ensanglantée au côté de sa veste comme un gosse qui s’est sali les mains et ne va pas se les laver ; geste d’enfant, et sourire étincelant d’innocence et d’humour farceur et tendre, que d’aller en voiture chercher ses trois « filles », en leur apportant à chacune une orchidée dont la couleur s’harmonise avec leur robe. Une force, une puissance érotique, et une courtoisie de voyou. Presque surréaliste. Un comédien superbe.
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