" Lenny Abrahamson aime visiblement faire exister les personnages sans grade aux marges de la société. Après l’errance dublinoise d’Adam & Paul, deux toxicomanes, Garage s’aventure dans l’Ouest irlandais (...) Le personnage est littéralement scotché à un centre de gravité : le garage. Ce non-rapport à l’ailleurs est aussi souligné ironiquement par le fait qu’il est toujours coiffé de sa casquette « Australia ». Dans ses promenades, plaisir simple qu’il affectionne, nez au vent, il prend toujours un chemin de traverse qui lui permet de rendre visite à un cheval.
La ruralité, un simplet et un acteur prodigieux (Pat Shortt, très célèbre en Irlande notamment pour ses one-man-shows), il y avait là la place pour une comédie pleine de dérision sur les ploucs irlandais ou un propos moralisant (du genre « la différence, c’est notre richesse à tous ! »), mais Lenny Abrahamson évite ces périlleux travers avec soin, c’est bien heureux, pour s’engager dans un minimalisme doux-amer.
Garage épouse dans une forme très dépouillée son personnage (...) De manière très linéaire, le film avance à son rythme, c’est-à-dire avec patience, par petites touches en alternant blocs temporels étirés et ellipses, aussi bien dans la drôlerie, subtilement présente, que dans le tragique, vers lequel Garage se dirige."
Arnaud Hée