Boxer le cinéma
Après la découverte enthousiasmante de ses premiers films et la confirmation de son importance de cinéaste avec De1
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Andrzej, ancien boxeur et polytechnicien, croise une femme qui l’a jadis trahi. Elle l’invite, il la suit. Le même jour on lui propose un nouveau combat de boxe
Andrzej, un jeune homme sans attaches, ancien boxeur et polytechnicien, retrouve par hasard une femme qui l’a jadis trahi. Elle l’invite à l’accompagner dans sa journée et il en tombe amoureux. Mais il se laisse convaincre par une vieille connaissance de participer à un nouveau combat de boxe.
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" ... nous avions fait la connaissance de cet étrange Polonais : le nez, les muselles et la démarche d’un boxeur, mais le regard et les « p
" ... nous avions fait la connaissance de cet étrange Polonais : le nez, les muselles et la démarche d’un boxeur, mais le regard et les « problèmes » d’un intellectuel qui se sent étranger au monde, qui n’a ni la possibilité ni même la volonté de s’intégrer aux rouages d'une société organisée fût-elle socialiste. Auteur et réalisateur de Signes particuliers néant (Rysopis) qu’iil réalisa par morceaux durant ses années d’études à l’Institut de cinéma de Lodz, Jerzy Skolimowski en était aussi l'interprète et un interprète d’une « présence » étonnante. On le retrouve dans Walkover : la même silhouette, les mêmes regards, les mêmes hésitations, le même personnage ou peu s’en faut.
L’étudiant sursitaire de Rysopis a quelques années de plus, mais il est toujours mystérieux, indécis, nonchalant, indifférent aux hommes et aux choses, avec de brefs moments de passion et de violence soucieux avant tout de lui-même, refusant obstinément de prendre place dans l’engrenage des structures sociales, combinard au besoin autant par goût que par nécessité, enfin et surtout épris de liberté. Un être asocial en somme, inadapté aux yeux de la société, en marge en tout cas. Quelque chose comme un anarchiste d’instinct — car ce n’est pas au niveau de l’intelligence et de la réflexion mais à celui de la sensibilité que se situe sa « rébellion ». Il est difficile de déméler l'écheveau des vingt-quatre heures qu’il est amené à vivre (...) Nous sommes les témoins de divers incidents de rencontres — et même d’un quiproquo —, mais leur succession n’a guère d'importance sur le plan du récit. Comme dans Rysopis, c’est un homme ballotté que nous avons devant nous; le film zigzague lui aussi. Les faits restent parfois assez confus, mais le personnage ne l’est pas moins. Si ces incidents et ces rencontres finissent par composer un faisceau, c’est par relation avec ce personnage — qu’ils éclairent — non en raison des liens qui seraient susceptibles de les réunir. « Mon film vise à rendre compte du paysage mental de mon héros » déclarait Skolimowski aux Cahiers du cinéma, à Cannes, en 1965, où Walkover fut présenté pour la première fois.
Pourtant quelques lignes de force se dégagent. Il est évident que, dans la vie de cet homme d’où semblent exclues toutes les « valeurs », ce sont les valeurs sociales traditionnelles qui, en fait, sont niées. Skolimowski oppose à son héros, assez schématiquement d’ailleurs, il faut le reconnaître — des ingénieurs, des « cadres » soucieux de productivité, de rationalisation, d’efficacité, soucieux aussi de titres, de hiérarchie... et de confort matériel C’est dans cet engrenage que celui-ci refuse de tomber, c'est pour l’éviter que tous ses comportements sont des comportements de fuite. Tous ou presque.
Car le héros de Walkover est aussi à sa manière — mais cette manière n’est pas « reconnue » par la société — un homme attaché à sa dignité, un homme courageux, capable d’accepter la lutte quand cette lutte lui conviant. Le film nous apprend d’ailleurs qu’il fut renvoyé de l’université à l’époque du stalinisme. Ses refus, ses fuites même ne pourraient être après tout qu’une forme de lutte. Comme la boxe qui a été sa passion (et celle de l’auteur), et peut-être est-ce chez lui une forme d’engagement que d’accepter d’être désengagé et de rejeter « l’engrenage ».
Au bout de cela, il y a comme un désespoir profond quoique jamais manifeste et une totale solitude morale. Dans ce fiilm qui refuse toute sentimentalité, l'émotion « passe » devant cet homme seul, inquiet, presque traqué. Non que Skolimowski ait cherché à attirer la sympathie sur son héros — au contraire, ill n'hésite pas à révéler ce qu’il peut y avoir de médiocre en lui — mais parce que, dans le « paysage mental » qui est le sien, il n’y a pas que du désordre, de la confusion et de l’indécision. Durant les années staliniennes qu’a vécues la Pologne — dit-on quelque part dans le film — on aurait réglé le cas d’un homme de ce genre en l’affublant de l’étiquette « voyou ».
Or, cela n’est plus possible aujourd'hui. Skolimowski va plus loin encore; confrontant son héros avec cellle qui fut sa condisciplle à l'université où elle eut une attitude opposée à la sienne, il suggère en quelque sorte la question : la vérité est-elle dans celle-ci, aujourd'hui comme hier parfaitement « intégrée » et parfaitement soumise et passive, ou dans celui-là, l’associal, l'inadapté ? Des questions, le film ne cesse d'en poser. Questions d'ordre moral, d’ordre politique.
Jamais directement formulées, mais toujours esquissées en filigrane des personnages et de leur comportement. Les très longues séquences qui composent Walkover (à la différence de Rysopis qui était fait de brefs « moments » ajoutés les uns aux autres fournissent de larges fragments de réalité qui, ainsi « donnés » synthétiquement, échappent à toute investigation limitée et ramènent constamment à la complexité d’une conduite et d’une motivation.
Skolinowski ne fait rien pour éclaircir cette réalité. Comme beaucoup de cinéastes modernes, il se refuse à expliquer, à justifier, et il attend du spectateur une réflexion, une participation au niveau du choix et du jugement..."
" (...) Cette conscience dégagée en marche qui traîne à peine ses regards, ces deux jours d’un jeune boxeur traversés par le biais, ces écl
" (...) Cette conscience dégagée en marche qui traîne à peine ses regards, ces deux jours d’un jeune boxeur traversés par le biais, ces éclairs d’absence, ces pauses de présence, ce faufilement d’un solitaire entre des hommes qui l’encouragent en même temps qu’ils le condamnent, ces interrogations à contre-jour qui prennent tout à coup leurs distances et se retrouvent dans le soleil, ces inconnus croisés dans toute leur charge d’âme, ces mouvements regrettés, ces tréfonds aussitôt compris, toutes ces sentinelles perdues que l’on ramène et que l’on sauve par humanité machinale, et tout cela vécu froidement, avec la désinvolture d’une désillusion courageuse, voilà qu’enfin ces représentations toujours filantes d’une conscience constituent dans notre souvenir, ou plutôt dans notre " passé ", un paysage à la fois intérieur et extérieur, un constat ; un constat de confiance.
Car cette patrie socialiste que Jerzy Skolimowski paraît sans cesse contester, elle est le lieu et le ferment de l’un des plus beaux films qui nous soit donnés aujourd’hui. C’est sur le terrain déblayé de cette patrie que Skolimowski peut prendre son élan, et découvrir sa vraie distance. L’alliance de cœur gros et de liberté qui font le prix de Walkover n’est pas imaginable chez nous. Il semble bien que Skolimowski, à l’écart du naturalisme comme de l’irréalité, ait inventé, dans la prise de conscience directe et naturelle d’un monde en train de se faire, un cinéma nouveau. "
" Walkover est le deuxième long métrage de Skolimowski. il y interprète le rôle principal, celui d’un étudiant désœuvré qui a raté son dipl
" Walkover est le deuxième long métrage de Skolimowski. il y interprète le rôle principal, celui d’un étudiant désœuvré qui a raté son diplôme d’ingénieur et qui erre dans des paysages industriels incertains, jamais à sa place dans une Pologne en voie de modernisation. Rencontres pittoresques, humour grinçant, jeunes femmes agaçantes, mais surtout inventivité permanente de la mise en scène. Skolimowski, sans doute sous influence godardienne, comme beaucoup d’autres à l’époque, bouscule la syntaxe cinématographique, les bonnes manières et les habitudes.
Le film débute par une image gelée, puis le regard caméra d’une jeune femme en gros plan, quelques secondes avant qu’elle ne se jette sous un train arrivant en gare. C’est de ce même train que va descendre le " héros " de Walkover, trentenaire qui va accepter par dépit de participer à un tournoi de boxe amateur. Lui aussi regardera régulièrement la caméra dans des plans fixes où il semble jauger le spectateur, lui imposer des plans-miroirs où se reflète une image inconfortable de la condition d’homme, entre rébellion et désillusion, parfaitement intemporelle malgré l'ancrage historique du film dans la post-nouvelle vague européenne.
Skolimowski est un cinéaste de l’énergie, mais d’une énergie vaine. Il s’agit plutôt de dépense. Son personnage est sans cesse en mouvement, mais il fait du surplace, marche à reculons ou revient en arrière (le plan, à la fois allégorique et d’une impressionnante vigueur physique, où le cinéaste saute d’un train en marche pour rejoindre le lieu qu’il venait de quitter), prisonnier de la société, incapable d’échapper à un présent stérile et à un futur guère excitant. Athlétique, il doit sa victoire sur le ring non pas à sa force mais à un gag humiliant qui donne sa signification au film : le " walkover " du titre, qui désigne dans le vocabulaire de la boxe une victoire par abandon ... "
" (...) Il est difficile d'aller plus loin que l'auteur dans sen refus de la dramatisation classique. La liberté du récit est totale, le fi
" (...) Il est difficile d'aller plus loin que l'auteur dans sen refus de la dramatisation classique. La liberté du récit est totale, le film se présentant comme un enchaînement (assez obscur au début, mais la clarté vient très vite) de faits saisis sur le vif, de digressions, de parenthèses, de tour et de détours, dont la disparité apparente nous ramène inlassablement à la pensée la plus intime, à la vision du monde, de l'homme qui vit devant nous.
Cet homme, qui est-il ? Un solitaire, un individualiste, à la recherche de lui-même, de sa morale et de sa vérité dans la société qui l'entoure. Société qu'il affronte, qu'il juge, mais qu'il ne condamne pas, société qui le " dérange " tout au plus, comme le dérangerait sans doute n'importe quelle autre société, et à laquelle il sait bien qu'il lui faudra, un jour, d'une manière ou d'une autre, s'intégrer. Si le film à chaque image est remis en question, c'est qu'à chaque instant tout est remis en question dans la conscience de Skolimowski.
Cinéma du comportement, cinéma du doute, cinéma de l'intelligence " en marche ". On pense à Godard naturellement, mais à un Godard moins cartésien, moins raisonneur que le nôtre. Et la personnalité de Skolimowski supporte toutes les comparaisons (...). "
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