Bela Tarr : "Même un cendrier est passionnant..."
La durée d'un film, la musique, le public... Quelques questions au cinéaste hongrois et tout l'art, unique, de sa1
Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
À Turin, en 1889, Nietzsche enlaça en larmes un cheval d'attelage épuisé puis perdit la raison. Voici l'histoire d'un fermier, de sa fille et du vieux cheval.
Le 3 janvier 1889. Turin. Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche s'oppose au comportement brutal d'un cocher flagellant son cheval qui refuse d'avancer. Nietzsche sanglote et enlace l'animal. Puis son logeur le reconduit à son domicile. Le philosophe y demeure prostré durant deux jours, avant de sombrer, au cours des onze dernières années de son existence, dans une crise de démence. Tel est le prologue initial du film qui s'attache, ensuite, à décrire minutieusement la vie du cocher, celle de sa fille et, enfin, celle du cheval...
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" Commençons par la Marche du cheval, livre indispensable à qui s’intéresse au processus de créatio
" Commençons par la Marche du cheval, livre indispensable à qui s’intéresse au processus de création, que Victor Chklovski publia en 1923 en URSS (traduction française : Champ libre, 1973). Dans cet essai, c’est du cheval, ou cavalier, pièce du jeu d’échecs, qu’il s’agit. Et Chklovski, dans sa préface, accompagnant sa définition d’une image d’échiquier, où cette marche trace de curieux zigzags, précise que ce cheval « se déplace de flanc ». Il poursuit : « Il y a beaucoup de raisons à l’étrangeté de la marche du cheval, et la première est la convention de l’art… J’écris sur la convention de l’art. La seconde raison est que le cheval n’est pas libre : il procède en diagonale parce que le chemin direct lui est barré. » (...)
Les cinq films que réalisa Béla Tarr du temps de la Hongrie socialiste, du Nid familial (1979) à Damnation (1988), sont bien des zigzags défiant la censure, correspondant aux zigzags évoqués par l’écrivain russe. Bien des réalisateurs de films hongrois de cette période, en effet, adoptèrent, pour critiquer les frustration du cheval. C’était des films d’un réalisme sombre. Béla Tarr fut de cette école, mais ne s’en contenta pas : c’est dans son écriture même, la « convention de l’art » de Chklovski, qu’il exprima ces frustrations.
Dès le Nid familial, sa caméra, littéralement, se heurte aux murs de l’étroit logement où deux générations doivent cohabiter. L’étouffement n’est pas seulement dit : on souffre du manque d’air dans ce deux pièces où les plantes vertes le mangent. Et la désolation d’une vie sans perspectives peut, dans Damnation, se lire aussi bien dans le sujet même, vie sans espoir d’un homme livré à de louches trafics, que dans le crépi craquelé d’un mur de briques éraillées ou la tristesse d’une chanson dans un bar glauque. Un an après, la Hongrie « passait à l’Ouest ». C’est bien parce que le cinéaste avait un tel souci de la « convention de l’art » qu’il put, avec Satantango (1990-1994), dépasser l’anecdote du partage des biens d’une coopérative, parler du passage d’un monde à l’autre. Pas vraiment la joie. Et il y eut ses trois films postérieurs, jusqu’à ce Cheval de Turin, après lequel toutes les portes étaient appelées à se fermer (...)
Aussi ne peut-on assez insister pour que soient vus le maximum de films. Et d’abord au moins un ou deux des cinq premiers, rarement ou pas du tout vus en France en leur temps, et ce roman-fleuve de notre temps (435 minutes) qu’est Satantango..."
"Derrière la rhétorique visuelle, la virtuosité des plans et l’assurance majestueuse des mouvements de caméra se cache la sensibi
"Derrière la rhétorique visuelle, la virtuosité des plans et l’assurance majestueuse des mouvements de caméra se cache la sensibilité d’un auteur fracassé par les déboires financiers rencontrés pour L’Homme de Londres (2008). On retrouve dans ce dernier souffle les thématiques angoissées du réalisateur (bestialité, cupidité), ses symboles (le cheval remplaçant la baleine des Harmonies Werckmeister, 2003) et la bande-son de son fidèle compositeur. Ce cinéma-là ne peut plus fanfaronner, il va à l’essentiel : moins de densité pour plus de radicalité. Face à ce monument qu’est Le Cheval de Turin, la production cinématographique actuelle ne semble proposer que de la verroterie."
Thomas AgnelliCiné Phil au sujet de
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE