Rodney Ascher : "Quand j'étais petit, je suis sorti en courant d'une salle qui passait Shining"
Rodney Ascher, obsédé par Shining, raconte comment la réalisation de Room 237 lui a permis de prolonger l'en1
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Une exploration des multiples théories élaborées autour de la véritable signification du film "Shining" de Stanley Kubrick.
En 1980, Stanley Kubrick signe "Shining", qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de "Shining". "Room 237" mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. "Room 237" ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.
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" Room 237 prouve que l’on peut être littéralement fou de cinéma. En écoutant des fans obsessionnels d
" Room 237 prouve que l’on peut être littéralement fou de cinéma. En écoutant des fans obsessionnels de Shining décortiquer le sens du film à la lumière de leur manie de l’interprétation, on finit soi-même par douter de sa raison. Métaphore de l’Holocauste, allégorie du génocide des Indiens, preuve du bidonnage de la mission Apollo... De paranoïa conspirationniste en minutieux décryptage filmique, l’éloquence se mêle au délire, faisant de Room 237 un petit précis de symbolisme kubrickien, doublé d’une réflexion sur l’impact « psychoculturel » d’un film culte. Illustré par un élégant montage d’extraits, ce jeu de piste parcourt la topographie mentale de l’hôtel Overlook et nous invite à chercher dans les images les indices d’un sens caché. Dans cet empire des signes, le plaisir fétichiste se double du vertige de ne jamais savoir avec certitude ce qui, chez Kubrick, relève de la volonté ou de l’inconscient. Psychanalyse sauvage d’un film-cerveau, Room 237 donne envie de revoir Shining. À l’infini. "
Laura Meyer" Sorti en 1980, le film avait reçu un accueil critique et public plutôt frisquet, et nombreux étaient ceux q
" Sorti en 1980, le film avait reçu un accueil critique et public plutôt frisquet, et nombreux étaient ceux qui jugeaient le maître en perte de vitesse. Or, depuis trente ans, l’œuvre s’est non seulement imposée comme la plus populaire du réalisateur mais, surtout, elle a acquis un statut d’objet de fascination qui tourmente l’esprit des plus acharnés.
Le propos de Room 237 consiste justement à piquer une tête dans l’océan de littérature que le film de Kubrick n’a cessé de produire depuis sa sortie (...) Car, évidemment, le grand Kubrick ne pouvait pas s’intéresser à une banale histoire d’épouvante d’une petite famille dysfonctionnelle qui part en vrille. Il y avait forcément «autre chose derrière», mais quoi ? Rodney Ascher a choisi cinq témoins de cet engouement perpétuel. Musicien, universitaire, professeur, ésotériste ou romancier, ses intervenants viennent d’univers différents, mais leur profil répond à une même logique. Tous ont découvert le film comme une petite curiosité avant que, des semaines ou des mois plus tard, ils ne soient implacablement attirés à nouveau vers lui à cause d’un détail insignifiant qui ne cessait de les hanter.
Pour l’un, il s’agit d’une boîte de levure Calumet ornée d’une tête de chef indien, disposée juste au-dessus de la tête de Nicholson enfermé dans la chambre froide. Selon lui, c’est l’indice majeur qui met sur la piste de la théorie du génocide indien sur lequel s’est construite l’Amérique. Pour un autre intervenant, c’est la marque de la machine à écrire sur laquelle Nicholson tape son roman qui constitue la clé du film. C’est une Adler, une machine allemande, ce qui, associé au nombre 42 très présent dans le film, indique que l’Holocauste est au centre du propos de Shining. Pour un troisième, c’est un dessin de la fusée Apollo 11 sur le pull du petit Danny qui prouverait que Kubrick livre ici sa vérité dans l’affaire de la mission lunaire. Car, comme le colporte une rumeur indestructible, Kubrick serait l’auteur des plans d’Armstrong foulant en 1969 le sol de la Lune. La même rumeur affirme que le gouvernement américain l’avait obligé à cet acte patriotique tordu sur le plateau de 2001, l’Odyssée de l’espace. Dans un registre aussi obsessionnel, une jeune romancière s’est passionnée pour la représentation topographique de l’hôtel qui ne correspond à aucune logique, plongeant le spectateur malgré lui dans un trouble dont il ne détecte pas l’origine…
A ce petit jeu, les intervenants de Room 237 semblent ne connaître aucune limite. Au point de craindre que cet enchaînement de théories séduisantes ou délirantes ne finisse par produire un documentaire gag teinté de cynisme. Or, l’approche sobre et méticuleuse de Rodney Ascher ne laisse pas de place au ricanement facile. Le propos vise bien davantage à décortiquer ce mécanisme étrange du cinéma qui finit toujours par aller chercher chez chaque spectateur le détonateur de ses passions les plus secrètes.
Ainsi, le thème cher à Michel Ciment, grand spécialiste de Kubrick qui voit dans ses films un perpétuel combat entre raison et passion, ne pouvait trouver une meilleure illustration et une aussi probante démonstration de sa nature contagieuse."
" Shining est le parfait exemple de ce que Gilles Deleuze écrivait dans L'Image-temps (Minuit, 1985) : "Si l'on co
" Shining est le parfait exemple de ce que Gilles Deleuze écrivait dans L'Image-temps (Minuit, 1985) : "Si l'on considère l'œuvre de Kubrick, on voit à quel point c'est le cerveau qui est mis en scène. Les attitudes de corps atteignent à un maximum de violence, mais elles dépendent du cerveau. C'est que, chez Kubrick, le monde lui-même est un cerveau, il y a identité du cerveau et du monde."
Sorti en 1980, Shining est le film inquiétant par excellence. Mais, par-delà la trouille suscitée par certaines scènes fameuses, on y trouve bien autre chose, de très mystérieux. Ainsi, par exemple, cette répétition du chiffre 42 : il apparaît sur la manche du pull que porte Danny au moment de la première vision de l'ascenseur d'où s'échappe du sang ; dans un journal télévisé, il est question d'un budget de 42 millions de dollars ; Wendy et Danny regardent le film Un été 42 ; le chiffre apparaît sur l'étiquette d'une boîte de médicaments et sur une photo ; quant au numéro de la fameuse chambre, 237, remarquons qu'il correspond au produit suivant : 2 × 3 × 7 = 42...
Cette omniprésence du "42", Geoffrey Cocks l'analyse dans un de ses ouvrages – The Wolf at the Door – ainsi que dans le film. Selon lui, Kubrick était hanté par la Shoah mais il ne voyait pas comment en traiter au cinéma. C'est pourquoi il aurait décidé de truffer Shining de références à l'année 1942, celle-là même où fut ordonnée la Solution finale.
De nombreuses autres pistes sont explorées dans Room 237, extraits de films à l'appui. Méfiez-vous : on ne comprend pas toujours où veulent en venir les "experts". Leurs "preuves" laissent parfois à désirer, faisant passer de faux raccords ou des erreurs de script pour des messages subliminaux lancés par Kubrick. Mais l'essentiel n'est pas là : comme dans le labyrinthe où Jack finit par se perdre à la fin du film, nous aussi sommes emportés dans un étourdissant labyrinthe explicatif qui, in fine, ne fait qu'accroître la fascination qu'exerce Shining sur nos pauvres esprits cartésiens. Une sorte d'équivalent au cinéma, question complexité, du Finnegans Wake de Joyce. Une manière somme toute assez joycienne de répondre à la question : "Comment se réveiller du cauchemar de l'Histoire ?"
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