Un Filmeur de chroniques des Indiens du Nord-Est
Olivier-René Veillon retrace dans la revue "Cinématographe" le parcours d'Arthur Lamothe qui, à travers Images d'u1
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Sur les traces d'une famille Amérindienne. Témoignages et découverte d'un monde disparu : cérémonies traditionnelles, religieuses, rêves chantés...
Sous le titre "Carcajou et le péril blanc", Arthur Lamothe a signé une série de films documentaires (...12h à voir) sur les Amérindiens qui furent diffusés en France sous le titre global "Images d'un doux ethnocide". Dans le programme proposé ici, d'une durée totale de 2h16), deux épisodes ont été regroupés : "La Grande Rivière" (79 min) et "La "Rivière sèche (57 min.). Dans le premier, à l'embouchure de la Moisie, Mistapichu, les trois soeurs de Michel évoquent leur jeunesse, quand, avec leurs parents, elles partaient, à pied et en canot, pour leur territoire de chasse situé à 500 km au nord. Et les hivers où elles manquaient de nourriture. Et où leur père mourait. Le sage Innu, Mathieu André, à côté de Shefferville, indique les pistes indiennes qui se croisaient dans ces lieux. Puis dans le campement indien, installé l'été sur la rive de la Mistashipu, nous participons à la pêche au saumon, surveillés par les gardes-pêche et leurs acolytes. Cérémonies traditionnelles., religieuses, baptême, rêves chantés avec le teiukan, etc. Dans la deuxième partie, "La Rivière sèche" (57 min), dans une vieille chaloupe à moteur un couple d'Innus remontent la rivière asséchée. Avec quelques autres familles, ils ont quitté la réserve et vont s'installer en amont avec leurs enfants. Nous jouerons avec les enfants et nous ferons des pirouettes avec eux. Nous édifierons les tentes et nous installerons à l'intérieur un tapis fait de branches de sapin que nous sommes allés couper. Nous pêcherons la truite. Nous tuerons le porc-épic. Nous le ferons cuire et nous le mangerons. Nous invoquerons l'Esprit du froid à l'aide d'une poignée de branchages vers le ciel pour le conjurer... >> Durée totale du programme 2h16.
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" Spoliés, méprisés, parqués dans des réserves : dira-t-on assez toute l’injustice du sort des Indiens d’Amérique ou d’Amazonie ! Ceux que
" Spoliés, méprisés, parqués dans des réserves : dira-t-on assez toute l’injustice du sort des Indiens d’Amérique ou d’Amazonie ! Ceux que nous présente Arthur Lamothe vivent au nord-est du Québec, mais, comme leurs frères, ils ont vu fondre sur eux une société industrielle rapace et peu soucieuse d’équilibre naturel. Tout juste ont-ils maintenant le droit d’aller chasser sur leurs anciens territoires. Et encore, s’ils sont munis d’innombrables papiers !
Dans un monde si troublé, leur destin aurait pu passer inaperçu, si, en collaboration avec un anthropologue, le cinéaste canadien Arthur Lamothe ne s’était mis à leur écoute. Le résultat, c’est une série de douze films riches de gestes immémoriaux et portés par un souffle de dignité qui n’exclut pas la colère.
S’effaçant devant les Indiens eux- mêmes, l’auteur parvient à nous montrer à quel point leur univers mental diffère du nôtre, parce que fondé sur une communion totale avec la nature. Dans l’un des deux films qui composent le programme, on voit un Indien apprendre à son petit-fils les techniques de la chasse. Remarquable leçon de choses, en fait, leçon de vie. Vie qui parcourt chaque image et donne naissance à la poésie la plus pure : celle qui naît de l’accord intime entre l’homme et la terre. Car n’est-il pas poète celui qui s’exclame : « Je vous parle des oiseaux qui volent en bande, qui volent en une longue file, lorsqu’ils redescendent vers la mer ; je parle de l’outarde qui est chef de file, et qui semble emportée par le vent, et que l’on regarde, une dernière fois, l’automne » ?"
" Arthur Lamothe, par sa pratique cinématographique réfléchie (...) a maintes fois répété, et ce, sous l''empire et l'emprise du cinéma dire
" Arthur Lamothe, par sa pratique cinématographique réfléchie (...) a maintes fois répété, et ce, sous l''empire et l'emprise du cinéma direct de l'époque, il n'y a jamais eu de cinéma-vérité. Toute séquence filmée est une mise en scène. Le film est une structure, une architecture. Pour reprendre ses mots, il faut qu'il y ait le moins possible d''hiatus, de brisure entre le signifiant et le signifié.
Mais avant de tourner sa « Chronique », il y a une position de cinéaste qu''Arthur Lamothe a humainement, esthétiquement et éthiquement instaurée : établir une relation par le cinéma, en cinéma. Lamothe s'est posé la question du regard comme structure préalable au tournage, et non pas comme domination sur les autres et leurs propres regards. Il n'a pas réalisé des films sur les Indiens du Nord-Est du Québec, les Innus, mais avec eux, avec leur pleine participation au processus du film. Cette petite préposition, avec, a pu avoir un grand effet sur les anthropologues-cinéastes et chez plusieurs documentaristes peinant à donner à leurs films une dimension supplémentaire aux faits et objets d'une réalité sociale..."
" Le réalisateur québécois Arthur Lamothe est certainement l'un des cinéastes à avoir le plus contribué à scruter l'aventure humaine. Il a
" Le réalisateur québécois Arthur Lamothe est certainement l'un des cinéastes à avoir le plus contribué à scruter l'aventure humaine. Il a entrepris depuis plusieurs années une série intitulée Carcajou et le péril blanc et cette chronique donne la parole aux Indiens du Nord-Est.
C'est peut-être la première fois qu'un cinéaste consacre plusieurs années de son existence à tourner un matériel absolument extraordinaire de plus de cent vingt heures sur l'histoire, les légendes, les costumes, le mode de vie de la tribu des Montagnais.
Dans le premier volet Mistashipu (La Grande Rivière), Lamothe situe géographiquement, historiquement et socialement le peuple Montagnais. Ce peuple raconte comment l'homme blanc a volé les richesses de l'Indien que ce soit territoires de chasse ou de pêche, privant les habitants d'une base économique traditionnelle. On a parqué les Indiens dans des réserves, mais maintenant on grignote peu à peu ces territoires pour les céder à des clubs privés. Sur le plan social, on retrouve bien sûr les Indiens au bas de l'échelle ou bien à l'assistance, s'ils n'ont pas dû renoncer à leur identité pour survivre.
Ils reviennent souvent sur un passé marqué de nostalgie et de révolte et une phrase tourne au leitmotiv, dans ce temps-là les Indiens n'avaient pas peur. Il y a aussi la connaissance de l'Indien. (...) Etranger dans son propre pays un vieil Indien apprend à son petit-fils ce dont on ne lui parlera jamais à l'école ; c'est-à-dire comment l'on fait un piège à hermine, comment on retrouve son chemin ou comment on le signale, comment ne pas tomber dans les crevasses. On entend dans le lointain le bruit d'un trax qui arrache les arbres de la région pour en faire de la pâte à papier. Et chaque tronc qu'on arrache est ressenti comme un déchirement par l'Indien car pour lui l'arbre c'est la vie, non seulement comme symbole, mais les arbres sont le refuge des oiseaux et des animaux et il se demande bien comment il vivra quand toute la forêt sera détruite et qu'il n'y aura plus de gibier à chasser. Lamothe s'est véritablement identifié au peuple amérindien, et ici leurs cris ne nous sont pas transmis par ethnologue ou sociologue interposés..."" Arthur Lamothe n'est pas n'importe qui. Cet ancien agriculteur français qui a choisi de vivre au Québec, d'abord comme bûcheron, puis de
" Arthur Lamothe n'est pas n'importe qui. Cet ancien agriculteur français qui a choisi de vivre au Québec, d'abord comme bûcheron, puis de devenir cinéaste, a derrière lui une solide expérience, qui le met à l'abri des incertitudes de toutes natures, dont sont trop souvent victimes les jeunes entrepreneurs de sociologie cinématographique. Pour être à l'écoute de son interlocuteur, il faut d'abord bien le connaître. Mais l'artifice de la connaissance n'est pas toujours suffisant. Pour donner à voir, il faut encore « posséder » le terrain sur lequel on travaille, c'est-à-dire savoir d'où l'on vient, et où l'on va. Ne pas se mettre à la place de l'autre. Ne pas s'imposer. Ne pas prétendre que tout doit passer par le propre canal de sa culture, comme le fait, par exemple, Jean Rouch qui innocule aux filmés les maladies des filmants.
Donc, pour Lamothe, il ne s'agissait ni de se mettre à la place des indiens, ni d'être condescendant. Mais d'être, en quelque sorte, ce porte-micro, ce porte-caméra. Une neutralité revendiquée, assumée. Mais qui, en même temps, n'a rien à voir avec la pseudo-objectivité de l'ethnologue. Lamothe filme bien les activités des Montagnais, enregistre bien leurs témoignages, d'après un canevas préalablement établi par lui, mais il nous laisse croire que chacunes d'elle sont filmées dans leur durée réelle. Un temps proche de la nature, de la forêt dans laquelle ils vivent et qui n'a rien à voir avec celui indiqué par les montres bracelets. Ce temps-là, leur appartient. Certes, le comment on construit un piège à martres, avec trois petits troncs d'arbre, le comment on tend un piège à un renard dans la neige prennent du temps d'explication, mais peu importe pour Marcel Jourdain, qui sait que son petit neveu trouvera là le meilleur chemin pour être à l'aise dans sa culture. Transformant ainsi le donner à voir, à écouter, à savoir.
« L'homme blanc nous a enfermé dans nos réserves.
L'homme blanc nous enlève nos rêves, notre langue, nos enfants... »
L'homme n'est pas toujours le méchant loup, mais ce sont surtout les sociétés d'argent qui le sont. I.T.T. transforme une nature qui avait su garder un certain équilibre, en désert. Pour le plus grand profit de ses actionnaires, bien entendu. En oubliant que ces forêts appartiennent d'abord aux Montagnais. L'hypocrisie va jusqu'à classer les enfants indiens en « débiles » sous prétexte qu'ils n'entrent pas dans les normes d'une scolarité faite pour d'autres.
Lamothe accuse, dénonce, revendique, en donnant la parole à ceux qui ne l'avaient jamais eu, en attendant qu'ils la prennent."
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