Claudine Bories : "... ce désir d'entendre parler des hommes différemment "
Présenté au Festival de Cannes en 1981, Juliette du côté des hommes est le premier long-métrage documentaire de la1
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Une femme questionne des hommes. Elle essaie de les faire parler d'eux-mêmes, certains répondent, d'autres pas. En contrepoint: la chasse, la danse, la moto.
“J’ai toujours eu envie d’en savoir plus sur les hommes, qu’ils me parlent de leur pays à eux, de “comment c’est d’être un homme”. Curiosité de petite fille sans doute. Mais aussi désir de femme, désir de s’approcher toujours plus, jusqu’à l’impossible fusion, dit la réalisatrice des "Arrivants" et "Les Règles du jeu". "Juliette du côté des hommes" est le film de cette curiosité, de ce désir-là. Des hommes qui me plaisent me disent leur histoire, me parlent de leurs désirs. Et moi qui les écoute et les regarde, je raconte avec ces paroles et ces images, mon désir d’eux. Entre un marathon et des motards, une partie de chasse et une partie de cartes, une valse qui chaloupe et un tango qui balance, il y a du masculin qui passe. Il y a - pour moi - l’Autre.”
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" Gérard le don Juan, Patrick le féministe, Georges le tendre, Daniel le pudique, Stéphane le rêveur, Berna
" Gérard le don Juan, Patrick le féministe, Georges le tendre, Daniel le pudique, Stéphane le rêveur, Bernard le sentimental... des hommes qui tentent de s'expliquer, de se raconter maladroitement et sans esquive devant la caméra inquisitrice. Document reportage, Juliette du côté des hommes de Claudine Bories (sortie aujourd'hui), nous fait pénétrer dans l'univers masculin. Difficile entreprise. Ces messieurs ne sont guère en veine de confidences. Ils parlent pourtant de leur enfance, de l’amour, du désir, de la tendresse, de la femme... Mais toujours dans le flou artistique. On aimerait en savoir davantage, percer le mystère dont ils s'entourent. Pas moyen : la peur de se mettre à nu, de se découvrir les retient.
« Au départ, explique Claudine Bories, je voulais bousculer les images reçues, entendre une parole nouvelle. Sans préoccupation sociologique, après six mois de repérage au feeling , j'ai choisi des hommes qui semblaient le mieux correspondre à notre époque. Gérard a ainsi tout de suite accepté de me parler des femmes, de l'amour, du machisme. Georges le mélomane, de sonpère polonais et de son passé. Daniel de sa fille Julie et de l'art d'être père.
« A aucun moment je n'ai dirigé l'interview. Je ne voulais pas faire de discours théorique mais je souhaitais qu'ils me confient l'essentiel, la vérité sur leur moi profond.. Mais je me suis souvent heurtée à un mur de silence. Car pudiques, les hommes se préservent, se camouflent. Je n'ai réussi à connaître que la partie émergée de l'iceberg »
" Six hommes encore jeunes parlent d’eux, de leur enfance, de leurs enfants, de leurs femmes. Patrick ne se reconnaît pas
" Six hommes encore jeunes parlent d’eux, de leur enfance, de leurs enfants, de leurs femmes. Patrick ne se reconnaît pas dans les habitudes et les discours machistes de ses copains. Daniel raconte sa situation de père célibataire. Gérard avoue sa crainte des femmes (" La descente dans l'arène ") et aussi sa jalousie de ne pouvoir enfanter : " Je vais crever un jour et je ne saurai pas ce que c’est que mettre un enfant au monde "...
Tous ont vécu — à leurs dépens parfois — la grande révolution féministe qui a fait basculer les rôles et les mentalités. En jetant leurs masques et laissant au vestiaire le discours de l' " establishment " mâle, ils révèlent de façon originale leur fragilité et leurs incertitudes, leur besoin de l’autre et leur soif de tendresse.
En voix off, on entend les commentaires de la réalisatrice et c’est une sorte de dialogue qui s’instaure entre elle et eux, un désir évident de complicité et de compagnonnage chaleureux. " Autrefois, dit encore Gérard., on pouvait se passer de la parole dans les rapports avec les femmes ". Maintenant que les femmes ont pris la parole, voici venu le temps de s’expliquer et de s’écouter. C’est ce que fait Claudine Bories avec beaucoup de sincérité et de générosité. "
" (...) Cette recherche de soi-même dans la quête des autres, de l’autre, a des racines lointaines. "A l'&e
" (...) Cette recherche de soi-même dans la quête des autres, de l’autre, a des racines lointaines. "A l'école maternelle, je découvrai l'autre sexe. Ce fut un drôle de bouleversement. J'ai tout oublié du petit garçon que j'embrassai. Tout sauf cela, la stupéfaction devant notre différence, et le besoin que j'avais de lui."
Peut-être me suis-je trop attardée " du côté de Juliette ", mais je ne le sais pas. La démarche de Claudine Bories n’est pas celle d’une simple documentariste, elle est trop impliquée, à la fois à l’écoute des hommes interrogés, et à l’écoute d’elle- même. Et puis, peut-on parler vraiment de documentaire ? Non, à partir du moment où il y a une Juliette qui ne s’appelle pas Claudine, où il y a, à l’image et au son, tout un travail qui " fictionnalise ", le document fait place aux fantasmes, aux " images reçues " qui viennent contredire les paroles des hommes, le questionnement de Juliette.
Les visages, la façon dont les corps filmés bougent ou s’immobilisent, veulent ou non détourner, retenir ou confirmer les confidences faites. Car depuis le début il s’agit bien de confidences sur ce qu’il y a de plus intime : soi face à soi-même, et aux autres. Les parents, les autres hommes, les femmes, les enfants, la sexualité, le rôle de l’imaginaire dans tout cela, autour du concret besoin de l’autre. Comme le dit Gérard Le Joliff, un des " interviewés " : " A la base de pratiquement tout ce que je fais, y'a les femmes» et quelque part., quelque part... la descente dans l'arène... pour être aimé des femmes. "
Une image contradictoire, de conquérant qui veut être conquis. Un des derniers mots prononcés est le mot " tendresse ". Claudine Bories voulait que Juliette du côté des hommes, film de cinquante minutes, coproduit par le théâtre de la Commune et la maison de la culture de la Seine-Saint-Denis, soit émouvant. Il l’est, avec simplicité, et pudeur. "
" Claudine Bories aime les hommes, elle entretient avec eux une complicité avouée et, en même temps, elle ne veut
" Claudine Bories aime les hommes, elle entretient avec eux une complicité avouée et, en même temps, elle ne veut pas s'en laisser accroire. Elle commence par nous parler de l'importance de l'image du pire, pour la fillette qu'elle fut; elle essaie d'en recueillir l'écho chez un premier interlocuteur, puis elle montre un jeune papa contant une belle histoire, le soir à la chandelle, à sa petite fille prête à glisser au royaume des rêves. Et ainsi de suite.
Le récit est amorcé, vagabonde d'un mâle à l'autre, mais nullement au hasard, tout s'enchaîne. Un superbe " macho ", légèrement repenti, être de coeur et d’esprit, dit comment, jeune homme, il sentait le besoin de s’affirmer en conquérant " les femmes ", objet de consommation, presque valeur d'échange, preuve de son standing social au même titre que la voiture et autres aménités de l’existence.
La réussite de Claudine Bories dans ce film trop bref, simple esquisse, c’est d'oser parler aux hommes hors du couple. L’originalité, la nouveauté de la démarche, c’est qu'elle s’adresse à des partenaires, des amis, qui ont tous, visiblement, une même conception fraternelle de la vie en société. "
" (...) Ces hommes, qui sont- ils ? Des amis sans doute, car leur voix est chaude et sans retenue. Ils sont divers, et c’est ce
" (...) Ces hommes, qui sont- ils ? Des amis sans doute, car leur voix est chaude et sans retenue. Ils sont divers, et c’est ce qui frappe. Pas de modèle : petits, jeunes, costauds, vieux, fragiles ils ne se conforment pas au prêt-à-porter de l’imagerie masculine. Ils ne se ressemblent pas et ne copient pas d’image venue du dehors. La force du film, c’est d’avoir su capter ces différences, comme allant de soi. Comme si l’image univoque de l'homme que l’on retrouve partout n’existait plus dès qu’on se mettait à table avec quelqu’un pour l'écouter parler de lui. Le film dit en douceur une chose forte : les hommes ne sont pas ce qu’on les force à être ; ils sont plus riches.
En douceur, parce que ces aveux viennent sans violence. En toute liberté. Chacun parle à son rythme, selon sa voix. Les questions sont presque absentes. Claudine Bories intervient en voix off pour donner quelques points de repère sur elle, sur son enfance. Quelques scènes remettent aussi ces hommes, enfermés dans des gros plans, dans le monde extérieur.
Mais si la cinéaste ne manipule pas ouvertement ces portraits, c’est tout de même d’elle qu’il s’agit en creux. De son rapport au monde masculin où elle découvre une nouvelle entrée. Comme l’escalade d’une face de montagne, qui était là mais que personne ne s’était soucié d’aborder. Ces hommes-là avec leur grandeur, leur tango, leur vaisselle, leur fragilité, sont finalement beaucoup plus drôles que l’éternel masculin. II est plus facile de se reconnaître quand ils font ce cinéma-là. "
" (...) Cela donne une suite de monologues d’où se dégage, à travers des expériences diverses, une i
" (...) Cela donne une suite de monologues d’où se dégage, à travers des expériences diverses, une idée de l’homme, depuis l'enfance jusqu’à l’affirmation de sa sexualité. Des hommes qui, pour la plupart, se définissent par rapport à la femme, qu’il s’agisse de la mère, de la camarade, de la maîtresse, de l’épouse. Mais, parfois, c’est le sentiment filial qui remporte, même par rapport au père. Et, finalement, le plus précieux dans ce film document, qui est bien davantage une enquête documentaire, c’est la part de l’enfance demeurant en chaque homme, comme elle est souvent le caractère dominant du talent des comédiens.
Il n’est, bien sûr, pas question de classer les interviews par ordre de mérite. Pourtant, on garde le souvenir du récit de Georges, marqué par son enfance, l’absence d’une mère, plus tard retrouvée, et l’éloignement définitif du père. Le cinéma-vérité, qui mérite enfin son nom, atteint là une véritable grandeur. Les choix et le montage de Claudine Bories sont faits avec sensibilité et talent (...). "
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