Maxime Giroux : " L'amour n'est pas ce qu'on nous a fait croire"
VIDEO | 2015, 13' | Avant de réaliser Félix et Meira, Maxime Giroux pensait que les juifs hassidiques de Mon1
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En 1968, Jean-Luc Godard atterrit inopinément dans Abbittibbi, au nord-ouest du Québec, bouleversant la vie de Michel, un jeune homme du coin...
En 1968, un réalisateur français de renommée internationale atterrit inopinément dans Abbittibbi, au nord-ouest du Québec, et va y mener des expériences politiques et sociales. Cet évènement alimente les tendances révolutionnaires de Michel, un jeune homme de la région, et son désir de découvrir le monde de sa petite amie... Ludique et inventif, intime et collectif, mythique et joyeux, le premier long-métrage d'Eric Morin remet le plaisir au centre du processus créatif pour mieux entraîner son spectateur au cœur de cette utopie politico-artistique jubilatoire.
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" N’y allons pas par quatre chemins : (...) une grande réussite. Pas juste parce que l’hiver y est si magnifiquement filmé, pas juste parce
" N’y allons pas par quatre chemins : (...) une grande réussite. Pas juste parce que l’hiver y est si magnifiquement filmé, pas juste parce qu’il est parfaitement interprété, pas juste parce qu’il possède une trame sonore à l’allégresse contagieuse et pas juste parce qu’il parvient à évoquer habilement un passage méconnu de la carrière de Jean-Luc Godard. Mais parce que le film d’Éric Morin – un premier long métrage rappelons-le – est tout cela à la fois.
Mais aussi, parce qu’il ne se laisse pas emporter par l’hommage d’un jeune cinéaste à l’un des maîtres du cinéma mondial, et ce, même s’il puise dans son répertoire plusieurs références et même si Sophie Desmarais nous remémore la candeur de Jean Seberg ou la moue espiègle d’Anna Karina.
Le film prend sa source dans la période révolutionnaire du cinéaste franco-suisse, qui avait à la fin des années soixante entamé un parcours exploratoire l’amenant, soit seul soit avec le Groupe Dziga Vertov, aux États-Unis puis au Québec, en Italie, en Tchécoslovaquie ou encore en Allemagne. Autant de contrées inconnues pour le « cinéaste de réputation internationale », alors en pleine quête de nouvelles formes de cinéma, entre autres, un cinéma révolutionnaire fait par et pour le peuple. Malgré sa brièveté (quelques jours à peine), le voyage au Québec de Godard inspira le désir de changement à la jeunesse abitibienne.
C’est de cette rencontre inachevée que Morin profite pour bâtir son histoire. À l’instar du projet de son « modèle », Morin donne la parole aux gens « ordinaires » et de ce fait, parvient à rendre son histoire parfaitement universelle. Entre les étudiants de 1968 et ceux du printemps érable (des carrés rouges sont bien visibles à l’écran), entre Paris, Montréal et Rouyn et entre le cinéma direct québécois et la Nouvelle vague française. La force de Chasse au Godard d’Abbittibbi est d’avoir réussi à tisser sa toile autour de ses références casse-gueule et d’avoir su dépeindre une réalité sociale qui transcende le temps et l’espace.
Lové dans une trame sonore déjantée aux rythmes épatants, utilisant de nombreuses publicités d’époques, le film nous plonge avec lui au creux des années soixante dans une région malade, dont la jeunesse, attirée par les lumières de la grande ville (Paul incarné par Martin Dubreuil), cherche à s’éloigner (Marie, Sophie Desmarais) ou choisit de rester et se battre (Michel joué par Alexandre Castonguay).
Grâce à sa maîtrise d’un scénario pourtant peu facile et par son interprétation éclatante, le film parvient à rendre son sujet intemporel et universel. Fruit d’une démarche créative originale et inusitée, Chasse au Godard d’Abbittibbi est une œuvre singulière, qui n’est pas sans défauts certes (on regrette une légère perte de rythme dans la partie centrale du film, traitée de manière plus conventionnelle), mais qui dénote d’une volonté de s’éloigner des chemins balisés empruntés par le cinéma québécois actuel. Un premier long métrage très réussi et complètement inattendu."
" Voici le cadeau inattendu de la saison. Un film qui mêle plein de styles, évoque plein de choses, en trouvant son ancrage dans le bouillo
" Voici le cadeau inattendu de la saison. Un film qui mêle plein de styles, évoque plein de choses, en trouvant son ancrage dans le bouillonnement d'une autre époque. Parfois Carle (flanc Mort d'un bûcheron), parfois Arcand (versant Gina), Éric Morin se trouve aussi en filiation avec les chantres du cinéma direct québécois et ceux de la Nouvelle vague française. En résulte un premier long métrage vraiment enthousiasmant, tiré à même l'ADN du territoire qui l'a nourri.
La visite - réelle - de Jean-Luc Godard dans les contrées abitibiennes en 1968 fut un «non-événement». Venu pour y faire des expériences politiques et télévisuelles, le réalisateur du Mépris n'aura finalement fait que passer. Sa courte présence à Rouyn-Noranda, et celle de l'équipe qui l'accompagna, a pourtant laissé des traces dans l'évolution d'un jeune couple. Marie (Sophie Desmarais) et Michel (Alexandre Castonguay, très juste) se découvrent toutefois des intérêts opposés. Elle rêve d'ailleurs, de culture, de capitales, de cinéma. Il préfère la révolution à l'intérieur même de son territoire. Avec son monde, sa place, ses mines et ses forêts. Partir ou rester.
Grâce à Paul (Martin Dubreuil), un Montréalais faisant partie de l'équipe du grand Jean-Luc, Marie et Michel participeront à un projet vidéo à travers lequel ils s'interrogeront sur leurs envies, leurs aspirations. Et celles de leurs concitoyens.
Empruntant une forme un peu éclatée, Éric Morin évoque l'époque de tous les possibles. Alors qu'au loin, en France comme aux États-Unis, grondent les rumeurs de la révolution étudiante, le Québec commence peu à peu à s'ouvrir au monde et à se transformer de l'intérieur. Sur le plan formel et esthétique, l'auteur-cinéaste traduit la ferveur du temps avec beaucoup de finesse, sans jamais verser dans la caricature. Il insère aussi des éléments documentaires de façon judicieuse. Plusieurs non professionnels ont été mis à contribution (...)
Sophie Desmarais, que Libération a surnommée «petite belette adorable» le printemps dernier (à l'occasion de la présentation de Sarah préfère la course à Cannes), irradie l'écran. Filmée à la manière des égéries de la Nouvelle vague, elle trouve ici un rôle qui s'harmonise parfaitement à sa personnalité d'actrice.
Tourné sans grands moyens, mais foisonnant de belles idées, Chasse au Godard d'Abbittibbi emprunte la forme d'une magnifique lettre d'amour au cinéma, en plus de rendre un bel hommage à la région d'où le cinéaste est issu. La suite s'annonce très belle."
" Étonné de découvrir que Jean-Luc Godard avait foulé sa terre natale afin d’y révolutionner la télévision, Morin y a vu aussitôt matière à
" Étonné de découvrir que Jean-Luc Godard avait foulé sa terre natale afin d’y révolutionner la télévision, Morin y a vu aussitôt matière à un film: « Je n’ai pas su quoi en faire d’intéressant avant 15 ou 16 ans, admet-il. Au départ, il y a eu un film expérimental réalisé à Concordia, un trip en pellicule, que je ne saurais comment expliquer. Plus tard, j’ai compris que ce que j’avais à dire sur ma région, c’était ce dilemme-là que je revivais.»
Ce dilemme dont parle Morin, qui partage sa vie entre Noranda et Montréal, c’est de choisir entre rester ou s’exiler (...) « J’ai voulu créer deux personnages qui étaient les deux côtés de ma médaille (...) », explique Éric Morin (...)
D’une structure éclatée, empruntant à l’esthétique pop des années 1960, offrant mille et un clins d’œil au cinéma de Godard, de Carle et de Lefevbre, ce délire visuel campé au cœur de l’hiver affiche un ludisme totalement assumé et traversé de moments d’émotion sincère. « C’est mon premier long métrage: je l’assume avec ses qualités et ses défauts. On s’est amusé à la direction photo; on a tourné en RED, mais on a aussi utilisé des vieilles lentilles russes anamorphiques pour jouer un peu sur le type d’images. C’est un gros trip esthétique d’hommages, mais ce n’est pas juste ça. Je ne voudrais pas que ce soit une barrière au plaisir de suivre une histoire touchante», conclut Éric Morin."
" Il fallait du recul et du culot pour faire de ce non-évènement le point de départ d’une fiction. Après y avoir rêvé pendant 20 ans, Éric
" Il fallait du recul et du culot pour faire de ce non-évènement le point de départ d’une fiction. Après y avoir rêvé pendant 20 ans, Éric Morin a eu le recul nécessaire et, armé d’un désir de cinéma qui fait plaisir à voir, il a eu le culot de s’approprier ce mythe intime, qui met plus en scène le rapport du Québec au cinéma que l’auguste cinéaste qui l’inspira – qui n’est ici qu’une silhouette fugitive.
Un rapport au cinéma marqué par un regard sur nous-mêmes qui oscille souvent, encore aujourd’hui, entre l’exaltation d’un possible rêvé et l’ancrage dans le réel. Ici, Éric Morin semble s’être affranchi de cette lame à double tranchant pour porter un regard exempt de nostalgie ou de cynisme sur une société, et des individus qui, bien qu’ancrés en 1968 sont furieusement actuels (...)
Le canevas pourrait sembler avoir le classicisme d’un triangle amoureux, pourtant il a peu d’importance, sinon celle de réveiller la Belle au bois dormant et son Prince charmant aux réalités nouvelles des glorieuses années 60 (...) Née de cette décennie de tous les possibles, cette fusion alors obligatoire entre social et privé, réel et fiction, passé et présent est le fonds de commerce de ce film atypique – et aussi analytique que ludique.
Le cinéaste s’amuse en orthographiant « Abitibi » comme le nom du groupe de Richard Desjardins des années 70 et il joue avec le spectateur en épinglant un carré rouge (en noir et blanc) sur la blouse d’une Rouynorandienne de 1968. On ne sait trop si certains des témoignages des mineurs sont ceux d’acteurs ou de réels mineurs des années 60. Peu importe, seules comptent la vérité du récit et la justesse de l’image. Et celles du cinéma, bien sûr, comme cette caméra amoureuse de l’actrice qu’elle filme – voir le plan final qui s’attarde sans fin sur le visage de Sophie Desmarais comme celle de Scorsese sur celui de De Niro ou celle de Michel Brault sur celui de Geneviève Bujold.
Chasse au Godard d’Abbittibbi (...) n’échappe pas toujours aux effets de mode, mais il se dégage de ce premier long métrage, une telle impression d’assister à la naissance d’un regard neuf – ni Pierre Perrault, ni Robert Morin, ni Bernard Émond – et d’un rythme inédit, une fièvre qui n’a rien de saccadé, une mélancolie qui évite la rigidité, qu’on se dit, que, mine de rien, nous assistons peut-être à une révolution tranquille dans la façon que nous avons de nous raconter à nous-mêmes."
" Autant le dire tout de suite, Chasse au Godard d'Abbittibbi n'est pas un film sur Jean-Luc Godard. « C'est un prétexte, un fantasme. Goda
" Autant le dire tout de suite, Chasse au Godard d'Abbittibbi n'est pas un film sur Jean-Luc Godard. « C'est un prétexte, un fantasme. Godard est fantomatique », souligne le réalisateur. L’œuvre d'Éric Morin est avant tout un film personnel, qui touche à des problématiques qui ont marqué sa vie. Originaire de Rouyn-Noranda, où le film se déroule, le réalisateur s'est exilé à Montréal de longues années, une ville qu'il a appris à aimer (...) « J'adore Montréal. Je vis un sentiment d'amour et de déchirement entre Montréal et l'Abitibi. » (...)
Le film ne s'arrête cependant pas aux envies d'évasion (...) Via le personnage de Godard et de ses idéaux, Chasse... entre dans une sphère de politique sociale. Nos deux protagonistes donnent « la parole au peuple », des bûcherons aux étudiants. « Ce n’est pas un film politique en tant que tel, mais ça parle d'engagement, de faire bouger les choses, de liberté. Je transpose ça en 1968, mais ça parle beaucoup d'aujourd'hui. » À l'image des étudiants, auxquels Éric Morin laisse la parole, et dont certains portent le carré rouge (le tournage avait lieu à l'hiver 2012). Un héritage dont le cinéaste se targue: «un anachronisme dont je réclame la portée politique! »
Ainsi, loin de s'en tenir à un unique sujet, Chasse au Godard d'Abbittibbi possède de nombreuses facettes. Pas trop surprenant, lorsqu'on se rappelle le travail d'Éric Morin dans Mange ta ville, une émission qui dépeignait Montréal sous toutes ses coutures. « Durant Mange ta ville, ma rencontre avec tous ces artistes extraordinaires pendant ces sept années m'a énormément inspiré (...). » Si le film se déroule en Abitibi, on y retrouve l'attachement au territoire qui était l'essence de Mange ta ville. « La moitié des figurants du film sont d’Abitibi. C'est une déclaration d'amour et une parodie, une réflexion sur notre position dans le monde en tant qu'Abitibiens. »
Porté par une trame sonore envoûtante signée Philippe B. et agrémentée par Arcade Fire et Ariane Moffatt, Chasse au Godard d'Abbittibbi est un film intelligent qui donne matière à réflexion. On ne peut que louer la mise en scène onirique et le jeu du trio d'acteurs, qui servent à merveille le rythme et le contenu du film..."
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