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Deux enfants perdus dans le bush australien rencontrent un adolescent aborigène. Avec ce guide impromptu, un étrange et violent voyage initiatique commence...
Soudainement livrés à eux même dans le bush australien, deux enfants perdus rencontrent un aborigène qui devient leur guide impromptu. Avec lui, ils découvrent les dangers et les trésors de la Nature pour y survivre. Un étrange et violent voyage initiatique commence... Traversé de visions hallucinées, exaltant le désert et critiquant la société urbaine, "Walkabout" est devenu l'un des films cultes des années 70.
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Pour sa première réalisation en solitaire (1), Nicolas Roeg, déjà notoirement réputé dans le mili
Pour sa première réalisation en solitaire (1), Nicolas Roeg, déjà notoirement réputé dans le milieu du cinéma britannique comme monteur, caméraman ou surtout directeur de la photographie, se rendit en Australie pour y adapter (avec le dramaturge Edward Bond, auteur d’un traitement d’une quinzaine de pages) le roman The Children, écrit sous le pseudonyme de James Vance Marshall par Donald G. Payne.
Si la grande ligne directrice de l’intrigue de ce roman de littérature jeunesse est conservée par Roeg et Bond (deux enfants perdus dans le bush rencontrent un adolescent aborigène en plein « walkabout »), l’esprit en est lui substantiellement modifié (...) alors que la société « occidentale » est totalement absente du roman, elle encercle le film de Nicolas Roeg par un prologue et un épilogue signifiants. ; de plus, les enfants ne se retrouvent pas seuls dans le désert par « accident », mais s’y trouvent abandonnés (...) ; enfin, alors que les relations avec l’enfant aborigène sont dans le roman essentiellement axées sur l’initiation et la découverte de la nature, le film y ajoute de manière appuyée une dimension « découverte de soi », érotisation des corps et perte de l’innocence comprises (...)loin du « gentil » périple initiatique imaginé par Marshall, le film de Roeg dresse un dur portrait de la société des hommes, qui détruit et corrompt ses enfants comme ceux qui lui sont étrangers.
Victime durant le 19ème siècle d’une colonisation britannique bien moins pacifique que ce que l’histoire avait dans un premier temps affirmé, le peuple aborigène avait pendant plus d’un siècle subi la main-mise des colons sur ses terres et sur ses enfants. En 1869, une loi fut en effet érigée pour autoriser la saisie d’enfants métisses à des fins d’assimilation complète, la pratique de la langue aborigène leur étant notamment interdite. L’espèce aborigène était considérée par les colons blancs comme étant à éradiquer, et jusqu’en 1928 (et le massacre de Coniston), les expéditions de « représailles » contre ses représentants n’étaient pas rares.
Ce n’est qu’au milieu des années 60 que des mouvements sociaux se dressèrent pour défendre les droits des aborigènes, et face à une mobilisation populaire massive, ils furent enfin recensés comme citoyens australiens suite à un référendum de 1967. Simultanément, grâce notamment aux travaux de l’anthropologue William Stanner venant rompre ce « Grand Silence » visant à délibérément les omettre de la mémoire collective australienne, la politique d’ « enlèvement » des enfants aborigènes à leurs familles prend fin en 1970.
Lorsque Nicolas Roeg entame son projet, la question de la place des aborigènes dans la société australienne est donc particulièrement d’actualité. Par ailleurs, son film occupe une place importante dans l’histoire du cinéma australien par la manière dont il traite le personnage même de l’aborigène : jusqu’alors, la place qui lui était réservée était limitée à celle du pisteur primitif ou à l’indigène menaçant… et était d’ailleurs la plupart du temps interprété par des comédiens blancs au visage peint. Le fait d’accorder une place aussi essentielle à un protagoniste aborigène (incarné par un comédien lui-même natif) et de consacrer une bonne partie de l’intrigue (ainsi que le titre du film) à un aspect aussi important de leur culture était donc assez révolutionnaire (...)
Pour l’observateur étranger, le walkabout semble, à première vue, une errance mystique liée à une insaisissable culture étrangère (...)
Walkabout, s’il a le mérite de poser un regard sur le peuple aborigène, n’est à son égard ni indulgent ni optimiste. Dans sa description des aborigènes (et personnage principal exclu), le film se concentre ainsi surtout sur deux des travers les plus notoires dans lesquels sont tombés les aborigènes au contact du monde occidental, à savoir l’alcoolisme et le commerce folklorique, avec ces objets manufacturés « genuinely australian ».
Walkabout n’est donc pas un film pro-aborigène, et on peut même douter qu’il soit « pro » quoi que ce soit, car là n’est pas son propos : le regard est froid, et oscille entre une forme implacable de darwinisme (l’inadaptation du mode de vie aborigène les voue à la disparition) et une lucidité guère plus complaisante avec la société contemporaine.
Sur le premier point, Roeg ose d’audacieux montages parallèles sur les gestes du chasseur aborigène (en particulier, lors du découpage d’une proie, avec un boucher blanc en action), comme pour montrer la similitude des comportements humains, mais aussi et en conséquence, la désuétude du mode opératoire de l’aborigène (...)
Symboliquement, le film s’ouvre donc (et d’ailleurs se clôt aussi) sur un mur, ou plutôt sur un dédale de murs. Les hommes y courent, se croisent sans se voir, se marchent presque dessus… Quand ils lèvent les yeux, leur horizon est bouché par le béton ; quand ils tendent la main, c’est pour toucher des barrières. De l’autre côté du mur, il y a la virginité aride de la nature, dont le fragile silence peut à tout instant être dévoré par l’intrusion humaine (...)
L’homme peut ainsi presque se voir comme un parasite, dévorant l’espace autour de lui, l’asservissant pour y abandonner ses sinistres vestiges (outre ce paysage sublime griffé par un immonde lotissement entraperçu au détour d’un plan, le film est hanté par les sinistres squelettes de voitures, d’usines ou de maisons abandonnées). Il y a de l’amertume sociale dans ce constat (...)
Mentionnons également ces mystérieuses phrases, « en français dans le texte », qui encerclent le film : au mystérieux « Faites vos jeux, messieurs dames, s’il vous plaît » ouvrant la première séquence post-générique répond un « Rien ne va plus » en panneau de fin. Evidemment, le film se délecte de l’équivoque sémantique de cette dernière tournure. S’agit-il d’évoquer la société humaine comme un incertain jeu de roulette ? S’agit-il de dire que le monde ne tourne plus rond ? S’agit-il de prétendre qu’il est trop tard pour revenir en arrière ? Ou s’agit-il d’attendre que la boule s’arrête enfin, pour enfin constater le résultat de nos mises aveugles ? On se gardera bien ici d’apporter une réponse formelle à cette énigme (...)
Walkabout est un film qui tient tout entier à la force de son montage et de sa mise en scène. Le premier n’est pas dénué d’audace, et alternant d’impertinents montages parallèles avec des transitions inventives (ces pages qui se tournent pour avancer dans l’histoire du petit garçon) vient donner au film son rythme singulier. La seconde, témoignant du passé de photographe de Nicolas Roeg, propose un travail insolite sur la texture, sur les couleurs, sur les cadrages ou sur la lumière, et loin du simple livre d’images (certains plans étant au demeurant assez sublimes), renforce l’étrangeté d’un film à nul autre pareil.
Plus que jamais, Walkabout demeure une œuvre assez unique, porteuse d’un regard singulier et toujours énigmatique (David Gulpilil lui-même a avoué ne pas posséder toutes les clés de son personnage). Plus qu’une simple randonnée donc, une expérience envoûtante sur des routes peu empruntées, entre anthropologie et mysticisme, qui, si elle peut laisser sur le bord de ses chemins de traverse, ne risque pas de laisser son spectateur indifférent.
(1) Performance avait été réalisé en 1968 en collaboration avec le peintre Donald Cammell.
Le bush australien semble surgi d’une hallucination rituelle dont l’harmonie est encore et encore déchirée par le
Le bush australien semble surgi d’une hallucination rituelle dont l’harmonie est encore et encore déchirée par les dissonances du monde colonial. Avec La Randonnée (Walkabout),Nicolas Roeg dirige son second long-métrage après Performance, coréalisé avec Donald Cammell. Il a été le directeur de la photo de David Lean et de François Truffaut, le cadre et la lumière façonnent son cinéma. Après avoir tourné avec Mick Jagger, il a confié la partition orchestrale de Walkabout à John Barry, autre figure du Swinging London (compositeur des James Bond, époux de Jane Birkin).
Ces envolées symphoniques conviendraient parfaitement à une épopée hollywoodienne ; d’ailleurs, on la retrouvera, à peine modifiée, dans Out of Africa. Pourtant, la dramaturgie violente et lucide jaillit du théâtre contemporain britannique et prend à contre-pied les figures du roman britannique dont il est inspiré – le scénario est signé du dramaturge Edward Bond.
Réalisé en 1970, La Randonnée reste un objet difficile à appréhender dans sa totalité, tant les courants qui parcourent le film se croisent, s’affrontent, se contredisent – sans jamais se neutraliser. Mais si l’on s’abandonne à sa sidérante richesse, à sa beauté, on découvre un moment de cinéma, dont jamais le cinéaste – malgré ses réussites ultérieures, Don’t Look Now ou L’Homme qui venait d’ailleurs – ne retrouvera la singularité.
La Randonnée commence par un montage serré de la vie urbaine (tournées à Sydney et Alice Springs). Seuls la lumière tropicale et l’urbanisme britannique adapté à la taille de l’espace indiquent qu’on est en Australie. Un père emmène ses deux enfants, une adolescente (Jenny Agutter) et un petit garçon (Luc Roeg, le fils du réalisateur) pour un pique-nique dans le bush à bord d’une coccinelle Volkswagen avec laquelle il parcourt le continent pour le compte de compagnies minières. Malgré la chaleur écrasante, les enfants portent leur uniforme d’écolier, le père est en costume (...) cette perversion instantanée des institutions du monde civilisé – la famille, le travail, l’école – donnent au film une impulsion tragique qui en tendra chaque moment, aussi idyllique soit il. Car les enfants, après avoir passé une nuit seuls dans le désert, croisent bientôt le chemin d’un jeune Aborigène (David Gulpilil) qui partage avec eux les fruits de sa chasse et de sa cueillette, sa science du bush. Le garçon fait son walkabout, rite de passage à l’âge adulte par lequel les adolescents doivent parcourir le bush, guidés par des chants et des pétroglyphes.
On perçoit, bien sûr, dans la rencontre entre les corps engoncés dans la serge des uniformes des deux enfants et le mouvement fluide de l’aborigène les échos du mythe du bon sauvage. Mais Edward Bond et Nicolas Roeg ont conscience des séismes que viennent de traverser les empires.
La Randonnée est tournée en pleine guerre du Vietnam (à laquelle l’Australie a participé), et les chasseurs de buffles que croisent les enfants sont là pour rappeler la puissance de feu du monde blanc. Rien n’est acquis, rien n’est permanent au long de la randonnée, à part peut-être les formations rocheuses que gravissent les enfants dans le vain espoir de déterminer leur place dans le monde.
Aux incursions agressives du monde de l’industrie et de l’argent, Nicolas Roeg oppose des séquences idylliques. Il filme avec la patience d’un naturaliste les créatures du bush, échidnés, lézards aux allures de dragons, divinités indifférentes à l’agitation humaine. Le cinéaste a ménagé au milieu du film une espèce de refuge où les trois enfants s’accordent fugitivement, entre l’eau et le désert.
Il y a enfin une nouvelle raison de voir ce film. Les spectateurs de Charlie’s Country, le beau film de Rolf de Heer sorti en décembre 2014 après avoir été présenté à Un certain regard (La Randonnée avait également été projeté à Cannes, en compétition, en 1971), se rappellent certainement de l’interprète principal, un homme meurtri par la vie qui maintient envers et contre tout sa loyauté à l’égard de sa culture, de ses ancêtres. Quatre décennies plus tôt, le même David Gulpilil guidait les enfants blonds à travers le bush.
Maître des danses aborigènes, l’acteur a vécu une vie tourmentée, évoquée par le film de Rolf de Heer, qui le mène d’hôpital en prison, sous le regard omniprésent des autorités australiennes. Chez Nicolas Roeg, il est un être innocent et mystérieux, l’expression d’une grâce qui semble à la fois tout à fait étrangère aux gestes et aux expressions des petits Européens qu’il accompagne. La juxtaposition des deux films forme comme le paysage lacunaire d’une vie, à charge pour le spectateur qui aura vu La Randonnée en salle et Charlie’s Country d’imaginer ce que fut le walkabout de David Gulpilil entre les deux tournages.
Sorti en 1971 et sélectionné à Cannes la même année, La Randonnée (Walkabout) s’inscrit dans
Sorti en 1971 et sélectionné à Cannes la même année, La Randonnée (Walkabout) s’inscrit dans un contexte social trouble. En effet, ce n’est qu’au milieu des années 1960 que les Aborigènes ont enfin été reconnus comme citoyens australiens à part entière. Événement sans précédent dans l’histoire du peuple, puisque le massacre et l’anéantissement de la culture ancestrale des autochtones sont enfin assumés.
Dans le même mouvement qui conduit à la révolte de la communauté noire aux États-Unis et à la libération de la femme à travers le monde (occidental), la contrée des bush rangers se soulève à son tour. C’est le moment choisi par le Britannique Nicolas Roeg pour réaliser un film sur l’invasion, à la fois culturelle et géographique, des colons en Australie, mais aussi sur l’impossible communion des ethnies : la civilisation moderne ne peut plus revenir aux sources. Le pessimisme règne ici en maître. "
En Australie quand un Aborigène atteint ses 16 ans, il est envoyé dans la nature. Pendant des mois, il doit survivre. Y dormir. S'en nourrir. Rester en vie. Même s'il lui faut pour cela tuer d'autres êtres vivants. Les Aborigènes appellent cela Walkabout".
La Randonnée est un récit d’errances qui s’entrechoquent. Rituelle et initiatique pour le jeune Aborigène en plein walkabout (premier rôle de l’immense David Gulpilil), l'errance est une épreuve de survie pour les deux enfants du monde moderne. Ils veulent uniquement subsister et sortir du bush après y avoir été abandonnés. Le point de départ de ces deux balades sauvages (prémices formelles du cinéma de Terrence Malick) est déjà la démonstration du conflit à venir.
D’un côté, le walkabout est une coutume au sein de la communauté aborigène pour passer à l’âge adulte. Le jeune homme maîtrise la situation et sait parfaitement ce qu’il doit faire, comment subvenir à ses besoins. Et pour cause, il est chez lui, dans le désert. De l’autre côté, c’est un drame qui conduit à l’errance forcée et inattendue pour les enfants occidentaux : le suicide de leur père. Les deux parcours se posent alors en métaphore de l’état des civilisations en place. L’une, la plus jeune, est au bord de l’explosion (le suicide en serait la concrétisation criante) et la génération qui se profile va devoir réinventer ses propres repères pour se perpétuer et renaître. L’autre, la plus ancienne, est en harmonie totale avec la terre qui l’entoure, aussi aride soit-elle, mais dépassée et inadaptée au monde contemporain.
Le regard cruel de Roeg sur ces temps “modernes” est une vision assez courante dans le cinéma des années 1970, notamment dans le cinéma de science-fiction. On y voit souvent la fin des temps accélérée par l’invasion d’une humanité qui ne respecte ni ses ancêtres, ni la planète. Soleil Vert, La Planète des singes ou même Mondwest sont des cris d’alarme contre la course technologique et urbaine en plein boom à cette époque. Mais ces œuvres ne diffusent pas le même parfum avant-gardiste que La Randonnée sur le plan formel.
Le film, outre sa symbolique très universelle, déploie une esthétique expérimentale, qui vient nuancer le propos et parfois même discourir à la place des personnages. Dans un mutisme hyper signifiant, la forme vient dire les passerelles et limites invisibles entre les mondes. La ville, dévoilée en ouverture du film, émet un brouhaha permanent, confus et exaspérant. Elle ressemble en tous points à une prison architecturale faite de béton et de briques. Le bush, lui, est filmé comme un espace apaisant et menaçant à la fois, faisant valoir son propre brouhaha visuel : les plans multiples sur les animaux et les cadavres rappellent combien le désert grouille de vie et combien la nature encadre tout instant de l’existence.
Roeg compose son film comme un poème sensoriel, dans un entre-deux à la fois mystique et profondément cartésien. Son montage est à l’image de ce postulat fort. Il est parfois classique : un moyen d’identifier deux pratiques, deux habitus prompts à être comparés. Le boucher découpe la viande comme le font les Aborigènes après avoir capturé leurs proies. Les scientifiques sont obnubilés par leurs pulsions sexuelles pour la seule femme de leur équipe, tout comme l’Aborigène est attiré par la jeune adolescente blanche. Au-delà de ces effets d’analogie, le montage se fait aussi laboratoire, catalyseur de sensations, flirtant avec le cinéma de David Lynch. Bien des raccords sont dictés uniquement par la recherche d’une expérience organique et sensitive : les plans deviennent le simple matériau d’un réseau de motifs abstraits pour construire l’effet d’un songe éveillé.
Lorsque le jeune garçon raconte une histoire à l’Aborigène, des pages se tournent littéralement à l’écran. Encore un artifice pour s’émanciper de la fiction conventionnelle. Souvent, la superposition des plans, dans de longs fondus enchaînés, produit un trouble latent. Lorsque les enfants s’allongent par terre, ils se confondent peu à peu avec la roche. La fusion des corps et de la Terre est alors totale. Mais, l’instant d’après, des Aborigènes dansent sur le cadavre d’une voiture brûlée. Les deux régimes de montage et d’images dessinent alors un tout cohérent qui impose deux récits parallèles : le survival pur et la rencontre spirituelle des êtres avec la nature. Un mouvement transcendantal qui rappelle encore une fois le cinéma de Malick.
L’intelligence de La Randonnée est de ne pas se contenter de filer simplement ses deux systèmes narratifs dans leurs oppositions évidentes : sauvagerie contre modernisme, passé contre présent, ville contre désert, …
Le film de Roeg est sans cesse mesuré, dépassant ces dichotomies simples et invitant à réfléchir sur l’archaïsme aborigène, inadapté à notre monde mais pourtant bien présent (la manufacture d’objets “authentiquement” australiens). Dans leur cynisme désespéré, les peuples arrivent néanmoins à se parler et même à recréer ici une unité familiale éphémère. Le petit garçon, par son jeune âge, développe une relation forte avec l’Aborigène. Son cerveau n’est pas encore soumis aux règles du monde civilisé, l’enfant sait encore apprendre intuitivement de l’autre. Son comportement procède d’un mimétisme de plus en plus fort avec son nouvel ami. Il s’approprie ainsi les moyens de sa survie bien mieux que sa soeur, plus âgée et déjà conditionnée par la société “urbaine”.
Si le temps de l’errance revêt une forme quasi fantastique, il n’en est pas moins un fantasme de réconciliation des peuples et l’illusion d’une symbiose possible est toujours repoussée. Jamais cette structure familiale ne semblera parfaitement unie, excepté en un instant magique, hors du temps : la baignade des trois êtres, nus, dans un petit lac. Les oripeaux de leurs origines retirés, ces jeunes gens ne sont plus que des corps bruts, enclins à appartenir au même monde. Mais la sublime parenthèse ne durera pas.
Car Roeg ne quitte pas sa ligne sombre. Et s’il fait de ces enfants perdus les témoins privilégiés de la déliquescence du monde, il en fait aussi et surtout des êtres détruits. Comme dans La Nuit du Chasseur ou L’Enfant miroir, le mal rôde et l’innocence brisée est l’âme noire du récit. Le bush devient l’antichambre du monde actuel, un négatif de la société.
Le voyage imposé est un périple en terrain interdit, sauvage, mortel. Pour découvrir la pureté, il faut d’abord découvrir sa vraie nature. Cela passe par la rencontre avec ses propres instincts, primaux et morbides. C’est in fine la véritable articulation du film. Le rapprochement sexuel entre la jeune adolescente et l’Aborigène est d’ailleurs une des lignes de force de la Randonnée, déroulée discrètement, avec une douceur et une tendresse infinies. Mais leur impossible union (physique, culturelle) figure l’échec indubitable d’une nation.
En jouant sans cesse de la métaphore, Roeg inonde son oeuvre d’une beauté naturaliste immense, qui sonne pourtant comme une dernière complainte avant la fin du monde. L’aveu déchirant de l’impossible communion d’une société avec sa terre d’accueil et ses rites ancestraux.
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