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Deux documentaires rares pour filmer l'exploit, le courage et l'obstination avec l'ascension inédite de deux sommets himalayens comme avec la menace d'un volcan
Deux documentaires rares de l'auteur d' "Aguirre". Dans "La Soufrière", en 1976, Herzog part en Guadeloupe où un volcan menace d'entrer en éruption et rencontre une poignée d’habitants qui ont choisi de rester malgré l'annonce de la catastrophe. Dans "Gasherbrum, La Montagne lumineuse", le cinéaste suit Reinhold Messner, légende de l’alpinisme, qui se lance, en juin 1984, dans un nouveau pari avec son acolyte Hans Kammerlander : faire l’ascension en une seule expédition de deux sommets de l’Himalaya culminant à plus de 8000 mètres ; un exploit inédit car réalisé d’une seule traite, sans camp fixe, sans radio ni oxygène.
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" Dans les deux cas, Herzog parvient à façonner une belle réflexion sur l’engagement, le danger et l&rs
" Herzog lit dans la presse que trois paysans ont refusé d’être déplacés alors que le volcan est supp
" Herzog lit dans la presse que trois paysans ont refusé d’être déplacés alors que le volcan est supposé se réveiller dans les prochains jours. Dans la journée, il plie bagages et se rend sur place avec Jörg Schmidt-Reitwein et Ed Lachmann. Ils gagnent la ville de Capesterre-Belle-eau, 17000 habitants, complètement désertée.
C'est un paysage de fin de monde qui s'ouvre à eux : plus une voiture dans les rues, mais des feux rouges qui fonctionnent encore, une télé allumée et plus personne pour recevoir ses images, quelque vitrines pillées, des animaux qui errent dans la rue... la ville semble s'être vidée en un souffle et Herzog a la chance de filmer une vision d'apocalypse digne de l'ouverture du Jour des morts vivants, et ce sans le moindre effet spécial.
La nuit de leur arrivée, les signes annonçant l'explosion se font plus pressants et les derniers scientifiques quittent la place. Herzog plante une caméra à 35 kilomètres du volcan afin qu'elle soit à l'abri de l'explosion, son déclenchement devant intervenir automatiquement lorsque celle-ci aura lieu. Lui et son équipe retournent ensuite vers la Soufrière, avec dans l’idée que si le volcan explose, ils filmeront tant que possible et enterreront la pellicule afin qu’elle puisse devenir un outil à destination des archéologues du futur.
Cette idée pour le moins saugrenue témoigne d'une idée qui court tout au long de son geste documentaire : celle de filmer non pas pour ses contemporains mais pour les générations futures. Plusieurs de ses films sont ainsi fabriqués comme s'ils étaient vus par des hommes venant du futur ou d'une autre planète, instaurant par là un dialogue entre notre époque et le devenir de l'humanité. Une nouvelle façon pour le cinéaste de relativiser l'importance de nos existences, de marquer leur côté éphémère au regard de l'infini de l'univers (...)
cette obsession pour les traces à laisser pour les générations futures est certainement aussi due à l’omniprésence dans son imaginaire du fantôme de son grand père archéologue.
Herzog filme longuement la ville depuis un petit avion, et on a l’impression qu’il est en train de filmer sa disparition imminente, qu'il est là pour capter son dernier souffle avant qu'elle ne disparaisse sous la fureur du volcan (...)
Herzog et ses deux collaborateurs parcourent ensuite la ville. Passage magnifique où le cinéaste nous immerge dans la ville morte par le biais de ces lents travellings dont il a le secret. Il nous plonge dans une sorte de stase temporelle, nous fait arpenter un monde hors du monde, calme, silencieux, paisible.
Un étrange sentiment d’harmonie submerge les trois hommes qui, comme possédés, ressentent le besoin de se rendre à la source de ce silence, au cœur du cratère. Ils montent le long d'une route parsemée de gros blocs de pierre projetés par le volcan mais doivent soudainement rebrousser chemin alors qu’un nuage de souffre descend le long de la montagne. Ils tentent une deuxième ascension qui elle est couronnée de succès et les trois hommes ramènent quelques images qui se révèlent décevantes, très peu spectaculaires.
On s'attend à contempler les gorges de l'enfer et l'on a qu'un amas de fumée s'étendant sur une terre grise... la fin du monde a un visage bien trivial. En redescendant de leur expédition sur la Soufrière, Herzog et ses compères partent en quête de ces hommes dont il a entendu parler dans les journaux. Ils trouvent le premier allongé, dormant tranquillement. Il s'éveille un peu et leur explique tout simplement qu’il attend la mort, qu'il ne va pas se mettre à aller contre la volonté de Dieu (...) ce qui est particulièrement marquant c'est leur calme, l'absence totale de peur en eux.
On a souvent relevé à propos de ce film la folie d’Herzog et son goût du danger. Il est vrai que le danger, la peur sont des choses qui intéressent énormément le cinéaste. On pense aux médecins volants de l'Afrique de l'Est, à Dieter Dangler (Little Dieter Needs to Fly), Juliane Koepke (Les Ailes de l'espoir), Timothy Treadwell (Grizzly Man) et bien d'autres protagonistes de ses documentaires qui doivent faire face à des événements dangereux, des environnements hostiles ou des situations extrêmes.
Ce n’est pas l'exploit qui intéresse Herzog dans ces histoires, mais la façon dont elles lui permettent de mieux comprendre l'homme. Observer comment un être humain réagit à la tension, à la peur, au danger, à l'imminence de la mort dévoile énormément de choses sur la façon dont il appréhende le monde et la vie (...)
La démesure de certains de ses projets masquent le fait qu'il est quelqu'un de réfléchi et non un risque tout comme le veut la légende. La Soufrière est en fait le seul film où il est allé au-delà des limites du raisonnable, mais c'est que rencontrer ces hommes répond chez lui à un besoin impérieux de mieux saisir quelque chose de l'essence de l'existence.
On ne peut cependant pas complètement mettre de côté le fait qu'Herzog avait certainement une grande ambition en décidant de risquer sa vie pour tourner ce film, qu'il était persuadé de revenir avec une œuvre grandiose, unique. Mais (...) il sait se moquer de ces « conquêtes de l’inutile » dans lesquelles il se lance tout en sachant qu'elles font partie de son cinéma et de sa vie..."
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