Lumière 2014 — Patrick Brion : où va la cinéphilie ?
VIDEO | 2014, 8' | Il est la voix (mais aussi le programmateur) du Cinéma de minuit qui initia, grâce à la télévis1
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Un correspondant de guerre, rejoint une unité d'infanterie en Afrique du Nord durant la 2ème Guerre mondiale. Il découvre vite les hommes derrière les soldats.
Ernie Pyle est correspondant de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va suivre un petit groupe de fantassins américains impliqués dans deux moments clés de la guerre : la campagne d'Afrique du Nord et celle d'Italie. Il va centrer ses articles sur le métier de soldat certes, mais aussi et surtout sur la vie quotidienne de ces hommes de l’infanterie américaine, tiraillés entre leur devoir, leurs relations amicales et sentimentales. À la tête du bataillon, le lieutenant Walker, qui conduit ses hommes à la bataille de San Vittorio…
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" ... Si la mise en scène de Wellman se refuse à tout spectaculaire, reléguant les scènes de bataille et l
" ... Si la mise en scène de Wellman se refuse à tout spectaculaire, reléguant les scènes de bataille et les morts au hors-champ, le scénario rejette également toute chronologie « classique » du film de guerre, voguant entre la Tunisie et la campagne italienne, entre des bombardements en Afrique du Nord et la bataille de San Pietro, entre la résignation du capitaine Walker et les disparitions de personnages qui, simplement, ne reviennent jamais dans le récit.
La dramaturgie du film est centrée autour des personnages et de leurs relations, notamment par le biais de Pyle ici incarné par Burgess Meredith (dont la ressemblance avec son modèle est étonnante, sinon effrayante), et non autour des événements eux-mêmes. Le film n’a pas à proprement parler d’arc dramatique : les situations, les batailles, les marches forcées se succèdent sans lien apparent.
Les G.I.’s avancent, creusent et dorment sans jamais comprendre ce qu’ils font au quotidien, ni si leurs actions ont un sens quelconque au cœur de cette guerre incompréhensible. C’est en cela que Les Forçats de la gloire ne s’apparente pas aux autres productions de l’époque, qui font la part belle au nationalisme, à la solidarité humaine et au dénigrement de l’ennemi commun.
Rien de tel ici. L’ennemi n’a pas de visage – sinon celui de vagues snipers perchés au sommet d’une église en ruines –, les morts successives ne provoquent pas de réactions extravagantes, et les ordres venus de l’état-major sont absents. Wellman dilue l’intérêt narratif dans un brouillard sensitif, constitué de plans rapprochés, dont on ressort avec l’impression d’avoir échoué à comprendre le plan d’ensemble non seulement de l’œuvre, mais de la guerre elle-même.
Le titre original, une fois n’est pas coutume, est plus parlant : The Story of G.I. Joene relate pas l’histoire de la guerre, mais celle des hommes qui font la guerre ; pour rappel, « G.I. Joe », dans l’imaginaire américain, symbolise l’ensemble des G.I.’s, une sorte de soldat-monsieur-tout-le-monde. C’est pourquoi Ernie Pyle, qui participa de près à la production du film, en avait accepté l’idée à la condition qu’il ne soit pas centré sur sa personne : le journaliste souhaitait rendre hommage aux soldats anonymes plutôt qu’à sa profession ou son propre travail.
Wellman pousse au maximum son refus du sensationnel, préférant rejeter les morts de ses G.I.’s dans l’espace invisible du hors-champ, soulignant seulement leurs conséquences banales : ainsi de Murphy (John Reilly), fraîchement marié lors d’une belle séquence intermédiaire avec l’infirmière « Red » (jouée par Dorothy Coonan, « Madame Wellman »), et dont la disparition n’est rendue effective que par le geste d’un autre soldat, qui raye simplement son nom d’une liste.
En toute fin de film, Wellman « tue » le capitaine Walker – l’un des premiers rôles importants de Robert Mitchum, jusque là confiné aux séries B, pour lequel il obtint sa seule et unique nomination à l’Oscar, celui du meilleur second rôle – mais n’en montre que l’effet : le cadavre, porté à dos de mule, donne lieu à un commentaire désabusé de Pyle. L’affreuse rigidité de ce corps, si vivant autrefois, si plein de la voix grave et pesante de Mitchum, n’est illustrée par aucun pathos.
La mort n’est pas utilisée comme un ressort mélodramatique, elle se donne comme une réalité brute, qu’il faut accepter telle quelle, sans fioritures..."
" ... directement inspiré des carnets du journaliste Ernie Pyle. Ce dernier, lauréat du prestigieux Prix Pulitzer est ic
" ... directement inspiré des carnets du journaliste Ernie Pyle. Ce dernier, lauréat du prestigieux Prix Pulitzer est ici incarné par Burgess Meredith, que les plus jeunes connaissent surtout dans le rôle du vieil entraîneur de Rocky Balboa.
Pyle suit ici un petit groupe de fantassins américains pendant la Seconde Guerre Mondiale en Afrique du Nord puis en Italie. Le film surprend par son ton volontairement intimiste et humaniste. Wellman est, en effet, plus intéressé par le profil de ces héros anonymes que par les séquences de combats (qui sont pourtant remarquables!) La caméra prend ainsi le temps de nous montrer les petits moments du quotidien de chaque soldat créant avec le spectateur un lien affectif profond.
Comme le rappelait Bertrand Tavernier, maître de cérémonie de la rétrospective du cinéaste américain, Wellman détournait volontairement son regard de l'action et de son résultat "préférant utiliser la force du hors-champ." Wellman c'est aussi "le cinéaste de scènes de pluie" (dixit Tavernier). L'eau ajoute ici à l'inconfort des protagonistes noyés dans les incertitudes de leur futur proche. Les Forçats de la gloire impose également un corps et une présence hors du commun: Robert Mitchum. L'acteur sera d'ailleurs éternellement reconnaissant à Wellman de lui avoir donné ce rôle de Lieutenant désabusé qui lui valu une nomination à l'Oscar (...)
un pur bijou..."
" Pas d’héroïsme ou de patriotisme bravache dans les récits des batailles de Tunisie, de Libye ou d’Ita
" Pas d’héroïsme ou de patriotisme bravache dans les récits des batailles de Tunisie, de Libye ou d’Italie, mais des faits bruts, de la peur, du dégoût, de l’épuisement et du chagrin. Ce sont exactement les sentiments qui traversent le film de Wellman, relevant pratiquement d’un antimilitarisme ou, du moins, d’un pacifisme effarant quand on songe que la guerre est bien loin d’être gagnée quand le tournage débute.
Hormis les scènes de combat dont beaucoup, comme souvent chez Wellman, privilégient la violence hors champ (comme le regard des soldats découvrant le premier de leurs camarades à tomber), le film gagne en intensité lorsqu’il s’agit de traduire l’insoutenable et pathétique épreuve que constitue le quotidien de la guerre. L’attente interminable dans des grottes humides, la boue gluante du camp retranché, les sanglots ravalés, les bricoles dérisoires qui rappellent le pays et l’unique préoccupation de rester en vie comme compagnon de route.
Aux côtés de Burgess Meredith, qui incarne Ernie Pyle, Robert Mitchum, alors presqu’un inconnu, est admirable en sous-officier taciturne. Barbu et sale comme un peigne, il condense à la fois le héros dont rêve l’Amérique et l’anonyme taiseux qui se tape le boulot sans rechigner parce que c’est comme ça et pas autrement que la guerre se terminera, si possible en victoire (..)
Comme pour parachever l’ensemble, le destin se chargera de mettre un point final cruel à l’histoire. Ernie Pyle, après avoir suivi les troupes américaines de la Normandie jusqu’à Paris, sera abattu par un tireur isolé à Okinawa quelques semaines avant la sortie du film.
Quant aux quelque 150 figurants du film, authentiques soldats de l’infanterie qui avaient effectivement participé à certaines batailles évoquées ici, ils périront tous dans le Pacifique. Dévasté, Wellman ne fut jamais capable de revoir son film."
" The Story of GI Joe, sorti en France sous le titre à la fois niais et assez exact Les Forçats de la gloire, l’es
" The Story of GI Joe, sorti en France sous le titre à la fois niais et assez exact Les Forçats de la gloire, l’est d’abord parce qu’il s’agit d’un des meilleurs films de guerre jamais réalisé. Il est signé d’un très grand réalisateur, William Wellman, que la singularité de ses opinions (pas seulement sur le cinéma) et un caractère de cochon, tirent à l’écart des feux de la reconnaissance.
Connu pour avoir cassé la figure de Daryl Zanuck, «bête noire de Jack Warner et de Louis B. Mayer», cet ancien héros de l’aviation américaine durant la première Guerre mondiale, dont les engagement progressistes sont célèbres, a déjà tourné plus de 60 films (dont L’Ennemi public, premier grand film noir avec James Cagney, la première version de Une étoile est née, L’Etrange Incident, réquisitoire contre le lynchage, Buffalo Bill qui pour la première fois donnait la parole aux Indiens…) lorsqu’on lui propose ce scénario, lui aussi singulier à plus d’un titre. Il s’agit en effet de rendre hommage non à une action héroïque ou à une figure exceptionnelle, mais aux trouffions de base qui se battent toujours.
On est en 1944, il faudrait prêter davantage d’attention à ce qui distingue les films de guerre tournés durant les conflits de ceux qui seront réalisés ensuite, une fois la guerre gagnée et la légende en train de s’écrire – sur ce plan, le seul rival de The Story of GI Joe est le chef d’œuvre de Raoul Walsh, Aventures en Birmanie. Le titre revendique ce projet, mais le film le décale à nouveau, en faisant très intelligemment d’un civil le personnage central: le correspondant de guerre Ernie Pyle, devenu très célèbre justement pour s’être fait le chroniqueur des hauts faits et des souffrances quotidiennes, des trouffions, sur tous les fronts où combat l’US Army.
Wellmann, qui en bon aviateur méprise les rampants, rencontre Pyle, même pas un soldat, ils deviennent les meilleurs amis du monde. Un très bon acteur qui n’a rien d’une star, Burgess Meredith, a déjà été embauché, choisi par le journaliste pour jouer son rôle, de préférence à Gary Cooper, Fred Astaire ou James Cagney.
Le reporter et le réalisateur travaillent ensemble sur le projet, préférant s’appuyer sur des données de premières mains à commencer par les articles de Pyle et son livre, et les images effectivement tournées en pleine action par un autre grand de Hollywood, John Huston, et qui feront la matière de son admirable La Bataille de San Pietro (1945 toujours). Pour jouer les soldats de la compagnie C du 18e bataillon de la Cinquième armée, Wellman veut des vétérans, pas des figurants.Après moult tractations, le haut commandement les lui accorde.
Il refuse aussi de prendre une vedette pour jouer l’officier qui commande l’unité à laquelle Pyke est affecté, et choisit un abonné des seconds rôles dans des séries B… nommé Robert Mitchum, qui grâce ce seul film deviendra une star.
Du désert tunisien à la libération de Rome, le résultat est un film incroyablement dense, qui donne la préférence aux hommes sur les péripéties tout en parvenant à maintenir une tension extrême, selon une économie du récit d’une modernité quasi-prophétique, avant Rossellini, bien avant Fuller. Le véritable Ernie Pyle, qui aura beaucoup accompagné la création du film, est mort pendant la bataille d’Okinawa avant que The Story of GI Joe ait été terminé."
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