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Des détenus, des lycéens et des habitants d'une banlieue, qui veulent rédiger une nouvelle Constitution, obtiennent un rendez-vous à l'Assemblée nationale.
Ils s’appellent Fanta, Joffrey, Soumeya... Ils sont en prison, au lycée, au travail. Ils ne se connaissent pas et communiquent par messages vidéo. Ils ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution. Pendant près d’un an ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble. Ils vont redécouvrir le sens du mot politique. Ils vont imaginer d’autres règles du jeu. Cette aventure va les conduire jusqu’à l’Assemblée Nationale.
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"Voilà, ça commence, nous sommes en 2018, François de Rugy est, pour l’heure, président de l’Assemblée nationale, nœud de cravate très serr
"Voilà, ça commence, nous sommes en 2018, François de Rugy est, pour l’heure, président de l’Assemblée nationale, nœud de cravate très serré — et appelle de ses vœux une « démocratie plus représentative et efficace » — timides applaudissements de l’Assemblée autour de lui réunie. Puis viennent les propos de la rapporteuse de la commission des lois, discours inaudible, fécondé par des communicants anonymes, boursouflé jusqu’à l’écœurement d’éléments et langage — et nos oreilles s’agacent, nos yeux s’écarquillent devant cette évidence : ces gens-là sont les ennemis du langage et c’est justement de cela que va nous parler Nous le peuple. Puisque, de l’autre côté, de Sarcelles à Villeneuve-Saint-Georges, la parole bafouille parfois, mais se créée, germe et prospère, fertilisée par le terreau de la sincérité. Elle se révèle souvent d’une drôlerie fracassante, ainsi cette fulgurance, c’est « la marche de la république en recul » — doit on entendre « recule » ?
our vous dire deux mots de ce film, voici : des fils d’immigrés, des ex-taulards et des femmes de couleur et en colère ont la folle ambition d’écrire une Constitution nouvelle et d’aller à la rencontre des fonctionnarisé.e.s qui légifèrent notre démocratie. Et, pour leur part, Fanta, Joffrey ou Soumeya parlent vraiment, sont « les voix de l’ombre » qui s’espèrent bientôt « lumières » et s’attèlent avec un bel enthousiasme à la rédaction de leurs « doléances » — et ce mot nous rappelle que nous ne sommes justement plus les enfants des Lumières, mais d’une monarchie intemporelle. Un projet nourri d’espérance, de vœux innocents, comme celui de « dénoncer l’inégale chance de réussite selon les milieux sociaux », triste réalité qui n’a rien d’une dénonciation gratuite, ou encore d’évidences, dont la stigmatisation des quartiers par les médias. Très vite, il nous devient impossible de ne pas aimer ces révolutionnaires qui, de velours, tapissent leur rage. Car ce qui se joue, dans Nous le peuple, c’est la confrontation de l’idéalisme, de la sincérité avec la vacuité de nos élus. C’est la beauté contre la laideur, l’espoir contre le défaitisme, le désir contre la renonciation. Et c’est bientôt une évidence : Nous le peuple est un film de guerre, de guerre langagière.
Le montage alterne donc la parole du peuple avec celle de nos cher.e.s élu.e.s, dont celle de la Ministre de la Justice qui, une fois n’est pas coutume, n’omet rien dans ses déclarations et s’avère momentanément d’une rare franchise : « Il n’est pas toujours nécessaire de faire appel au peuple » et, pour résumer, si l’approbation du peuple était nécessaire lors de la création de la république, elle ne l’est plus vraiment désormais, puisque nous avons nos élus.
Le duo de réalisateurs parsème ses cadres d’idées, de noms d’écrivain, ou glisse en arrière-plan ce panneau qui affiche, non sans fatalisme, cette conjugaison impossible « Je vais/tu vas/elle va ». Bien évidemment, nos révolutionnaires n’iront nulle part, si ce n’est à une réunion en catimini avec quelques députés faussement insoumis et qui mettra en évidence ce violent paradoxe : ce que l’on appelle démocratie ne l’est bien évidemment pas. Le contrat est rompu, la parole n’est pas au peuple mais à des élus obnubilés par leur carriérisme, leur vacuité, qui sous couvert d’amabilités assènent un mépris d’une rare flagornerie : « Vos témoignages sont très touchants… » mais « si on s’est engagés en politique » ou « j’entends bien »… Bla bla bla.
On songe évidemment à Kafka, à la parabole de la Loi, à son triste mélange d’inaccessibilité et injustice car la fin de ce film, on l’a devinée dès ses cinq premières minutes : cet accès à la démocratie, on leur promet tout en leur rendant impossible, on nous l’offre mais sous le seul état d’illusion. Ils rêvent d’« aller à l’hémicycle » et l’on se souvient qu’un « hémicycle », c’est un cercle rompu, une disharmonie, donc, un lieu où tous les regards convergent vers le monarque au nom indicible, — notre président s’appelle-t-il Jupiter, Macron ou Fillon ? Peu importe, au fond, la manière dont on nomme le despote d’un pays qui s’est vendu depuis longtemps aux joies du libéralisme et des impérialismes financiers, puisque « (…) Brutus est un homme honorable,/Ils le sont tous, d’ailleurs, tous honorables. », comme le disait si bien Shakespeare dans Jules César. En atteste la réaction, à ce projet de constitution, de la Ministre de la justice : « Nous ne sommes pas du tout dans le niveau constitutionnel (…) Rehaussons tout au niveau de la constitution ! »
Le film se conclut par un autodafé, celui du courrier de fin de non-recevoir émis par le gouvernement. C’est bien la première fois que je me réjouis de voir un écrit brûlé. En somme, Nous le peuple, c’est du François Ruffin, mais sans caricature ni putasserie mooriste, c’est donc un film subtil, intelligent, forcément triste, forcément beau."
"La démocratie participative a été le fer de lance de nombreux politiques, jusqu’à notre président Macron qui s’était engagé à changer la fa
"La démocratie participative a été le fer de lance de nombreux politiques, jusqu’à notre président Macron qui s’était engagé à changer la façon de gouverner. Pour autant, force est de constater que cette belle intention ne parvient pas à trouver sa place sous les dorures de notre République. Le début atteste particulièrement de ce paradoxe politique. Le président de l’Assemblée nationale, un certain François de Rugy, pénètre dans l’Assemblée, entouré d’une cohorte solennelle d’officiers. Il va ouvrir une Constituante, fait rare dans l’histoire de nos institutions. La présidente chargée de proposer un nouveau texte se réjouit de porter le projet du président de la République qui, d’après ses dires, exige de changer profondément les modalités politiques en France. Quelques minutes plus tard, c’est à la Ministre de la Justice de prendre la parole dans l’hémicycle et de revendiquer la légitimité de l’Assemblée nationale, à défaut de donner la parole au peuple. La messe est dite. Si la réforme de la Constitution est LA chose publique par excellence, les élites du pouvoir se passeront de la parole des citoyens.
Nous le peuple propose une sorte de débat citoyen, bien avant celui proposé par E. Macron, à la suite du mouvement social des gilets jaunes. Ce débat met en parole un groupe de détenus de la prison de Fleury-Mérogis, un groupe de lycéens de Sarcelles, et un groupe plus hétéroclite d’habitants de Villeneuve-Saint-Georges. Ils ont tous des choses à dire sur le monde, la discrimination, la police, leur place dans la société. Ils le font avec pudeur, grâce à deux animateurs, et une série de films qu’ils se projettent d’un espace à l’autre. Alors, la parole grandit. Elle devient lumineuse, digne, profonde. Elle raconte la violence de l’exclusion, le sentiment de mépris venant des élites parisiennes, elle raconte la beauté possible dans ces cités discriminées ou ces prisons bruyantes.
L’objectif principal du film n’est pas de défendre une esthétique du documentaire. Et pourtant, le format cinématographique est indispensable. Il donne la voix à ces laissés-pour-compte que la présidente même de la commission, Yaël Braun-Pivet rejette dans un courrier particulièrement hors de propos. La députée démontre à quel point les élites politiques sont loin des préoccupations de tout un chacun. Heureusement, le cinéma est là pour donner de l’écho à ces citoyens de seconde zone. La plus émouvante scène demeure celle de l’entretien accordé au groupe, dans une salle de l’Assemblée nationale. La douleur du malentendu explose sous les plafonds dorés. La douleur de la relégation conjuguée au mépris s’exprime sans fard. Les exemples sont concrets, précis. Les femmes parlent de l’abandon de l’espace public. Les politiques écoutent, sourient, compatissent. En vérité, leur témoignage ne sera pas retenu.
Il faut aller voir ce film pour la générosité qu’il donne à voir. On ressort de cette aventure humaine, rassuré par nos banlieues, et surtout avec le sentiment que la vraie vie n’est pas ailleurs. Nous le peuple est un documentaire flamboyant, humaniste et politique, au sens noble du terme. Payer une place pour découvrir le film a quelque chose d’un geste profondément républicain."
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