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Dans une banlieue de Birmingham dans les années 1980, deux adolescents vivent auprès de parents, qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts.
Au début des années 1980, Ray et Liz survivent à Dudley, une banlieue de Birmingham. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Ray, qui est toujours en manque d'argent, reçoit une allocation et sous-loue une chambre de l'appartement. Sa femme, tatouée et constamment en train de fumer, coud des noms de groupes d'heavy metal sur des jeans. Will, leur locataire, est un fan de metal qui harcèle le frère de Ray. Les enfants Richard et Jason tentent de grandir dans cet environnement un peu particulier. Richard est studieux alors que Jason prend le chemin de la délinquance.
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"Quiconque a déjà vu les travaux de photographe de Richard Billingham connait déjà ses parents, Raymond et Elizabeth, ainsi que tout le rest
"Quiconque a déjà vu les travaux de photographe de Richard Billingham connait déjà ses parents, Raymond et Elizabeth, ainsi que tout le reste de sa famille, puisqu’il a consacré ses clichés les plus connus (mais aussi les plus controversés) à ce que ses proches peuvent avoir de plus disgracieux. Sa reconversion vers le cinéma reste concentrée sur ses souvenirs d’enfance et son cercle familial. Il reste donc toujours aussi difficile de déterminer sa véritable finalité, entre catharsis purement personnelle ou volonté d’ouvrir les yeux à son public sur les affres des classes populaires de la société britannique.
La première partie de son film à sketchs (qui représente en fait une trentaine de minutes scindée entre le début, le milieu et la fin), consacrée à son père vieilli, et devenu aussi grabataire que solitaire, est d’ailleurs un court métrage qu’il a tourné indépendamment deux ans avant les autres – ce que les différences de mise en scène laissent deviner. Cette information nous assure que Richard Billingham a hérité d’au moins une chose de ses parents, à savoir du goût pour les puzzles de sa chère maman.
C’est dans le sens du détail méticuleusement soigné sur la direction artistique, la gestuelle et la façon de parler des personnages que l’ensemble du long-métrage trouve en fait son homogénéité. Les deux parties situées dans les années 80 ne présentent en effet aucune connexion narrative évidente. La première d’entre elles n’est même qu’une mésaventure anecdotique survenue à son oncle, ne laissant que très peu de place aux autres membres de la famille pour être introduits. Il saute alors aux yeux que ce qui semble intéresser Billingham est davantage l’espace de vie que se partagent ses personnages que les personnages eux-mêmes. Filmer des acteurs est moins une fin en soi que sa volonté de reconstituer l’appartement dans lequel il a grandi. Les conditions difficiles dans lesquelles il nous raconte avoir vécu sa jeunesse, qu’il s’agisse de la putrescence des murs qu’il magnifie grâce à ses talents de photographe ou l’embarras qu’avaient ses parents à payer les factures, forment une peinture grinçante de ce que pouvait être le prolétariat sous l’ère Thatcher.
Le dernier acte, situé quelques années après le précédent et qui s’avère être le plus long des trois, se concentre sur Jason, le petit frère de Richard, que l’on observe en train de faire des bêtises. L’âpreté propre au naturalisme avec lequel est filmé ce décor rebutant laisse alors place à une évanescence toute enfantine. Et pourtant, notre regard d’adulte sera régulièrement repris à parti, notamment en voyant ce gamin jouer au bord de la fenêtre. C’est également en suivant cet enfant que ce qui semblait être un parti pris de tourner l’intégralité du film en intérieur va être abandonné. Or, si cela peut sembler regrettable, il apparaît vite que le souvenir que l’auteur garde de la fugue du jeune Jason est indispensable dans ce qu’il tient à nous raconter de sa famille.
L’apogée émotionnelle du film est en effet la conséquence directe de cet événement. Et la fin du film –qui est donc la fin de la première partie, ça va, vous suivez ? – n’en devient alors que plus poignant encore puisqu’il apparaît que la situation de Raymond et Elizabeth n’a absolument pas changé malgré les années passées. Peut-être ont-ils été des parents contestables, mais en leur rendant ainsi hommage, Billingham s’assure de leur pardonner toutes leurs failles, et en arrive même à nous faire nous interroger sur nos relations avec nos propres aïeux."
"Richard Billingham s’est fait connaître depuis la fin des années 1990 pour ses photographies controversées, décrivant crûment les frasques
"Richard Billingham s’est fait connaître depuis la fin des années 1990 pour ses photographies controversées, décrivant crûment les frasques quotidiennes de sa propre famille, prolétaires dans le besoin de Cradley Heath, cité ouvrière du « Pays noir » à proximité de Birmingham, dans les Midlands. Son père Raymond, ivrogne, et sa mère Elizabeth, matrone fumant cigarette sur cigarette, en étaient les personnages récurrents, photographiés dans leur intérieur décati et dans des postures rarement flatteuses. Ces séries brutes et féroces n’en ont pas moins constitué un document de première main sur les années du gouvernement de Margaret Thatcher et ses effets concrets sur les conditions de vie des classes les plus défavorisées.
Pour son premier long-métrage, Billingham met en scène les mêmes personnages, cette fois incarnés par des acteurs, dans le cadre d’une étrange fiction relatant quelques bribes de vie sous forme de sketches. Au début du film, Ray, alors vieil homme, regarde les mouches voler dans son petit appartement crasseux, où il passe ses journées seul, à boire et à se remémorer le passé des années 1980, quand il vivait auprès de Liz et de leurs deux enfants.
Par deux fois, Jason, leur benjamin, s’est retrouvé en mauvaise posture : une fois confié à la surveillance faillible d’un oncle simplet ; une seconde fois contraint à passer une nuit dehors, dans un cabanon de jardin. Episodes d’une négligence aussi terrible que banale, venant de personnes que le chômage et des indemnités au compte-gouttes réduisent à une misère sordide, les rendant oublieux de tout le reste.
En ne dissimulant rien des errements de ses parents, Billingham pose sur eux un regard paradoxal, à la fois tendre et cruel, aimant et impitoyable, qui lui permet d’approcher l’âpreté même de l’indigence sociale, sans avoir à verser dans les écueils répandus du misérabilisme ou de l’édulcoration. Si le film perturbe avant d’émouvoir, c’est parce qu’il orchestre d’abord les absences à répétition des parents, avant de les retrouver à chaque histoire plus démunis.
Frappe surtout la façon dont Billingham s’intéresse aux « intérieurs », dans un sens domestique tout autant qu’intime : les demeures successives de Ray et Liz, maison et appartements, se composent comme des mondes en soi, refermés sur eux-mêmes, ouvrant sur un chaos de détails qui traduit aussi la folie des parents. Mondes de bibelots poussiéreux, d’objets de récupération, de papiers peints lépreux, de mégots écrasés, de matières souvent viles, mais aussi d’animaux et d’insectes, sans que le décompte en soit jamais sinistre – mais d’une poésie noire.
Les quelques virées de Jason au-dehors dévoilent un pays sombre et brumeux, semé de tristes bâtisses, de friches où tout semble petit à petit regagné par la végétation. L’intérieur et l’extérieur se renvoient la balle d’une même claustration, dessinant un monde uniformément froid, face auquel la seule réponse possible n’est peut-être que la folie douce et autodestructrice qui unit Ray et Liz. C’est cette folie-là, dans sa pulsation branque et syncopée, que Billingham ne cesse de scruter, les blessures de l’âme se reflétant partout et à chaque instant dans le grand délabrement de leur univers matériel.
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