Cinélatino 2016 : Les deux mères d'Anna Muylaert
VIDEO | 2015, 15' | Dans Une Seconde Mère, la réalisatrice brésilienne évoque une situation bien familière dans so1
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Luca, tatoueur, vit chez sa grand-mère, Luiz deale pour arrondir ses fins de mois et Luara vend des poissons exotiques... En attendant des jours meilleurs.
A Sao Paulo aujourd’hui, Luca est tatoueur et vit chez sa grand-mère. Luiz travaille dans une pharmacie et deale pour arrondir ses fins de mois pendant que Luara, sa copine, tient un magasin de poissons exotiques. Ils traînent ensemble pour échapper à l’ennui et à la société consumériste en attendant des jours meilleurs.
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" Le réalisateur brésilien, Francisco Garcia, auteur de trois courts métrages, invite le spectateur, pour son premier long métrage, à passer
" Le réalisateur brésilien, Francisco Garcia, auteur de trois courts métrages, invite le spectateur, pour son premier long métrage, à passer un moment mélancolique à São Paulo avec trois jeunes (...)
Une douce et amère mélancolie émane de ces relations amicales et amoureuses fluctuantes, éprouvées par l’austérité de leur quotidien et l’avenir incertain qui les attend. Que reste-t-il à faire lorsque la tirelire est vide et que l’indifférence s’installe ? Partir à la recherche de plaisirs momentanés (on ne compte plus le nombre de plans montrant les personnages avec une clope, un joint ou une bouteille au bec). Ou regarder la pluie qui tombe en trombe et les avions qui s’envolent pour de lointaines contrées, après une journée de labeur monotone (...)
Garcia a pris le parti de ne pas les inscrire dans les rues de São Paulo, qui prend des allures de ville fantôme, mais au contraire de les filmer dans des intérieurs clos et habituels où l’on ne cesse de tourner en rond (comme les poissons de la boutique de Luara ou la tortue de Luca), emporté dans la spirale du quotidien de ces personnages attachants mais indolents. Ce faisant, il va à contre-courant de l’image festive du Brésil ainsi que des discours officiels que l’on martèle aujourd’hui sur la reprise de croissance de ce pays, comme celui de l’ancien président Lula qui envahit l’écran de télévision toujours allumé de la grand-mère de Luca. Cible permanente, la jeunesse se retrouve de nouveau flouée ainsi que le montre ce plan fixe de nos trois acolytes, littéralement au pied d’un mur, s’enfilant des Big Mac dans la chaleur suffocante de la ville tandis que les avions de l’aéroport voisin de l’appartement de Luara décollent avec à leur bord les chanceux vacanciers.
Une affiche du film de Jim Jarmusch, Stranger than Paradise, occupe un mur de la remise de Luca le tatoueur, auquel Sao Paulo Blues est clairement un hommage. Chez Jarmusch, un trio semblable, composé de deux amis et de la cousine hongroise de l’un d’eux qui débarque de Budapest pensant vivre le rêve américain et échouant dans un fast-food de la ville industrielle de Cleveland, erre dans différentes villes américaines. Appartements sordides et motels sont leur lieu de prédilection. Son noir et blanc, ses fondus au noir réguliers découpant le film en saynètes pince sans-rire et ses plans fixes se retrouvent dans le film de Garcia qui le dédicace ouvertement à l’une des figures de proue du cinéma indépendant américain.
Un portrait morose, sensible et un peu beckettien d’une jeunesse usée et fatiguée, agacée des égarements de son pays. Écho d’une génération désillusionnée à travers le monde, Sao Paulo Blues compte parmi les rares films brésiliens importés en France, symbole d’une industrie cinématographique nationale fragile mais émergente."
"Avec Sâo Paulo Blues, Francisco Garcia transpose Stranger than Paradise au Brésil sous Lula. Il rend clairement hommage au film de Jarmusch
"Avec Sâo Paulo Blues, Francisco Garcia transpose Stranger than Paradise au Brésil sous Lula. Il rend clairement hommage au film de Jarmusch (et aux années 1980), d'abord par une affiche que Luca a dans son atelier, ensuite par la photographie, la relation triangulaire et de nombreuses séquences comme celle de la voiture, les images de la grand-mère ou Luara qui se met à danser et peut-être aussi le nombre de bières ingurgitées et de cigarettes fumées par tes personnages, les joints en plus.
Cet instantané de la vie de trois amis prend aussi une forme allégorique et étrange à la manière du cinéma Underground brésilien. Ainsi, le jeune réalisateur filme l'ennui palpable de trentenaires de Sao Paulo qui tournent en rond dans un monde clos, à l'image des poissons que Luara vend.
Il n’est question de croissance économique qu'a la télévision, dans leur univers à eux, Luca, Luara et Luiz finissent par voler parce qu'ils ont besoin d'argent pour l'essence afin d’aller au bord de la mer, tes bières, le Viagra, le cadeau pour ta grand-mère. L’argent sert à oublier, à s'échapper un moment de leur enfermement.
Sâo Paulo Blues réserve des images cocasses, comme l'appartement de Luara qui donne sur l'aéroport d'où elle ne décollera jamais ; et des moments de grâce notamment avec le l'étrange pilote qui séduit Luara. À la fois onirique, symbolique, réaliste, absurde, ce premier long métrage récompensé à San Sébastian en 2012 par le prix Nuevos Directores, a une bande son forte. En effet, chaque personnage est accompagné d'une musique qui exprime ses émotions : métal pour Luca, violons pour Luara et techno hard core pour Luiz."
"(...) Cette production aux moyens limités nous façonne le portrait sans ambition qu’ont malheureusement beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, d
"(...) Cette production aux moyens limités nous façonne le portrait sans ambition qu’ont malheureusement beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, dans des pays en voie de développement comme dans les pays industrialisés. Le tournage du film en noir et blanc assombrit encore un peu plus le tableau de cette jeunesse, en drame urbain."
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