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Jeune danseur, Octavio fait la rencontre d'Emiliano qui recherche un acteur pour son prochain film. Une passion dévorante naît entre eux.
Octavio est un jeune danseur passionné contraint de faire un petit break suite à une blessure. Cela ne l’empêche pas de traîner à la salle de danse. C’est alors que son regard croise celui de Emiliano, réalisateur à la beauté magnétique, tournant un documentaire et cherchant un danseur pour son prochain film. Entre eux, sans avoir besoin de se parler, c’est le début d’une passion dévorante et très sensuelle.
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Déjà primé plusieurs fois à la Berlinale (il a reçu deux Teddy Awards), Julian Hernandez est sans aucun
Déjà primé plusieurs fois à la Berlinale (il a reçu deux Teddy Awards), Julian Hernandez est sans aucun doute l’un des cinéastes les plus talentueux de sa génération et sait filmer mieux que personne aujourd’hui le corps masculin. Tout le bonheur du monde (Yo soy la felicidad de este mundo en VO / I am Happiness on Earth pour son titre international) est une nouvelle démonstration de son immense talent de metteur en scène. Plastiquement, cette nouvelle œuvre est absolument renversante de beauté et dès les premières minutes on a l’impression d’entrer en transe, de naviguer dans une réalité fantasmatique, suivant de façon hype sensorielle la rencontre à la fois romantique et vénéneuse entre Octavio et Emiliano. On retrouve cette caméra aérienne, flottante, apte à renforcer chaque geste, chaque émotion. C’est sublime, intemporel, vertigineux.
Comme à son habitude, l’auteur mêle différentes formes d’art pour entraîner le spectateur dans un labyrinthe de sens teinté de mélancolie. Ici, le cinéma se mêle à la danse, à la musique, la performance, et même légèrement à la pornographie. Si déjà en temps normal Julian Hernandez troublait et enivrait par le caractère hypnothique, très charnel et chorégraphié de ses projets, ici il atteint de véritables sommets. La forme éblouissante fusionne avec un scénario à la mécanique presque lynchienne. Une trame aventureuse qui amène le public à se perdre au cœur des obsessions du personnage principal, cinéaste retors et narcissique, assurément autodestructeur.
On pourrait scinder ce nouveau long en trois parties distinctes : la rencontre entre Octavio et Emiliano, sublimée, à fleur de peau / un passage qui nous plonge au cœur du film d’Emiliano, traduisant de façon poétique, abstraite et parfois violente les pensées de son auteur / la liaison entre Emiliano et Jazen, jeune gigolo pour lequel il se prend d’affection. Le dernier segment apporte la clé du film et vient , de façon bouleversante, donner un sens nouveau à tout ce que l’on avait pu voir auparavant.
Avec une folle intensité se dessine le portrait d’un jeune réalisateur qui a tout pour lui (la beauté, le succès, le confort matériel) mais qui se révèle complètement brisé. Emiliano ne peut vivre qu’à travers son art, à travers les images, ses fantasmes. La réalité est à ses yeux une permanente source de désillusion, la gueule de bois de ses échappées fictionnelles, une frustration en comparaison de ses rêves d’absolu. Derrière son cynisme de façade se cache un garçon qui rêverait de voir ses grands discours s’effondrer pour vivre une romance, qui n’aspire qu’à la pureté alors qu’il n’a de cesse de tout salir et casser.
Tout le bonheur du monde réussit l’exploit d’être à la fois extrêmement sexy et profond (les acteurs ont beau être tous plastiquement à tomber, ils sont aussi d’excellents interprètes, au jeu intériorisé et nuancé), aussi abouti dans la forme que dans le fond. Julian Hernandez signe sans doute là son film le plus maîtrisé et nous en met plein les yeux de la première à la dernière minute. De quoi confirmer son aura de grand cinéaste…et aussi d’affirmer que cette œuvre-là a tout du chef d’oeuvre.
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