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New York 1940. Juif persécuté en Autriche, Freddy est maintenant assimilé à l’ennemi allemand. Il s'engage dans l'armée américaine pour combattre les nazis.
New York 1940. Naguère persécuté en Autriche en tant que juif, puis stigmatisé comme immigré à New York, Freddy Wolff est désormais assimilé à l’ennemi allemand dès l’entrée en guerre des États-Unis. Il décide alors de s’engager dans l’armée américaine pour regagner l’Europe et combattre le nazisme.
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C’est sous un nouveau visage que s’incarne la mémoire de Troller dans Santa Fe, celui de Freddy Wolff (Garbiel Barylli). Ferry et Freddy, au
C’est sous un nouveau visage que s’incarne la mémoire de Troller dans Santa Fe, celui de Freddy Wolff (Garbiel Barylli). Ferry et Freddy, aux prénoms si proches, pourraient être les deux visages d’un même homme, celui, candide, de l’enfant jeté dans la violence de l’histoire « avec sa grande hache », et celui, résigné, de l’apatride qui a compris qu’il n’y avait plus de salut sur cette terre (...)
Si le réalisme âpre et le noir et blanc fuligineux de Dieu ne croit plus en nous évoquait le Rossellini d’Allemagne année zéro, la galerie de personnages loufoques pris dans les rais de la fatalité de ce deuxième épisode a des airs lubitschéens.
Autrefois intellectuels reconnus ou bourgeois confortablement installés, les exilés viennois endurent les humiliations de leur statut d’immigrés dans une nation dont ils ne maîtrisent ni le langage ni les codes. Réfugiés dans le seul café viennois de la ville, ils sont contraints d’accepter toutes sortes d’emplois sous le haut patronage de Mrs Shapiro. Popper, le photographe qui héberge Freddy, doit se contenter de portraits d’identités en attendant le grand reportage qu’il rêve de voir publier dans Life, tandis que l’acteur Feldheim (irrésistible Ernst Stankowsky), ne maîtrisant pas l’anglais, est confiné aux rôles d’animaux, ce qui ne l’empêche pas d’aboyer sauvagement. Dans cette existence de petites humiliations, l’ironie de l’histoire n’est jamais loin, comme lors de cette scène où Feldheim se voit enfin doté d’un rôle d’être humain… pour incarner un officier nazi à Hollywood.
Figure la plus pathétique de cette humanité rampante, le docteur Treumann incarne l’exilé qu’ont dépeint Brecht et Benjamin. Écrivain devenu épicier, il meurt à sa table de travail, incapable d’achever le grand roman dans lequel il voudrait inscrire sa mémoire d’une culture autrichienne dont les mots et la langue lui échappent peu à peu.
On entre dans le deuxième volet, Santa Fe, à bord d’un paquebot qui accoste le port de New York. Ironie cruelle, après avoir échappé à tous
On entre dans le deuxième volet, Santa Fe, à bord d’un paquebot qui accoste le port de New York. Ironie cruelle, après avoir échappé à tous les périls de l’Europe, Ferry se noie près de la Statue de la Liberté en voulant sauver une réfugiée, laissant la place de personnage principal à un compagnon de traversée, Freddy, lui aussi jeune, autrichien et juif.
Chassés d’Europe, les juifs germanophones trouvent aux Etats-Unis un paradis illusoire. Ces exilés se heurtent tour à tour à l’antisémitisme ou à la méfiance de ce qui est germanique. L’atmosphère humoristique et désenchantée de ce volet rappelle l’extraordinaire roman d’Edgar Hilsenrath, Fuck America, même si le ton de Troller et Corti est moins iconoclaste.
Freddy rêve du soleil et des cactus de Santa Fe comme d’une page blanche où il pourrait repartir à zéro. Mais on ne se réinvente pas si facilement quand on a passé les seize premières années de sa vie à Vienne.
Le film du retour à Vienne (3e partie, Welcome in Vienna) est celui des retrouvailles avec un pays irrémédiablement transformé par les années de guerre et le noir souffle nazi.
Atmosphère de reconstruction difficile au milieu des gravats, dénazification, anciens tortionnaires ou collabos reconvertis agents anticommunistes ou trafiquants. Même ceux qui voudraient passer à l’Est déchantent : extraordinaire séquence dans un terrain vague avec une apparatchik soviétique.
Le monde d’avant-guerre et la Vienne juive ne sont plus. Autrichien non juif, Axel Corti a voulu filmer cette histoire “non pour faire la morale, mais pour raconter une histoire d’êtres humains” et pour en finir avec le refoulement autrichien.
Troller, de son côté, souhaitait montrer l’ironie et l’absurdité de cette époque : “En France, on nous considérait comme des parasites qui prenaient le travail des autres bien qu’avoir un emploi nous était défendu ! Les autorités du camp préféraient les nazis à nous. On rendait à l’Allemagne des ennemis dangereux tandis qu’on nous gardait en détention, nous qui n’avions qu’un seul désir, nous battre pour la France.”
Cette amère ironie traverse une fresque humaine et historique digne des plus grands romans, marquée du sceau de la vérité et de la complexité, alliant sobriété stylistique et retenue (donc puissance) émotionnelle, déroulant tout du long une grandeur qui ne la ramène jamais.
Que dissimule le fragile tissu de mensonges que les uns comme les autres des protagonistes de Santa Fé s’ingénient ainsi à bâtir ? Rien moin
Que dissimule le fragile tissu de mensonges que les uns comme les autres des protagonistes de Santa Fé s’ingénient ainsi à bâtir ? Rien moins que leur insurmontable incapacité à oublier la patrie perdue. C’est sans doute par son usage de l’espace que la mise en scène d’Axel Corti exprime le mieux cet attachement persistant des personnages au pays dont ils ont été chassés. Les déracinés de Santa Fé aiment à évoluer dans des lieux reproduisant certains de ceux qu’ils ont fréquentés dans leur vie européenne : l’épicerie tenue par Lissa et son père a des allures de "delicatessen" viennois plutôt que de drugstore new-yorkais. Quant au salon de thé tenant lieu de quartier général aux exilés, il ne déparerait pas lui aussi dans une rue de la capitale autrichienne. Et ces simulacres spatiaux de l’Europe semblent avoir plus de réalité aux yeux des exilés que l’Amérique dans laquelle ils sont désormais installés.
À ce titre, le regard que porte Freddy sur une nation dans laquelle il affirme pourtant avec fougue vouloir redémarrer une nouvelle vie - en fait un autre mensonge - est particulièrement révélateur. Filtré par les yeux du jeune homme, l’espace américain se limite ainsi à un ensemble de représentations faisant obstacle à sa véritable vision. La cité de Santa Fé et les immensités du Far West - où Freddy annonce vouloir s’installer et où il n’ira jamais - ne se donneront à voir que sous la forme d’une carte topographique ou bien encore celle d’une affiche de cinéma. Quant à la New York vue par Freddy, elle semble le plus souvent se réduire à ce qu’en montrent les cartes postales : le pont de Brooklyn, la vue panoramique de la ville depuis l’Empire State Building, les gratte-ciels se détachant à l’arrière-plan de Central Park...
Si Freddy et ses compagnons d’infortune échouent en quelque sorte à voir l’Amérique, c’est parce que leur regard demeure invariablement tourné vers l’Europe. Et ils n’ont d’autre choix, puisque le vieux continent continue à conserver une partie d’eux-mêmes. Une part manquante qui les empêche de vivre pleinement la seconde existence qui s’offre à eux au pays de l’Oncle Sam.
C’est ce qu’incarne de manière métaphorique la magnifique figure de madame Marmorek, une femme rendue muette par son incarcération au camp de Mauthausen. Si c’est sa voix que celle-ci a laissée en Europe, d’autres y ont laissé leur inspiration - le docteur Treumann, un poète, ne peut plus écrire depuis qu’il a quitté Vienne - ou leur capacité à aimer - Lissa échouera à s’éprendre de Freddy.
Ce sont aussi, bien sûr, des proches qu’il leur a fallu abandonner en Europe : Popper a laissé derrière lui sa fille, Freddy son père, Lissa son mari et sa mère. Pour redevenir entiers, les personnages brisés de Santa Fé n’ont donc d’autre choix que le retour en Europe pour tenter de recouvrer ce qui leur a été pris. Du moins pour ceux qui s’en sentent encore capables. C’est le cas de Freddy que les dernières images du film montrent en uniforme de GI, s’apprêtant à partir combattre de l’autre côté de l’Atlantique. Et ce après qu’un plan éminemment symbolique l’ait montré déchirant un exemplaire de Aufbau, témoignant ainsi de son refus de construire son existence aux États-Unis.
Quant à ceux qui estiment ce retour en arrière impossible, ils finissent par se consumer dans une mort réelle - le docteur Treumann meurt à sa table de travail, incapable d’écrire, après avoir appris le suicide de Stefan Zweig - ou dans un néant affectif faisant d’eux des sortes de morts-vivants, telle Lissa comme emmurée dans l’épicerie paternelle...
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