Le succès de ce film lui permet d’abord d’obtenir des emplois à la télévision et elle participe à des séries comme « D.N.I » (1995) ou « Magazine for faï »(1996), un programme pour enfants. En 1998, elle réalise un documentaire sur l’écrivain Silvina Ocampo intitulé Dependencias, produit par Lita Stantic, qui produira ses futurs longs-métrages.
Partageant avec Ocampo un attrait pour l’enfance et ses pulsions désirantes amorales, ce documentaire est une sorte de prélude à La Ciénaga (2001), son premier long-métrage, dont le scénario fut primé à Sundance. Tourné dans sa marécageuse région natale, plantant son univers voluptueux, le film capte les petites névroses familiales au travers de détails gestuels, du frissonnement des corps, et d’une bande-son qu’elle qualifie de baroque.
La Ciénaga court les festivals, obtient un succès international et séduit Pedro Almodovar qui produira avec sa société El deseo ses deux films suivant. La Niña santa (2003), qu’elle écrit en 2002 alors qu’elle est pensionnaire de la Cinéfondation, à Paris. Ambiance physique et cantiques pour cette histoire d’éveil au désir inspirée de son éducation catholique, le film approfondit les moiteurs de La Ciénaga, tourné dans un hôtel thermal de la même région. La femme divorcée qui le dirige évoque les personnages de mères barrées qu’incarna Gena Rowlands pour Cassavetes, un cinéma dont Lucrecia Martel s’est toujours sentie proche…
Attirée également par le cinéma fantastique, elle explore cette veine dans la Femme sans tête (2008) où une femme perd ses esprits suite à un accident, croyant avoir tué quelqu’un. Un doute où s’engouffre la perception de son quotidien, et le labyrinthe mental du film.
Parmi ses projets, basé sur une bande dessinée très populaire en Argentine, L’éternaute, dont l’auteur Hector Oesterheld a été assassiné pendant la dictature, est l’histoire d’une invasion extraterrestre à Buenos Aires…
Camille Taboulay