De retour en Grèce, il devient critique de cinéma pour le quotidien Allagi, fait un peu l’acteur, écrit un premier long métrage qu’il abandonne, et réalise son premier court métrage, en 1968, après la fermeture d’Allagi par la dictature militaire.
Deux ans plus tard, il signe son premier long métrage, la Reconstruction : dans un village de l’Epire, une femme tue son mari avec l’aide de son amant. Le film remporte de nombreux prix et lance la carrière du cinéaste. Jours de 36 (1972), co-écrit avec Petros Markaris, revisite les événements précédant la dictature de Metaxas.
Le Voyage des comédiens (1975) est un film de quatre heures qui suit une troupe de théâtre de 1939 à 1952 à travers la Grèce. Il consacre Angelopoulos sur le plan international. Un groupe de chasseurs découvrant le cadavre d’un résistant communiste constitue l’intrigue principale de son film suivant, les Chasseurs (1977).
En 1980, nouvelle co-écriture avec Markaris pour Alexandre le Grand, portrait d’un bandit faisant régner la terreur dans l’Athènes de 1900.
Après un moyen-métrage sur la capitale grecque, Angelopoulos entame sa collaboration avec le scénariste et poète italien Tonino Guerra. Il dirige le Voyage à Cythère (1984), co-écrit par Thanassis Valtinos, qui remporte le Prix du scénario à Cannes : un opposant à la dictature revient au pays après 32 ans d’exil en URSS.
Puis, Marcello Mastroianni incarne l’Apiculteur (1986), un sexagénaire quittant sa femme après le mariage de leur fille et rêvant de devenir apiculteur. Deux enfants traversent Paysage dans le brouillard (1988) jusqu’en Allemagne, à la recherche de leur père.
Angelopoulos et Mastroianni se retrouvent, en compagnie de Jeanne Moreau, pour observer le Pas suspendu de la cigogne (1991) et les réfugiés près de la frontière grecque. A l’occasion du centenaire du cinéma, Angelopoulos collabore au film collectif Lumière et compagnie et offre également le Regard d’Ulysse (1995) en suivant un cinéaste grec (Harvey Keitel) à la recherche d’un film primitif mythique à travers les Balkans.
Trois ans plus tard, L’Eternité et un jour est la rencontre d’un écrivain mourant et d’un enfant réfugié albanais. Puis, Eleni (2004) constitue une longue fresque historique et offre le portrait d’une femme de 1919 à 1945. Pour les 60 ans du Festival de Cannes, Angelopoulos participe au film collectif Chacun son cinémaou Ce petit coup au coeur quand la lumière s'éteint et que le film commence (2007). Enfin, il retrouve Bruno Ganz pour The Dust of Time (2008) dans le rôle d’un réalisateur reprenant le tournage d’un film qu’il avait abandonné.
Camille Taboulay