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Au mois de mars, David Lynch retrouve les salles obscures avec les ressorties de Blue Velvet (le 11/03) et Elephant Man (le 25/03). Une occasion idéale pour remonter le fil de la carrière de celui qui s'est imposé comme le savant fou du cinéma mondial : expérimentation du montage, monde double, fantasmes étranges, visions cauchemardesques, les créations de Lynch influencent le cinéma depuis plus de 40 ans et continuent aujourd'hui encore de nous émerveiller. En guise de sublime piqûre de rappel, la saison 3 de Twin Peaks, réalisée 25 après la fin de la deuxième, nous a prouvé que le génie du cinéaste était toujours intact. Retour sur une œuvre horriblement émouvante.

11. Inland Empire (2006)

Inland Empire est le dernier long métrage en date de David Lynch. Très attendu après le succès de Mulholland Drive, le cinéaste continu d’explorer les veines du possible, de l’imaginaire, et du fantasme. Dans un quartier de Los Angeles, Nikki (interprété par l’incroyable Laura Dern) obtient le rôle titre d'un film qui n’a jamais pu être achevé. Elle rencontre sur le tournage Devon qui incarne l’amant de son personnage et, très vite, la passion dépasse les frontières de l’écran pour se jouer dans la vie réelle... ou peut-être est-ce l’inverse ? On retrouve dans cet opus  le thème de prédilection du cinéaste: Hollywood et ses travers. Filmé à la manière d'un téléfilm, Lynch pointe du doigts les séries télévisées et critique la médiocrité abrutissante des sitcoms. Si le scénario semble clair et linéaire dans la première heure du film, tout se complique par la suite pour échapper aux règles du monde réel, débouchant sur deux heures déroutantes pour le spectateur.

On atteint peut-être avec ce film le paroxysme de l’expérimentale cinématographique de Lynch. Les scènes sont totalement incompréhensibles et si l’on retrouve l’étude des signes chère au cinéaste avec les objets, chiffres et lumière, on se noie totalement dans le tout, à tel point que la fin du film est neutralisé par d’innombrables tentatives d'explications comme autant de théories farfelues. Si Lynch n’explique pas la fin de son œuvre, c’est qu’il n’y a sans doute rien à comprendre.

Hitchcock a été l’un des premiers à expérimenter la mise en scène des rêves et du jeu de l’inconscient. Lynch, lui, est sûrement l’artiste qui est parvenu à les concrétiser visuellement, en donnant vie aux parties les plus sombres de la psyché humaine. Cette mise en image des obsessions et des pulsions est la véritable signature de la filmographie de David Lynch. Chaque film est une quête de plus en plus aboutie qui questionne les limites de notre vie intérieure. Il se distingue ainsi de tous les autres cinéastes de son temps (et au-delà)...

10. Dune (1981)

Dune, le “mal aimé”, est surement le film le plus étrange de Lynch. C’est d’abord un immense pari de réalisation quand on sait que l’œuvre d’origine est une référence de la littérature SF, Dune de Frank Herbert. Le film sort en salle en 1984, un an après Le retour du Jedi et surfe sur la vague du succès de la saga Star Wars pour atteindre le même public fasciné par les "space opera". Mais avec David Lynch, il fallait s'attendre à une adaptation libre et personnelle qui ne ressemblait à aucune autre superproduction de science-fiction. Par l’intermédiaire des décors, des costumes, et de la palette de couleurs utilisées, le cinéaste crée un univers baroque intergalactique unique, intime et singulier. Il est vrai que si certains des effets spéciaux peuvent aujourd’hui donner des maux de crâne, la photographie elle, reste très impressionnante de maîtrise. Dans un autre registre, Lynch réussit une nouvelle fois à repousser les limites de l’imagination.

Contribuant au caractère culte du film, acquis au fil du temps, le casting du film est aussi clinquant qu’improbable, avec en tête d’affiche Sting, mais aussi Linda Hunt, Virginia Madsen, Patrick Stewart, Max von Sydow et Kyle MacLachlan qui deviendra l’acteur fétiche de Lynch. On peut qualifier Dune d'œuvre unique, un véritable ovni, un de plus et non des moindres dans une filmographie atypique, aussi novatrice que troublante. Parmi les rejetons du maître, Dune fait cependant figure d’enfant illégitime : à l’occasion des diffusions télévisées américaines, nécessitant un remontage du film, David Lynch à fait ôter son nom du générique. À voir et à revoir en attendant la version de Denis Villeneuve, qui relève lui aussi ce défi, prévue pour sortir courant 2020.

9. Une histoire vraie (1999)

Auteur d'une œuvre bigarrée, foutraque, mystérieuse, tout en étant parfaitement cohérente et compréhensible, contrairement à l'étiquette abusivement apposée sur sa filmographie, David Lynch surprend son monde en livrant un film désarmant de simplicité et de douceur. Soit un long-métrage doté d'un titre dont la banalité fait office de programme : Une histoire vraie, A Straight Story en V.O, soit celle d'Alvin, un vieillard qui décide de parcourir 400 kilomètres sur sa tondeuse à gazon pour se réconcilier avec son frère, qui vient de subir une attaque cardiaque et avec qui il est brouillé depuis 10 ans. « Straight », c'est le nom de famille d'Alvin, dont Lynch adapte l'histoire, qui a donc véritablement parcouru ces centaines de kilomètres à toute lenteur et fait fondre le cœur des États-Unis. « Straight » signifie également droit, simple, comme la route qu'emprunte Alvin, même si elle est semée d'embûches. Et comme celle qu'emprunte Lynch. Récit linéaire, sobre et saisi par l'émotion, Une histoire vraie détonne dans la filmographie aux accents si sombres de Lynch. Pourtant, le film y a tout à fait sa place et peut même en être l'une de ses clés de compréhension. Débarrassé du mysticisme, de la noirceur et de la complexité caractéristiques de Lynch, Une histoire vraie est une belle histoire jalonnée de personnages touchants par leur désir de simplicité et la façon qu'ils ont de tendre vers le bonheur. Soit exactement ce que le cinéma de Lynch donne à voir de manière évidente dans la quasi-totalité des œuvres qui le composent.

8. Eraserhead (1972)

Certains premiers films ont ceci de précieux qu'ils contiennent déjà tout l'univers de leur réalisateur, qui n'auraient plus qu'à le dérouler, le préciser et l'explorer au fil de leur carrière. Parmi eux, Eraserhead, le premier film de David Lynch, est inestimable car, oui, tout y est : les intérieurs terriblement anxiogènes, Jack Nance, qui deviendra l'un de ses acteurs fétiches, le rêve, le mystère et l'horreur, et même Catherine Coulson (la femme à la bûche de Twin Peaks), coupée au montage après la première du film à Los Angeles, en 1977, mais dont les multiples rôles sur le plateau, d'opératrice caméra à responsable du catering, furent décisifs pour que le film prenne vie. Entamée en 1972, la production minimaliste et fauchée d'Eraserhead ressemble à une gestation heurtée, qui avança cahin-caha au gré de financements aléatoires.

Le résultat est un cauchemar gore et mystique, sans nul doute le film le plus extrême de Lynch, une exploration horrifique de la psyché d'un modeste salarié dont la petite amie, tombée enceinte par mégarde, donne naissance à une affreuse créature, plus proche de l'agneau agonisant que du nourrisson. À mesure que le personnage perd pied, Lynch, qui venait lui-même de devenir père, donne libre cours à sa fantaisie et à ses délires les plus sombres, faits de rêves étranges et d'apparitions terrifiantes, qui fonctionnent comme l'envers du décor de la famille, perçue comme un foyer démentiel. Cette opposition entre la surface proprette du foyer américain typique et la monstruosité qu'il renferme sera au cœur de la filmographie de David Lynch, jusqu'à l’œuvre qui en constitue la matrice, Twin Peaks.

7. Sailor et Lula (1990)

Habitué à flirter les codes des séries B, en jouant sur le décalage que provoque leur imagerie, Lynch passe la cinquième dans le genre avec Sailor et Lula, une histoire d'amour sauvage (“wild at heart” en anglais, qui donne son titre original au film). À jouer précautionneusement avec le feu mélodramatique, mélange d'images cheaps, de jeu outrancier et de personnages mal dégrossis, Lynch risquerait de se brûler les doigts, en étant pris au premier degré. En l'embrassant à fond, le cinéaste en explose tous les codes pour réinventer le mythe américain de la liberté dans ce qui ressemble à un épisode de Dallas boursouflé et saccagé par des riffs de métal.

Dans cette entreprise hautement casse-gueule, qui d'autre que Nicolas Cage, constamment sur la brèche entre l'intensité et le ridicule, pour habiter le personnage de Sailor, caricature du mâle alpha (Elvis, les Malboros et le Jack Daniels) ? Qui d'autre que Laura Dern pour l'accompagner, dans le rôle de Lula, incarnation de la fragilité sexualisée à l'extrême ? Les dialogues sont mièvres, les déclarations enflammées et l'on rit des fondus en couleur sur des étreintes passionnées, mais Lynch ne se moque jamais de ses personnages. La passion réelle et intense de Sailor pour sa fiancée fait éclater l'ordre établi, elle est un défi à l'hypocrisie de la famille de Lula, violeuse, menteuse et assassine, personnifiée par sa mère (interprétée par la propre mère de Laura Dern, Diane Ladd) et au conservatisme mesquin de villes perdues au bord des highways américaines.
Après Gun Crazy et Bonnie & Clyde, le cinéma américain tient sa version post-moderne de l'amour fou qui vaudra la Palme d'or à David Lynch, en 1990.

6. Lost Highway (1997)

Au cœur de l'univers lynchien, Lost Highway occupe, avec Mulholland Drive, une place à part, tant les deux films se ressemblent par leurs qualités et leur structure. Ils constituent l'achèvement d'une démarche entamée avec Eraserhead, qui consiste dans l'exploration des méandres de l'esprit humain, ballotté autant par les traumas que par les fantasmes, l'espoir et l'amour.
À l'instar de Mulholland Drive, Lost Highway présente deux parties bien distinctes, séparé par une scission vertigineuse du scénario. Dans la première, Fred Madison est un musicien qui a trouvé le succès et l'amour. Cependant, l'ombre de l'adultère plane et Fred, soupçonnant sa femme, est peu à peu rongé par la folie, jusqu'à commettre l'irréparable. Dans la deuxième, tout bascule mais rien ne change…
Lynch met donc en regard ces deux hémisphères, a priori complètement différents, qui se répondent dans un jeu de reconnaissances subtil, décors, personnages et événements revenant comme les fragments de la mémoire d'un esprit éparpillé. L'inquiétante étrangeté, omniprésente dans Lost Highway, est décuplée par la puissance des images et du récit. Résolument moderne dans sa manière d'adopter à fond un genre, d'en détourner les codes pour en tirer un commentaire sur le cinéma lui-même, Lost Highway a ouvert la voie à tout un pan du cinéma contemporain.

5. Elephant Man (1981)

Elephant Man est le deuxième long-métrage de David Lynch. Ce qui le différencie des autres œuvres du cinéaste, excepté Une histoire vraie, c’est sa narration linéaire et classique. Il est souvent perçu comme le plus “conventionnel ” des films de Lynch, mais cela est réducteur tant l’œuvre est dotée d’une grande force onirique.
Elephant man, c’est l’histoire de John Merrick, un homme atteint d’une maladie rare qui lui déforme le crâne et lui donne un aspect si “monstrueux” qu’il est exposé comme bête de foire dans un cirque londonien. Le cinéaste choisit d’abord de dissimuler le visage de cet « homme éléphant » au spectateur. Il faudra attendre plus d’une demi-heure, pour y être enfin confronté. Ce mystère entourant la découverte du visage du monstre annonce la place centrale occupée par le regard dans l’œuvre. Le film est une allégorie de  l’interdit et du désir de transgression auquel est confronté chaque être humain, et sur laquelle repose toute la puissance de l’œuvre. Entre attraction, attirance et répulsion, le monstre exerce une fascination pour tous et nous questionne sur notre condition de voyeur. David Lynch rend ainsi hommage à ce qui fait le cinéma, son essence même, c’est-à-dire sa capacité à jouer avec le montré/caché, le champ et le hors champ et ce voyeur qui peut devenir voyou.
Le film fait également référence à l’histoire du cinéma et l’on pense bien sûr à Freaks : La Monstrueuse Parade de Tod Browning, qui mettait en scène de véritables « bêtes » de foire. Référencé, le cinéma de Lynch n’en demeure pas moins universel et nous replonge dans des thématiques malheureusement très modernes et contemporaine comme la peur de l’autre, la méfiance, la non-acceptation des différences et des handicaps. Il nous montre surtout que nous pouvons être John Merrick ou les complices des montreurs d’ours et autres monstres de foires… C’est la force du film et la force du cinéma de Lynch que de savoir nous perturber et faire bouger nos lignes de certitudes. Elephant man, œuvre classique du réalisateur dans sa construction mais fondatrice de ce que sera son parcours cinématographique...

4. Blue Velvet (1986)

Parmi les séquences les plus marquantes du cinéma de David Lynch, l'ouverture de Blue Velvet pourrait résumer à elle seule sa vision de l'Amérique et la logique propre à son œuvre : au son du standard langoureux de Bobby Vinton, “Blue Velvet” justement, la caméra de Lynch plonge sous les parterres de fleurs soigneusement entretenus, au pied de palissades d'un blanc immaculé, pour découvrir une oreille sectionnée, recouverte d’insectes monstrueux et de boue. L'organe entraîne celui qui le découvre, un étudiant candide et avide d'aventures, Jeffrey, dans une sombre histoire, sur les traces d'une mystérieuse chanteuse de cabaret.
Avec Blue Velvet, à la fois violent, pervers et en même temps “facilement” lisible, David Lynch trouve le juste équilibre entre le fantasme et l'horreur, en puisant dans ses souvenirs d'adolescence. De son propre aveu, la chanson Blue Velvet évoque la quiétude de la vie dans les banlieues américaines, qu'il a connue, au sein desquelles rien ne doit normalement dépasser, des fleurs comme des habitants. Ces États-Unis au ralenti, irradiés de lumière et de sourires, aperçus au début du film, c'est un rêve auquel est accolé le cauchemar des bas-fonds pervers dans lesquels Jeffrey se précipite. Outre l'atmosphère, il y a sans doute beaucoup de Lynch dans le personnage de cet étudiant naïf qui goûte au frisson d'une existence pleine de vices et se découvre des penchants honteux. Un boy-scout curieux qui ne mènerait pas cette vie-là mais brûle de savoir qu'elle existe.
La fascination qu’exerce Blue Velvet doit beaucoup à la superposition entre l'innocence et le mal, entre le rêve et le cauchemar, si chère à Lynch, ici rendue avec une frontalité qui donne toute sa force au film : aux journées baignées de lumière de Jeffrey succèdent des ténèbres hallucinées et peuplées de personnages inquiétants. Avec Blue Velvet, David Lynch associe deux jeunes acteurs indissociables de son travail futur, Laura Dern et Kyle MacLachlan (découvert dans Dune), épaulés par un Dennis Hopper au sommet, en prince maniaque de la nuit et Isabella Rossellini, aussi sensuelle qu'inquiétante.

3. Twin Peaks, la série

Au commencement du projet Twin Peaks règne une évidence : Lynch ne fera pas ce qu’on attend de lui, ce que les chaînes de télé attendent à l’époque d’une production standard. Bousculer les codes, repousser les limites, c’est précisément ce que va réussir à faire Twin Peaks, caché derrière un Whodunit « basique » (Qui a tué la fameuse Laura Palmer ?) pour mieux visiter d’autres réseaux. L’envers du décor est ici un monde mystique, diabolique, sensoriel, fou. Un univers jamais vu à la télé, épouvantablement addictif. Un univers anxiogène, qui s’invite dans le quotidien d’une audience non avertie, sans forcément avoir frappé à la porte. On y croise des nains blêmes qui parlent à l’envers, des femmes avec des bûches, des chouettes, des pièces rouges entre les mondes, des géants. On ne sent pas en sécurité dans la petite ville aux mystères infinis mais on y revient comme un rituel nécessaire. Ce «phénomène » est une nouveauté dans un paysage audiovisuel qui n’a jamais accueilli aussi inquiétante étrangeté. L’addiction est là et c’est bien ce qui intéresse Lynch, plus que la résolution d’un mystère quelconque. Jouer avec le ressenti, tromper le public, expérimenter. Poursuivre à l’envi son désir de fiction. A la fois soap opéra, enquête « policière », ovni fantastique, drame, comédie : Twin Peaks (Mystères à Twin Peaks pour les vétérans de la Cinq) est en quelque sorte la synthèse parfaite de toutes les créations audiovisuelles du moment. Le tandem Lynch/Frost y place même une forme d’autodérision permanente comme pour moquer la routine quotidienne et les habitudes du téléspectateur. On comprend très vite que la linéarité du récit y sera abolie pour prendre tous les virages sinueux possibles. Retarder les réponses ? Non. Lynch ne veut tout simplement jamais arrêter son petit manège. Son obsession est de créer des fragments d’intrigue pour mieux les disséminer partout. Le mysticisme forcené fait loi ici.
Aussi, en dévoilant le coupable, le réalisateur de Lost Highway fait acte symbolique de concession aux enjeux de l’audimat, voire de renoncement. Nous n’étions qu’à l’épisode 15 mais c’était déjà la fin d’une forme de liberté pour le tandem. La greffe ne pouvait prendre totalement.


Lorsque le cinéaste et Mark Frost ont annoncé le retour de la série pour une troisième saison, un quart de siècle après son dernier épisode, une forme d’excitation incontrôlable s’est fait ressentir. Celle qui a tant apporté à l’esthétique sérielle vient boucler la boucle d’un quart de siècle pendant lequel la série a explosé dans toutes les directions formelles et narratives. On s’est aussitôt souvenu de la promesse de Laura, faite à l’agent Cooper à la fin de la seconde saison : « I’ll see you again in 25 years ». Et on a bien du mal à croire à une coïncidence.

2. Mulholland Drive (2001)

La particularité de Mulholland Drive est de présenter deux parties bien distinctes, à l’image de la duplicité de ses personnages féminins : celui du rêve et celui du cauchemar, celui du fantasme et celui de la réalité. La première partie est idyllique : Betty (Naomie Watts), une jeune et jolie canadienne, rêve de cinéma. Elle est pleine de vie, souriante et toujours optimiste. Son premier casting est un succès flagrant, tous veulent se l’accaparer, le rêve américain opère. Elle croise sur son chemin Rita (Laura Harring), une brune amnésique, fragile et soumise après avoir subi un accident de voiture. Une histoire d’amour passionnée s’amorce entre les deux femmes. Puis le film redémarre à zéro. Si la première partie avait des allures de paradis, la seconde ressemble à l’enfer.

Lynch met en scène la psyché de son personnage double à travers les rêves et les fantasmes et réalise une structure cyclique, avec ses constants allers-retours dans le temps et l’esprit des personnages. En suivant des schémas chaotiques, découpés, analogiques, les personnages féminins de Lynch permettent au cinéaste d’explorer le monde sans cohérence apparente. Le fantasme devient maître du récit et le double de leur personnage trouvent leur place dans le divin comme dans le démoniaque. David Lynch prend le spectateur au dépourvu en inversant le langage attribué normalement au rêve (narration anarchique des événements) et le langage normalement attribué à la réalité (narration chronologique). Comment distinguer le vrai du faux si le songe devient aussi vrai que la réalité et qu’il en possède tous les attributs ? Avec Lynch, difficile d’avoir des certitudes tant il existe de lectures sur l’identité des personnages féminins, sur le fantasme et sur la réalité... 

 

1. Twin Peaks : Fire Walk With Me (1992)

A l'origine de ce chef-d'œuvre une série, Twin Peaks, écrite avec Mark Frost et le livre de sa fille, Jennifer Lynch, "Le journal secret de Laura Palmer", préquel de la série. David Lynch  revient donc aux origines, aux racines du mal en réalisant l'adaptation de ce livre qui nous embarque dans les sept derniers jours tourmentés de la vie de Laura Palmer, cette belle adolescente américaine qui cache bien des secrets. Si les évènements semblent très découpés et ne pas avoir toujours de liens ensembles, ils forment pourtant une montée crescendo de la peur et de l’angoisse. Entre polar, fantastique et horreur, David Lynch détruit les codes classiques hollywoodiens et jouent avec nos nerfs dans la confusion de son récit  mêlant habilement le jeu du conscient et de l'inconscient chez ses personnages. Si dans Mulholland Drive, Lynch brise “le rêve américain,” dans Twin Peaks : Fire walk with me, il démolit l'American Way of Life révélant une face cachée de la bourgeoises américaine où drogue, crime et débauche sont monnaie courante. L’œuvre fait ressortir toute la dualité complexe des hommes, le bien et le mal en traitant des pulsions humaines les plus sombres dans un monde en dérive. Cette notion de double est omniprésente dans le récit.  La ville en premier lieux, “Twin Peaks” (les Cimes Jumelles), comme un symbole, mais aussi tous ses personnages, de Laura Palmer son personnage principal, jeune fille sage au premier abord, mais qui se drogue et se prostitue, jusqu'à son propre père, homme de bonne famille qui la nuit tombée devient “Bob”, un violeur incestueux. Mais Twin Peaks, Fire Walk with Me est avant tout le résultat d’une réalisation parfaitement maîtrisée par David Lynch ; tout fait sens et chaque élément fait écho à un autre. Il faut considérer cette œuvre comme un puzzle, une quête, avec des signes à déchiffrer … ou pas! La frontière entre le rêve et le réel est bien mince et la meilleure façon d’apprécier ce film est surement de ne pas chercher à tout comprendre, mais de lâcher prise et de  laisser une chance à l’inexplicable de se produire. Petite mention spéciale à David Bowie dont les apparitions sont aussi étranges que fascinantes et qui colle si bien à l'univers ambigü mis en place par le réalisateur. 

 
 
 

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