Virgil Vernier fait table rase
VIDEO | 2015, 16' | A rebours des conventions, Virgil Vernier se penche sur le berceau du XXIè siècle né meurtri e1
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A Belleville, heurts et cahots d'un tournage indépendant, sur les pas de Nicolas Sornaga filmant "Monsieur Morimoto" (selectionné au Festival de Cannes 2008).
Heurts et cahots d'un tournage indépendant... Virgil Vernier suit le réalisateur Nicola Sornaga sur son deuxième long-métrage, "Monsieur Morimoto" (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs-Cannes 2008), une fiction dans les rues de Belleville dont le héros est un Japonais de 60 ans qui ne parle pas français. Ou comment faire un film avec humour envers et contre tout.
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Autoproduction"Nicola Sornaga tourne un film de fiction dans Paris et autour. Comme ça, sans argent, avec une équipe réduite et enthousiaste
Autoproduction
"Nicola Sornaga tourne un film de fiction dans Paris et autour. Comme
ça, sans argent, avec une équipe réduite et enthousiaste la plupart du
temps. Dans son film, il y a ce vieux Japonais, M. Morimoto, qui ne
parle pas français et que Sornaga décrit comme un mélange "de Buster
Keaton, de Lao Tseu et de Droopy". On imagine que ça raconterait une
errance vaguement jarmuschienne. On verrait bien M. Morimoto faire un
passage chez Beckett, attendre Godot avec les autres. Et puis il y a
Virgil Vernier, qui fait un film sur ce tournage. Vernier filme Sornaga
qui filme Morimoto.
D'ordinaire, on appelle ça un making of, ça tient sur le deuxième DVD d'une édition collector, au côté d'une filmographie, et on ne le regarde pas jusqu'à la fin. Ici, on reste volontiers dans son fauteuil jusqu'au bout. La première différence entre ce film et un bonus DVD, c'est qu'on n'a pas encore vu le film de Nicola Sornaga (M. Morimoto, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, mais encore inédit en salles) lorsque l'on découvre celui de Virgil Vernier. La deuxième différence est un corollaire de la première : on ne cherche pas dans Autoproduction à savoir comment se comporte tel comédien lorsqu'il est hors-champ, s'il sucre son café ou s'il fait des blagues avec l'équipe technique. Ici, tout est inversé : les "stars" sont des inconnus et ce qui nous intrigue en permanence, c'est d'imaginer comment Sornaga s'y prendra pour les faire "entrer en fiction". Et l'on jubile quand on comprend que ce qu'il y a d'histoire là-dedans, ce qu'il y a de narration, réside bel et bien dans ce que ce film a de documentaire. Les aléas d'un tournage sans budget font à eux-seuls un excellent scénario. En plaçant sa caméra à quelques degrés de différence avec celle de Sornaga, Vernier réussit à sonder cette zone trouble dans laquelle réalité et fiction sont mêlées et finit par questionner en profondeur ce qui, définitivement, nous rattache aux écrans de cinéma. Si le cinéma traditionnel veut nous faire croire à la fiction comme à une réalité, si le documentaire aspire le plus souvent à nous montrer que c'est en fait la réalité qui est la réalité, ici on hésite à nommer ce qu'on voit. C'est qu'on aurait bien aimé croire, enfant, à la vie comme aventure perpétuelle, qu'on nous a dit que non, et qu'en fait, ici, eh bien si ! Ce tournage est une aventure perpétuelle parce qu'il n'y a pas d'autorisation de tourner, parce qu'il y a la police sur le parvis de Notre Dame et que dans le cas où elle se pointerait, il faut s'être mis d'accord sur l'alibi. Sur les rails rouillés de la petite ceinture, il y a une mariée qui marche et sa traîne qui traîne dans la boue. Il y a encore un poète en cuir, une prostituée et toujours ce Japonais qui veut bien aquiescer lorsqu'on lui parle.
On pourra évoquer
Sornaga comme un mélange de Don Quichotte, de Gavroche et de Daffy
Duck. A l'écran, se débattant comme un beau diable, le jeune
réalisateur n'est plus une personne mais un personnage. C'est dû au
cadre, au montage et à nous devant. Mais c'est encore dû à la dimension
chevaleresque que prend ce tournage à chaque instant, quand c'est le
temps, le ciel et les frondes qu'il faut contenir."
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