Guy Maddin fait tourner les tables
VIDEO | 2015, 3' | Nous avions filmé Guy Maddin à Beaubourg en 2012 alors qu'il tournait en public au niveau -1 du1
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Sur les flancs abrupts d'un massif inquiétant, les villageois de Tolzbad ont peur. Ce qui n'empêche pas des amours passionnées et incestueuses de voir le jour..
Sur les flancs abrupts d'inquiétants massifs montagneux, vivent dans une angoisse permanente les habitants de Tolzbad. Quelle est cette prudence excessive qui pousse les villageois à calfeutrer leurs fenêtres, à bâillonner les enfants et à faire taire les bêtes ? Qui sont ces gens, où sommes-nous et quand ? Dans cette atmosphère de peur naissent des amours obsessionnelles et incestueuses.
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" ... D'accord, Guy Maddin dit des choses terrifiantes . En vrac : la famille est pourrie, toutes les filles veulent coucher avec leur papa
" ... D'accord, Guy Maddin dit des choses terrifiantes . En vrac : la famille est pourrie, toutes les filles veulent coucher avec leur papa, tous les garçons avec leur maman ; ceux qui ne le font pas s'emmerdent ; ceux qui le font culpabilisent à mort et finissent par se suicider. Mais il le fait d'une manière spirituelle, personnelle, et brillamment kitsch. Comment ? Grâce à un traitement de la pellicule hypra-emberlificoté mais fascinant. L'image, entre l'expressionnisme allemand des années 20 et les portraits de Pierre & Gilles. Le son, entre un vieux 78t et l'écho dans une montagne enneigée.
Passé les premières minutes d'adaptation à cette bande-son pleine de souffles et de craquements, à ces images gothiques en noir et blanc recolorié, tantôt sépia, tantôt orange, c'est avec jubilation que l'on s'installe dans ce conte hilarant.
Car Guy Maddin a beau passer du temps sur les bricolages esthétiques, il ne néglige pas la rigolade. Le récit est en constant décalage et c'est irrésistible de drôlerie : ainsi, dans la nacelle, c'est en bâillant à gorge déployée que Klara explique à Grigorss que son père l'a violée dans la forêt. Lors d'un duel, les protagonistes mettent des heures à déboutonner leur jaquette. Le comte a des ennuis A Tozblad, bourgade perchée sur les hauteurs alpines, la peur de l'avalanche oblige chacun à retenir son souffle, à couper les cordes vocales de ses animaux. D'où ce silence menaçant. L'école de majordomes forme une population guindée, terrorisée par ses chefs, telle cette Frau Professeur, personnage digne d'un Derek Jarman sous acide.
C'est le décalage entre cette rigidité puritaine et les horreurs qui s'accomplissent sous nos yeux ou hors champ qui font grincer de rire avec enchantement.
Selon Guy Maddin, "les réalisateurs d'aujourd'hui ont perdu beaucoup en voulant être réalistes. Les films doivent être atrocement artificiels." La persistance de ses visions (un rêve érotique, un pieu s'enfonçant dans un cœur, un sécateur découpant la toile d'une robe ou se refermant sur une main...), voire leur contagion, devrait convaincre qu'il n'est pas seulement un formaliste doué, mais tout simplement un poète."
" Film de saturations, d'incandescences et de miroitements, Careful est une fantaisie, un conte pour adultes qui nous rapporte éventuelleme
" Film de saturations, d'incandescences et de miroitements, Careful est une fantaisie, un conte pour adultes qui nous rapporte éventuellement à l'enfance sans nous parler comme à des gosses irresponsables.
(...) Souvent, on songe au Tim Burton des débuts, ou à l'archéologie de la comédie musicale américaine, mais on comprend vite que les références sont tout à la fois la spirale folle et la moelle épinière du projet de Maddin. Son Oz perso est un tourniquet d'iconologie qui fait virevolter des images d'Epinal, des «grotesques», des allégories, des passions, des pastorales façon Poussin mais aussi des motifs bucoliques pour fonds d'assiette, des saynètes de papier peint, des vignettes historiques et scolaires, etc.
On pourrait encore ajouter que Maddin a sans doute beaucoup, beaucoup vu La Nuit du chasseur et qu'un autre de ses meilleurs inspirateurs est très probablement Kenneth Anger. Mais l'important est surtout dans cette manière unique qu'a le cinéaste de dire: « Oui, je prends tout; je prends toutes les images du monde et je concasse. Qu'obtiens-je ?»
Compromis de Tyrol alpestre et de Rocheuses mormones, le pays inventé par Maddin est comparable à son cinéma: un truc impossible et attachant, à mi-chemin du theme park sous amphètes et de la kermesse naïve. Mais là où le cinéaste fait la preuve d'un talent magique, c'est dans sa capacité à donner le change, à faire illusion de luxe et profusion avec rien, ou si peu. C'est le Cecil B. De Mille du cinéma en chambre, un vrai Lucas de cabanon : pléthore des décors, fantasia d'effets spéciaux, pyrotechnie, onirisme, rien ne manque, là non plus, à l'appel."
" ... une sorte de fantaisie alpine et alpestre qui croiserait avec profit L'Auberge du Cheval blanc et l'usage abusif des cigarettes qui f
" ... une sorte de fantaisie alpine et alpestre qui croiserait avec profit L'Auberge du Cheval blanc et l'usage abusif des cigarettes qui font rire, quelque chose comme Sissi face à son joint (...) C
omme tout film qui joue sur le fil ténu du second degré au premier degré, Careful ne passe la porte du cabinet des curiosités amusantes que parce que, justement, on n'arrive jamais à trancher : est-ce de l'art ou du cochon ? Ainsi de la joliesse des images savamment délavées qui évoquent les cartes postales colorisées à l'ancienne ou les sépias au pochoir des pionniers du cinéma. (...) De même pour les citations qui piochent aussi bien dans l'expressionnisme allemand (maquillage, émotions surjouées) que dans le constructivisme soviétique (décors et costumes). On peut en jouir sans être érudit de l'histoire du cinéma avant-gardiste de l'entre deux guerres.
Bref, bizarre autant qu'étrange.
Evidemment, c'est le mot kitsch qui qualifie au mieux Careful. Un kitsch augmenté d'un humour spécial, voire sensible, typique d'un esprit gay-camp, tendance Glenn Baxter. Exemple, de Zenaïda à son fils : « N'oublie pas de te laver les dents, un accident est si vite arrivé. » Autant dire qu'après la dégustation de Careful, on crame de découvrir les autres films de Guy Maddin (...)."
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