Alex se fait sauvagement violer dans un tunnel. Marcus son petit ami, est prêt à tout pour la venger. Le film choc de Gaspar Noé… dans l'ordre chronologique.
« Pourquoi ce film ? Parce que l’original était raconté à l’envers et que, submergés par la structure antichronologique du montage, beaucoup de spectateurs n’avaient pas compris certains aspects du récit. Présenté dans le sens des aiguilles d’une montre, tout est clair et aussi plus sombre. Aucun dialogue n’a été coupé, ni aucun événement de l’histoire. C’est pour cela que cette version s’appelle « inversion intégrale » ou « straight cut ». Jusqu’ici, Irréversible était un casse-tête voulu. Désormais c’est un diptyque, comme un vieux disque dont la face B serait le remix moins conceptuel du morceau de la face A, mais cette fois avec des voix plus audibles rendant le sens des mots plus fataliste. Vous verrez. Le temps révèle tout. » Gaspar Noé
"(...) Sans exiger un effort mental de reconstitution, ce remontage rend plus flagrant le délitement progressif des événements. De même qu’il donne une autre ampleur aux nombreux plans-séquences du film (dont celle du viol, étirée sur 15 minutes). Chose étrange : bien qu’on puisse l’anticiper, on s’étonne de la barbarie grandissante du film. Qui prend, dans le contexte contemporain, un aspect sensiblement différent. Dix-huit ans après la projection cannoise de la version initiale, la version neuve s’observe quant à elle sous l’angle post #MeToo. Exposés dans cet ordre, les réflexes de domination masculine qui s’opèrent dans le récit ressortent de manière plus saillante. Dans cette seconde mouture comme dans la précédente, il apparaît clairement que la violence, plus ou moins gratuite, est toujours le fait d’hommes travaillés psychologiquement comme sexuellement par le mythe de la virilité. Mais ouvrir le film sur le personnage d’Alex plutôt que sur celui de Marcus, c’est un peu redonner à celle-ci les clefs de la narration, et contrebalancer symboliquement cette domination. « Le temps révèle tout », nous dit le nouveau sous-titre. À l’aune de ce rapport de force inversé, qui à l’origine n’était pas conçu par Noé, ces mots sonnent aujourd’hui très juste."
Tout d’abord, elle apporte les mêmes forces (ou faiblesses pour certains) que le film de 2002, à savoir une plongée dans les bas-fonds de l’âme humaine et une tentative de comprendre ce qui pousse l’être humain à commettre le pire, le tout porté par une mise en scène très inspirée et une réalisation millimétrée et impressionnante. Cela est dû notamment au fait que rien n’a changé dans l’histoire et que cette nouvelle version 2020 n’est qu’un remontage chronologique… ou presque.
En effet, il est surprenant de remarquer que les durées des deux versions diffèrent l’une de l’autre. Ceci s’explique par le fait, qu’en réalité, un remontage plus subtil qu’il n’y parait a eu lieu, ne se contentant pas simplement de mettre les plans séquences dans l’ordre, mais de les redéfinir presque entièrement, en utilisant par exemple d’autre rushs que ceux retenus dans la version 2002 entre autres (même si là encore, Gaspard Noé se contredit en fonction des sources).
On reste donc en effet exactement dans les mêmes thématiques et réflexions que l’original, mais qu’en est-il de cette nouvelle narration ? N’est-ce pas un paradoxe absolu d’inverser un film dont le titre est justement « Irréversible » ? Ce serait oublier que la vraie force narrative du film de Noé n’est pas tant sa narration que la structure même de celle-ci. En effet, l’important n’est pas tellement de savoir s’il vaut mieux aller du point A au point B ou du point B au point A, mais de justement mettre en avant cette opposition entre les deux points. Que ce soit dans sa narration comme dans sa mise en scène. (...)"
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