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Nathalie est prof de philo. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.
Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie. Ours d'argent au Festival de Berlin 2016 : meilleure réalisatrice.
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« La musique est faite pour être vue, pas seulement entendue. » Cette pensée paradoxale, qui pourrait s'a
« La musique est faite pour être vue, pas seulement entendue. » Cette pensée paradoxale, qui pourrait s'appliquer au cinéma si mélodieux, avec ou sans musique, de Mia Hansen-Løve, c'est Heinz (André Marcon) qui l'exprime à Nathalie (Isabelle Huppert), son épouse. Voici un couple d'intellectuels, des vrais, tous deux professeurs de philosophie, tous deux aimant leur métier, qu'ils exercent à Paris. Cet amour, la réalisatrice le rend d'emblée tangible, à travers l'attachement sensible aux livres (tout sauf accessoires, ici), les idées que le couple échange à table avec ses enfants, le cours que donne Nathalie dans sa classe de lycéens. Tout sonne juste, tout est fluide dans ce tableau culturel qui pourrait être idyllique s'il n'était troublé par un premier souci : la mère maniaco-dépressive de Nathalie (Edith Scob, fantasque à souhait), qu'un moment, agacée, elle n'hésite pas à qualifier de « folle ». Une mère angoissée, envahissante, complexe et drôle aussi, qui l'empêche souvent de vivre. A ce tourment s'ajoute une mauvaise nouvelle, soudaine, totalement imprévue...
Alors que tout semblait paisible, harmonieux, voilà que la souffrance s'annonce dans ce portrait de femme de la cinquantaine, brisée, abandonnée, que l'on voit pleurer à plusieurs reprises. Mais cette souffrance est tempérée par un faisceau d'autres sensations. L'Avenirséduit et transporte par sa forme de distanciation pudique, son absence de pathos comme de psychologie. Sans forcing, dans un geste qui semble naturel, la réalisatrice raconte, dessine, plus qu'elle n'explique, en filmant son héroïne comme un personnage à la croisée des chemins. Peu après avoir appris qu'elle allait désormais devoir vivre seule, on découvre ainsi — étrange transition — Nathalie qui se repose au soleil, sur la pelouse d'un parc parisien. Le vent joue avec ses feuilles de cours, qui se mettent à voler. Au chagrin, profond, réel, la réalisatrice joint une douceur suspendue.
Car rien n'est définitivement perdu. Le temps retrouvé ou le temps qui reste à vivre est un thème prégnant chez Mia Hansen-Løve. Jusque-là, elle le traitait surtout du point de vue de la jeunesse. Pour la première fois, elle épouse le regard de quelqu'un de plus vieux qu'elle, qui pourrait être sa mère et qui vient justement se ressourcer auprès de cette jeunesse, vive, dans le Vercors. C'est là que son « protégé », un jeune philosophe brillant à la pensée radicale, qui a rompu avec l'institution, s'est installé, avec des amis regroupés dans un collectif libertaire. Des idées circulent, il y a de la passion, des élans. Mais la force de la réalisatrice, c'est de mesurer, à ce moment-là, le décalage de Nathalie, tout en restant de son côté, de tout coeur avec elle.
Le film accorde autant d'importance aux mots qu'au silence. A la poésie colorée des paysages — de la Bretagne à marée basse au Vercors doré — qu'aux citations de Rousseau ou de Pascal. L'humour (bienvenu et nouveau), avec ce chat noir capricieux, nommé Pandora, s'invite aussi. Et puis il y a Isabelle Huppert, émouvante, qui ne cesse de trotter, dans la panique. Et qui chemine aussi, ouverte à tous les possibles, dans un présent qui semble infini.
Ceux qui ont vu et aimé ses quatre précédents films ne seront pas désarçonnés par L’Av
Ceux qui ont vu et aimé ses quatre précédents films ne seront pas désarçonnés par L’Avenir (pour lequel Mia Hansen-Løve a reçu à Berlin l’Ours d’argent du meilleur réalisateur), où l’on retrouve tout ce qui fait la singularité de son cinéma : la clarté du récit, la finesse de trait dessinant les personnages, l’incertitude des sentiments, la complexité de l’agencement entre profession et affects, cercle familial et statut social, réalités et idéaux qui tissent nos existences, la succession de moments qui peuvent sembler anodins de prime abord et qui finissent par revêtir tout leur sens et leur ampleur romanesque à force de s’additionner dans les temps longs du film et de la vie.
Bien que ténues, quelques variations nouvelles rehaussent ce nouveau chapitre de l’œuvre en train de s’édifier : le personnage principal, prof de philo quinqua, celui de sa mère, un rôle pour une fois très extraverti et théâtral, un peu de comédie et de burlesque…
Soit Nathalie, femme épanouie qui se partage entre son métier, ses relations avec l’éditeur qui publie ses ouvrages, son époux (prof lui aussi), ses enfants post-ados et l’un de ses anciens élèves en passe de devenir à son tour un brillant philosophe.
Comme à son habitude, Hansen-Løve prend le temps qu’il faut pour poser chaque scène, pour installer au fur et à mesure le personnage, son entourage et son environnement, de repas de famille en réunions désaccordées avec le nouveau service marketing de son éditeur, de cours en classe en discussions intellectuelles avec son ancien étudiant (nimbées d’un léger suspense érotique), de débats avec son mari en disputes avec sa mère aussi envahissante qu’hystérique.
La solitude est une liberté
Les citations de philosophes (Hannah Arendt, Hans Jonas, Emmanuel Levinas, Slavoj Zižek…) émaillent le film mais ça n’est jamais pesant ou cuistre puisque ce métadiscours éclairant le film s’inscrit dans le métier et les préoccupations des protagonistes.
Alors que ses grands enfants vont aussi quitter le nid, qu’elle va donner son encombrant chat (gag récurrent) à des amis, Nathalie prend subrepticement conscience que sa nouvelle situation a priori défavorable peut être retournée en avantage, que sa solitude est potentiellement une liberté (elle devient ainsi une proche cousine de la Françoise du beau Suite armoricaine de Pascale Breton).
Huppert tel Chaplin sur la plage
Contrairement à ce que voudrait nous faire croire une puissante et toxique doxa, un second acte est possible dans la vie des femmes de 50 ans qui sont parfaitement en état d’éprouver un désir d’avenir, comme disait l’une d’entre elles candidate à l’Elysée.
Pour administrer cette tranquille leçon d’émancipation, de vie et de cinéma, Mia Hansen-Løve est superbement accompagnée par un casting d’excellence, du calme André Marcon à la volcanique Edith Scob, de la féline Elise Lhomeau au bel introverti Roman Kolinka. Au milieu trône Huppert, à propos de laquelle on a du mal à trouver des mots neufs puisqu’elle ne cesse de transformer le superlatif en routine. Il faut la voir s’opposer à des crétins qui veulent vendre la philo comme du burger, accueillir avec chagrin mais contenance la rupture d’avec son mari, ou patauger sur une plage tel Chaplin à la recherche de réseau pour son mobile…
Elle est la dynamo tout en retenue de ce film qui accentue encore l’effet Mia : on croit d’abord voir un joli film de plus, sans plus, et in fine on est subjugué par une beauté sans apprêt, une complexité jamais ramenarde et une richesse de sens qui nous élève. Pour paraphraser Cruyff qui parlait de foot, le cinéma c’est simple, mais filmer simple est l’art le plus difficile.
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