Philip Ridley : "Une histoire d'épouvante dans un paysage magnifique..."
VIDEO | 2015, 22' | Avec son premier film, L'Enfant miroir (1990), le cinéaste britannique revisite l'imagerie amé1
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Seth, a un père alcoolique et une mère abusive. De nature rêveuse, il se persuade que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire.
Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père alcoolique et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l'entourent. Alors que les disparitions d'enfants se multiplient, il devient convaincu que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire...
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" Parfois, un film semble se former sous vos yeux (et dans votre coeur). Et lorsqu'il touche à sa fin après avoir pa
" Parfois, un film semble se former sous vos yeux (et dans votre coeur). Et lorsqu'il touche à sa fin après avoir parcouru un crescendo émotionnel, il vous laisse le souffle coupé, et émotionellement bouleversé. (...)
Le plus souvent, on compare L'enfant Miroir au cinéma de David Lynch, on l'a même appelé "Le Blue Velvet avec des enfants" à plusieurs occasions. Beaucoup de ces comparaisons sont justifiées, mais L'Enfant Miroir ne se limite pas à un simple exercice d'imitation. Il vous plonge dans un état d'hypnose extêmement singulier. Ce film vous touche et vous hante et c'est selon moi une de ces rares tentatives cinématographiques qui parvient à capturer l'essence de ce qu'est l'enfance : l'impatience, l'ennui, l'excitation... l'effroi. Et même l'inévitable fin de l'enfance : la perte de l'innocence.
Situé dans une prairie desertique de l'Idaho après la seconde guerre mondiale, L'Enfant Miroir nous raconte l'histoire de Seth Dove. Il a bientôt neuf ans et la vie est étrange et mystérieuse. (...) Seth tente de s'expliquer les disparitions, le chaos, la tristesse et les secrets du monde des adultes, comme beaucoup d'enfants le font. La veuve Dolphin l'influence avec ses idées étranges et il finit par donner une forme familière à l'étrange : un vampire. (...)
"Parfois, les choses horribles se produisent de façon très naturelle", c'est ce que L'Enfant Miroir nous dit. Et le film de Philip Ridley fait intéragir les paysages magnifiques avec des représentations de la laideur humaine. Beaucoup de ce qui se passe dans L'Enfant Miroir est à lire entre les lignes. On pose des questions sans obtenir de réponses. Cameron avec ses saignements de gencives et ses cheveux qui tombent nous rappelle qu'il a peut-être été sujet aux radiations atomiques. Et à partir de là, le film parle de la perte de l'innocence à une échelle bien plus grande."
" Images superbes et mise en scène aux allures parfois baroques, pour une exploration des cauchemars de l'enfance... The Re
" Images superbes et mise en scène aux allures parfois baroques, pour une exploration des cauchemars de l'enfance... The Reflecting Skin, premier film du peintre anglais Philipp Ridley, ne peut laisser indifférent. C'est dans une station d'essence délabrée, au fin fond de l'Amérique profonde des années cinquante, que vivent le jeune Seth et ses parents : une mère obsédée par l'odeur d'essence qui semble imprégner toutes les choses et un père mûré dans sa solitude, prisonnier d'une homosexualité refoulée, se complaisant dans la lecture de romans d'horreur à quatre sous. Des histoires qu'il conte parfois au jeune Seth. Celui-ci finira ainsi par voir dans sa voisine, une veuve vivant dans le souvenir d'un mari mort après une semaine de mariage, l'incarnation d'un vampire. Ne voyant pas le danger plus noir qui le menace, il va se mettre à la persécuter.
Un crapaud qui explose et couvre de sang le visage d'une femme en noir, un homme qui s'immole sous les yeux de son fils, un foetus de bébé... quelques éléments qui appartiendraient plutôt au catalogue du film d'horreur. Pourtant, il est difficile de rattacher le film de Philip Ridley au cinéma fantastique. Pas plus d'ailleurs qu'au cinéma policier, malgré son intrigue.
En fait, The Reflecting Skin demeure inclassable. Peut-être est-ce là d'ailleurs l'une des raisons de son rejet par certains spectateurs. Derrière des images d'une étonnante beauté, se cache un conte macabre et terrifiant où s'affrontent le Bien et le Mal. Une œuvre dérangeante où tout est vu à travers le regard d'un enfant à l'imagination fertile, et trop jeune encore pour comprendre le comportement parfois trouble et ambigu des adultes qui l'entourent.
Film sur la perversité de l'enfance et description d'une certaine Amérique profonde où la notion de péché pesait de tout son poids, the Reflecting Skin est sans doute l'une des œuvres les plus originales et les plus déroutantes de ce Festival de Cannes."
" Dans l’Amérique profonde, vue par Philip Ridley, auteur et réalisateur-de l'Enfant miroir, il y a des champs
" Dans l’Amérique profonde, vue par Philip Ridley, auteur et réalisateur-de l'Enfant miroir, il y a des champs de blé à perte de vue, les entants s’y cachent pour jouer. Ils soçt trois copains, Seth, Eben et Kim, trois vojsins si tant est que l’on puisse parler de voisinage dans cet espace trop vaste, au bord de la route qui mène à la ville. Ville sans nom, sans visage, on dit « la ville », « la route », il n’y a rien d’autre, on ne peut pas confondre. Quelques villageois parfois surgissent un instant avant de replonger dans le néant de leur solitude. Les images sont claires, l’histoire insensée.
Au bord de la route, des carcasses de bagnoles, une station d’essence : la maison de Seth. Sa mère ne peut plus supporter l’odeur qui encrasse l’air, les vêtements, tout. Et en particulier la peau de son mari, un homme tranquille qui a souvent soif, boit de l’eau et lit des histoires de vampire. Sur la couverture, on voit une femme, une blonde sous un foulard noué à la Bardot, les yeux invisibles derrière les lunettes noires. Tout le portrait de la femme d’à côté, Dolphin, jeune veuve anglaise, dont le mari s’est suicidé trois jours après qu’ils se furent installés là. Elle garde de lui des cheveux et dans un flacon l’odeur de sa sueur. Pour Seth, sans aucun doute, elle est un vampire.
Seth, cqmme son père, accepte avec résignation l’hystérie maternelle et supporte sans trop s’en faire des méthodes d’éducation particulièrement sadiques, fondées sur la morale du péché et du châtiment. L’histoire se passe dans les années 50 en pays puritain, l’Apocalypse va s’abattre...
Quatre jeunes gens arrivent dans une voiture noire, une Cadillac bardée de chromes. A chacun de leur passage, un enfant est trouvé mort. Un shérif borgne et manchot accuse le père de Seth, que l’on a surpris il y a longtemps dans la grange avec un garçon. Le père s’immole en buvant de l’essence, en s’en aspergeant, et en se mettant le feu. Alors, «des îles», revient Cameron, le frère aîné, qui paraît grand, beau et-fort. Quelque chose, pourtant, en Lui est abîmé, et il ne quitte pas la photo des enfants d’Hiroshima chez qui la peau du visage est devenue lisse, brillante comme un miroir.
Mais l’enfant miroir, c’est Seth le gosse au yeux brûlants, qui egarde, voit tout, ne dit rien, et dont l’invisible compagne est la mort. 11 capture un crapaud, le gonfle, le fait éclater avec une fronde, au visage de Dolphin, hurlante, ensanglantée. U vit en familiarité avec un monde sur lequel règne la terreur médiévale de la pourriture, des chairs qui - comme à Hiroshima - se désagrègent, des dents qui tombent, des os qui se disloquent. Il vit en bonne entente avec la terreur de tout ce que le temps invente pour punir la vanité humaine. Seth invente des fantasmagories de cauchemar, dans lesquelles Se cristallise sa haine de la femme-vampire - haine d’autant plus vivace que Dolphin va devenir la maîtresse de Cameron. L'enfant déniche un fœtus pétrifié qu’il prend pour un ange, qu'il prend comme confident. Un jour, reviennent les quatre jeunes gens dans la Cadillac noire. Sans sortir, le conducteur caresse légèrement les lèvres de Seth et lui demande s’il veut aller à la ville. Seth dit « pas encore ». C’est Dolphin qui doit monter dans la voiture...
Repoussé par son frère, l’enfant miroir, dans les couleurs folles du crépuscule, tend ses poings vers le soleil-rouge, ombres chinoises de ses mains encore potelées déchirant le ciel...
« Les images que je crée ne sont pas une approche du réel, mais de la vérité des choses », déclare Philip Ridley. Présenté par la Semaine de la critique à Cannes, son film paraissait imbriquer dans un équilibre fragile l’épouvante biblique et un humour ravageur : « Cameron dit à Seth d'aller jouer avec ses copains, et le gosse lui répond : « Je ne peux pas, ils sont morts. » C'est un moment drôle.» Philip Ridley possède une sorte de perversité à double fond : d’abord, le lyrisme convulsif emporte vers une gaieté noire.
A la seconde vision, c’est l’étouffement qui 1’emporte sous forme de grotesque brut, dépouillé. C’est l’originalité insidieuse de ce film, et la découverte d’un auteur."
" On ne peut être sûr que d'une chose avec The Reflecting Skin : cest qu'en la personne de son auteur Philip Ridle
" On ne peut être sûr que d'une chose avec The Reflecting Skin : cest qu'en la personne de son auteur Philip Ridley (un jeune homme de trente ans avec un anneau d’or à l'oreille et un assez impressionnant passé comme peintre et écrivain en Angleterre) on tient un caractériel du genre Terence Malick ou David Lynch, des gens qui inventent des films-mondes très concrets, de façon quasi tactile: des mondes qui ont leur temps et leur logique propres et qui n'evistent pas pour dire, ou montrer, ou dénoncer, mais pour être, simplement.
Ce qui n'exclut pas forcément la prétention. Comme un autre film noyé dans les champs de blé (Les Moissons du ciel), le film de Ridley est hautainement voire même absurdement ambitieux. Et il est si constamment déplaisant qu'on a souvent envie de sauter en marche. Mais il a le mérite d'exister de façon quasi hypnotique et d'avoir des images à la hauteur de ses ambitions.
Cela commence un peu comme cette autre histoire «gothique» (du sud, celle-ci). The Other (de Tom Tryom): des gamins qui font leurs sales tours coutumiers. se racontent des histoires et finissent par les croire. Sur une route poudreuse de l’immense prairie américaine (Idaho, 1950), trois horribles mioches font innocemment éclater un crapaud-buffle au nez de l'«étrangère», comme ils appellent leur jeune mais étrangement laide voisine: ça se gonfle avec un bout de sureau creux, par le derrière, et ça s'éclate au lance-pierre. Miasmes, sang et jus de crapaud, pas exactement un masque de beauté traditionnel. Mais une fois qu'on fait connaissance avec les adultes de ce magnifique mais désespérant pays, on comprend un peu mieux la malice des petits anges : mères abruties par la religion ou simplement rendues hystériques par le manque de sexe (ou trop de sexe trop tôt), pères abdicateurs grands dévoreurs de romans de vampires à quatre sous, fermiers évangélistes trop portés sur la bouteille (et sur leurs chèvres), shérif rapiécé qui doit toutes ses blessures et amputations aux animaux et ne se sent pas d'aise d'avoir à résoudre un vrai crime et trouver un vrai cœur noir. etc. Bref, le jeune Seth a peut-être l'imagination un brin exaltée, mais il y a de quoi.
Un peu après le milieu du film. Cameron Dove rembarre son petit frère Seth et lui demande s'il ne peut pas aller louer avec ses copains au lieu de l'empoisonner avec ses sornettes. Et le mioche de bougonner, l'air mauvais: « Peux pus. Ils sont tous morts.»
C'est qu'en effet la campagne est secouée par une série de disparitions et meurtres dont seul le petit Seth a la clé dans sa caboche. Mais Seth a une lecture bien à lui du monde des adultes Il connaît tout des anges et de leurs ailes (aprèes tout, il a trouvé un fœtus qu'il a illico promu séraphin et mis sous son lit, dans une caisse) mais ne comprend pas que dans son cas la mort a des ailerons, en l'occurrence ceux (les premiers dessinés par Détroit) de la Cadillac noire qui sillonne la contrée. Une Cadillac pleine de jeunes déviants qui torturent et tuent les enfants et, pas begueules, les bonnes femmes quand elles ont l'inconscience de faire du stop.
Si l'histoire de Seth peut faire rouler des yeux (de révulsion ou septicisme). elle nous est présentée avec une telle richesse qu elle en devient incontournable: richesse de détails, texture de l'image et de la musique, abondance d'ironies atroces et dialogues mémorables. C'est avec un œil de romancier, par exemple, que Ridley meuble la maison de Dolphin, l’étrange voisine: bric-à-brac marin, machoires de requins et cétacés divers, harpon et coquillages, qui indiquent peut-être le côte « différent» de la voisine (anglaise et femme de baleinien. mais aussi que le jeune Seth (que l'on voit un moment encadré par une mâchoire) est bon pour le trip initiatique. Cétacé dit la baleine, Jonah, Pinocchio et tout ça. Le harpon demeurant la parfaite fausse piste, puisque dans un autre film (disons, d'horreur normale) il servirait de pieu pour crever le vampire supposé.
La splendeur de l'ensemble et les prétentions de l'auteur (qui ferait bien de la fermer et laisser parler son film : « Vers la fin, dit-il dans le dossier de presse, Seth est devenu un enfant de notre temps, et ses anxiétés sont celles de notre moitié du vingtième siècle —peur du sexe, de la mort et de l’holocauste nucléaire», ouch !) font certainement flairer l'arnaque, Mais il y a trop de talent dans The Reflecting Skin pour qu’on ne veuille pas furieusement lui laisser le bénéfice du doute."
" (...) Peintre, Ridiey l’est, à l’évidence, dans ses images, somptueuses, de champs de blé dor&eacut
" (...) Peintre, Ridiey l’est, à l’évidence, dans ses images, somptueuses, de champs de blé dorés s’étendant à l’infini d’une région d'Amérique (l’Idaho, mais le film a été tourné au Canada) où, dans les années 50, on vit, encore, très replié sur soi-même, ses superstitions, ses principes puritains. Mais aussi dans la façon qu’il a de filmer les visages, ceux d’une veuve trop blonde, trop pâle, ceux d’un enfant aux courts cheveux noirs, au regard brûlant.
Conteur, il nous concocte une histoire extrêmement troublante à laquelle on croit., presque jusqu’au bout et qui nous plonge dans une sorte de cauchemar morbide bizarrement fascinant même pour qui déteste, à priori, les films d’horreur du style festival d’Avoriaz.
C’est qu’il n’y a, ici, de surnaturel que dans la tête de Seth, gamin secret qui vit entre un père pompiste et inexistant, plongé dans des romans à deux sous et totalement soumis à sa femme, et celle-ci, sa mère, une mégère acariâtre, hystérique. Seth s’amuse à faire gonfler d’air puis exploser à la fronde de gros crapauds au visage d’une jeune veuve un peu folle, sa voisine, qu’il déteste encore plus quand elle séduit son grand frère Cameron, revenu, enfin, de ses guerres "dans les îles" du Pacifique. Seth a pour confident un fœtus momifié, assiste à l’immolation par le feu de son père, voit ses deux compagnons de jeux successivement assassinés par un mystérieux tueur... Seth a pour compagne invisible la mort, qui rôde silencieusement entre les blés comme une longue et mystérieuse Cadillac noire, et ronge son frère Cameron, revenu de l’autre côté des mers avec la photo d’un bébé japonais irradié, et dont la peau est devenue lisse comme un miroir.
Ridiey parle de la peur du sexe et du péché, de la solitude qui rend fou, du danger nucléaire, et de la mort. Un climat d’une morbidité rare mais qui est créé sans violence, sans effets spéciaux, sans trucages, avec des images lisses, elles aussi, et d’autant plus inquiétantes. Dans le genre, du grand art et, peut-être, un nouvel auteur. "
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