Alex Van Warmerdam : " Buñuel était quand même un sacré enfoiré !"
VIDEO | 2015, 14' | Absurdes ? Noirs ? Grinçants ? Employez ces mots devant Alex Van Warmerdam pour parler d1
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Une robe bleue, avec des motifs de feuilles d'automne, passe de mains en mains, et de corps en corps, semant le trouble sur son passage.
Le destin d'une feuille de coton qui va rapidement devenir une robe bleue, avec des motifs de feuilles d'automne. Passant de mains en mains, et de corps en corps, elle va semer de troublants désirs chez celles qui la portent et ceux qui la voient. Après "Abel" et "Les Habitants", le film qui consacra son réalisateur au Festival de Venise.
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" Elle est bleue. Avec des motifs de feuilles d'automne, rouges et jaunes. C'est une robe. Toute simple, pas terrible. Raccourcie, salie, dé
" Elle est bleue. Avec des motifs de feuilles d'automne, rouges et jaunes. C'est une robe. Toute simple, pas terrible. Raccourcie, salie, déchirée, en passant de main en main, elle va se transformer. Rien d'extraordinaire. Mais en suivant les " aventures " de cette robe, de sa création à sa destruction définitive, on découvre qu'elle a le pouvoir de déclencher un drôle d'effet : réveiller une sensualité jusqu'alors mise en veilleuse...
La femme âgée retrouve un appétit sexuel, la jeune femme trompe son compagnon, l'adolescente prend soudain conscience de l'attrait érotique de son corps. Trois visages de la féminité à des âges différents, trois facettes d'une sexualité qui cherche à s'épanouir. En dépit des hommes. Eux, le sexe ne les intéresse plus. Ou alors trop, et ils foncent sur la robe comme le taureau sur la cape du toréador. Avec pour unique résultat, une frustration sexuelle généralisée.
Cet étrange regard sur un monde déréglé, nous l'avions découvert, l'an dernier, avec le deuxième film d'Alex Van Warmerdam, Les Habitants (le premier, Abel, est toujours inédit). Nous étions alors au milieu de nulle part, dans une petite ville... constituée d'une seule rue ! Et, déjà, les " habitants " avaient bien du mal à vivre leurs fantasmes. Ici, on retrouve le même genre de personnages, banals et qui deviennent extravagants dans leurs réactions à contretemps, imprévisibles : un homme, par exemple, en est réduit à téléphoner à son épouse qui se trouve à deux mètres de lui pour échanger avec elle quelques mots tendres...
De drôles de personnages, vraiment, qui vivent la douleur et la joie avec la même absence apparente d'intensité. Et que, seule, la fameuse robe arrive à animer, par intermittence. Cela aboutit à des situations extrêmes. Burlesques ou... dramatiques. Un homme perd son travail et devient clochard, une femme perd, elle, la vie, puis une autre est entraînée dans un guet-apens amoureux avant qu'une adolescente ne soit presque violée.
Alex Van Warmerdam pratique un humour à froid dévastateur. Notre rire éclate à l'improviste et, souvent, se glace aussi vite. A chaque instant, le réalisateur crée la surprise par l'ironie, la dérision. Il désamorce d'une réplique, d'un geste, le tragique d'une situation. Il met en avant un décor, insensé, qui prend soudain le pas sur l'action et même sur les personnages. Dans une maison au kitsch ahurissant surgit une grosse blonde décolorée. Habillée d'une tenue assortie au papier peint, elle se fond dans le décor. A l'inverse, un type qui se casse la gueule en sautant d'une fenêtre, à l'arrière-plan, tout petit au fond de l'image, peut prendre un relief burlesque disproportionné. On pense alors à Jacques Tati, à cet art qu'il avait de ne jamais annoncer le moment drôle, de ne jamais le pointer et, parfois même, de le dissimuler.
Alex Van Warmerdam a une manière presque irréelle de traiter la réalité, qu'il réduit à ses apparences, à ses signes les plus matériels. Mais sans discours, sans explications, il en révèle avec une force percutante toute la dimension absurde. Avec lui, un pavillon de banlieue, un autobus, un jardin public, un musée, deviennent des lieux étranges. Si certaines situations se répètent elles débouchent sur une réalité qui, elle, ne cesse d'évoluer. Un homme (Henri Garcin, interprète fidèle des trois films du réalisateur) ouvre l'histoire et la " boucle ", mais, entre-temps, le cadre est devenu SDF. Et la robe, fleur de coton au début, poussières de textile à la fin, subit les mêmes dégradations. Le même cycle de vie, la même existence dérisoire.
Avec ce film étonnant d'invention, où la gaieté est triste et la gravité, moqueuse, le réalisateur nous entraîne dans un jeu organisé avec une rigueur quasi mathématique. Il ordonne, classe et recense les événements comme des données objectives. La robe, elle, serait l'inconnue d'une étrange équation dont, d'ailleurs, Alex Van Warmerdam se garde bien de livrer la solution. Cela importe peu, en fait, car dans ce jeu-là, on découvre que La Robe est tissée du plus troublant des fils : celui de nos fantasmes. "
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