Gangster, poète, cinéaste : Wakamatsu, 1936-2012 — L'enfant terrible du cinéma japonais
Un temps yakuza, Kôji Wakamatsu devient cinéaste après avoir purgé une peine de prison, en jurant de faire du ciné1
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Héros de la guerre sino-japonaise, le lieutenant Kurokawa rentre chez lui, privé de bras et de jambes. Sa femme Shigeko doit prendre soin du soldat dieu.
Durant la Seconde Guerre Sino-japonaise, en 1940, le lieutenant Kurokawa est renvoyé chez lui, en héros de guerre, couvert de médailles… mais privé de ses bras et de ses jambes, perdus au combat en Chine continentale. Tous les espoirs de la famille et du village se portent alors sur Shigeko, l’épouse du lieutenant : à elle désormais de faire honneur à l’Empereur et au pays et de montrer l’exemple en prenant à coeur de s’occuper comme il se doit du soldat dieu... Ours d'Argent de la Meilleure Actrice lors du 60ème Festival International du Film de Berlin
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"Depuis ses débuts en 1963, Koji Wakamatsu a toujours conçu ses films comme des instruments de subversion. L'âge n'a pas adouci sa colère :
"Depuis ses débuts en 1963, Koji Wakamatsu a toujours conçu ses films comme des instruments de subversion. L'âge n'a pas adouci sa colère : Le Soldat dieu est une charge contre la militarisation de la société japonaise. Wakamatsu confronte les images d'archives de la propagande à la réalité reconstituée. Et ça fait mal. L'empathie que suscite le handicap du pauvre Kyuzo est désamorcée par le grotesque de la mise en scène. Les cérémonies en l'honneur de l'homme-tronc sont parasitées par l'idiot du village qui se cure le nez ou chipe la casquette du héros. Les jeunes troufions partent à la boucherie après une cérémonie dont le rituel semble de plus en plus absurde. Les femmes (« le front de l'intérieur », pour reprendre la terminologie des actualités filmées) s'entraînent au combat avec de dérisoires bâtons de bambou. Et même le héros bardé de médailles se révèle un criminel de guerre qui a violé des Chinoises - étonnants flash-back aux allures de cauchemar, où les images elles-mêmes semblent prendre feu... Autre cible du cinéaste : le machisme du mâle nippon. Le « soldat dieu » n'a plus de membres, mais il a encore un sexe. Même réduit à un état quasi végétatif, Kyuzo entend bien contraindre son épouse : scènes crues mises en scène comme un mixte de L'Empire des sens et de Freaks. Les remords de ses crimes et la défaite inéluctable du pays vont cependant avoir raison de sa libido - le lien entre la reddition de l'empereur Hirohito en 1945 et la crise de l'identité masculine au Japon est une constante dans les films de Wakamatsu.
Et la rébellion de sa femme lui apportera le coup de grâce. Car Le Soldat dieu est aussi l'histoire d'une émancipation. Shigeko la soumise (Shinobu Terajima, qui n'a pas volé son Ours d'argent de la meilleure actrice au festival de Berlin) prend petit à petit le dessus sur son tyran domestique. Et finit par lui retourner les coups qu'elle a trop longtemps reçus. Wakamatsu retrouve alors la puissance dévastatrice de son aîné Imamura, entomologiste ironique des frustrations. Voir ces promenades humiliantes que la jeune femme, sourire aux lèvres, fait subir à son mari, exhibé dans une brouette, et incapable de protester..."
"Avec Kôji Wakamatsu, aucun risque de s’ennuyer. Virulent, radical, extrémiste, le cinéaste gratte depuis longtemps les plaies de la société
"Avec Kôji Wakamatsu, aucun risque de s’ennuyer. Virulent, radical, extrémiste, le cinéaste gratte depuis longtemps les plaies de la société japonaise et ce nouveau film prouve de façon éclatante qu’il ne s’est nullement assagi avec l’âge. Le Soldat dieu est un brûlot rageur, un coup de sabre tranchant dans le militarisme, le nationalisme et le patriarcalisme. Pour en donner une vague idée, quelque chose entre L’Empire des sens, Rambo, Freaks et Johnny Got His Gun.
(...) Il y a un mélange de cruauté et de grotesque dans la façon dont Wakamatsu montre un homme à la fois mutilé et statufié, et une femme contrainte de se plier jusqu’à l’humiliation à un devoir national en forme de grossier simulacre. Mais la révolte sera féminine ou ne sera pas. Shigeko se lasse petit à petit de son rôle (de composition) d’infirmière à perpète de son demi-mari et de vestale du moral national. D’autant que sexuellement, ce n’est plus ça (les séquences charnelles sont parmi les plus fortes et dérangeantes du film).
A force de soumission aux hommes et aux devoirs nationaux, Shigeko se rebelle avec une rare stridence. Les hurlements et les reproches qu’elle adresse à son handicapé d’époux explosent les limites du politiquement correct (une victime s’en prend à une autre), mais c’est tout l’opium du peuple nationalo-militariste que le film secoue à travers la révolte de Shigeko (interprétée par la magnifique Shinobu Terajima). Tel Flaubert, Wakamatsu pourrait sans doute s’écrier “Shigeko, c’est moi !” Le Soldat dieu se passe il y a soixante-dix ans, mais son âpreté, sa colère, son féminisme, son tempérament iconoclaste sont d’aujourd’hui, et probablement de tout temps."
"La force de ce film étonnant est ainsi moins liée à sa virulence satirique qu'au mélange des tons qui la tempère. L'humour noir, le lyrisme
"C'est éprouvant et puissant, d'une ironie féroce, rythmé en contrepoint grotesque par des chants militaires victorieux."
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