Le Japon de Pascal-Alex Vincent
VIDEO | 2013, 7' | Réalisateur de courts-métrages ecclectiques, Pascal-Alex Vincent a longtemps participé...
Une vedette du show biz et son sosie, un caissier timide... Quand Takeshi Kitano met en scène son dédoublement l'univers devient burlesque et débridé.
Beat Takeshi vit sa vie un brin irréelle de célébrité du show biz. Son sosie, un caissier timide, rêve de gloire. Quand le grand Takeshi Kitano – animateur vedette à la télé et réalisateur au cinéma – met en scène son dédoublement, l'univers devient burlesque, absurde et débridé. Car après avoir croisé l'original, et subi plusieurs auditions frustrantes, le sosie semble tomber mystérieusement dans un état imaginaire, qui mêle des aspects de la vie réelle de Beat et sa violente personnalité à l'écran.
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"... il s'agit (...) de “déconstruire”, selon le mot même de l’auteur, l’ensemble de l’édifice. Pour ce faire, le réalisateur a décidé de me
"... il s'agit (...) de “déconstruire”, selon le mot même de l’auteur, l’ensemble de l’édifice. Pour ce faire, le réalisateur a décidé de mettre en scène une sorte de double autobiographique, la star Beat Takeshi, qui croise par hasard son sosie blond, M. Kitano, un acteur raté cherchant désespérément à percer. La réalité du premier se mélange, en cours de route, avec les rêves variés du second dans une série très complexe de scènes enchevêtrées où les mêmes personnages reviennent régulièrement dans des rôles différents.
Ce casse-tête fractal (“Fractal”était le titre d’une première mouture du projet) permet surtout à Kitano de rejouer des scènes anciennes de son cinéma en en grossissant le trait jusqu’à l’outrance parodique (une fusillade n’en finit pas de voir des corps tomber criblés de balle). Ou, à l’inverse, en opérant une mise à nu très sèche. Une des plus belles séquences du film reproduit, ainsi, le finale de Sonatine. Mais à peine ici le dernier coup de feu est-il échangé que l’horizon maritime disparaît pour céder la place à un bête écran bleu tandis qu’un plan large dévoile le décor sans grâce d’un studio télé.
Si cet effet de reprise et de mise à distance de toute une œuvre possède une force initiale, le film dans son ensemble finit, cependant, par lasser (...) Surtout, Takeshis’ use sans compter d’un seul et même ressort dramatique - le basculement entre rêve et réalité. Or le cinéma le plus novateur des années 2000 s’est précisément attaqué à cette frontière pour la dissoudre jusqu’à la racine. Impossible de distinguer le réalisme de l’onirisme dans Mulholland Drive ou Tropical Malady. En maintenant fermement séparés différents niveaux de représentation, pour jouer de leur simple décalage, Kitano perd sans doute l’occasion de réellement réinventer sa mise en scène. Après Takeshis' la maison est détruite. Mais, du choc des décombres, rien n’a encore surgi."
"Takeshis' est un film très compliqué dont chaque morceau est simple comme une comptine ou une blague. Très fort, très noir, et très drôle."
" C'est de notoriété publique, les films les plus difficiles à réaliser sont ceux qui se déroulent sur la mer, à cause des reflets de lumiè
" C'est de notoriété publique, les films les plus difficiles à réaliser sont ceux qui se déroulent sur la mer, à cause des reflets de lumière sur les vagues ondulantes. Mais Takeshi Kitano a trouvé encore plus ardu : raconter une histoire qui, de bout en bout, jouerait sur le trouble identitaire d'un personnage évoluant mentalement dans une galerie des glaces.
En fait ils sont deux, interprétés par le même acteur – ce qui n'est pas un luxe puisqu'ils sont sosies. Que l'acteur en question soit le réalisateur lui-même ne gâte rien : Takeshi's est une réflexion sur le double, la manière dont Takeshi Kitano est perçu, et ce qui nourrit ses rêves (...)
Le film est on ne peut plus désorientant. Car les deux gugusses rêvent. Le premier à l'acteur qui lui ressemble et qui reste désespérément anonyme, ce qui nourrit chez lui une certaine culpabilité. Le second à la carrière et aux exploits fictifs qui seraient siens s'il était au sommet de sa gloire, ce qui attise son imagination. Les rêves du comédien et de son quasi-siamois ne dédaignent pas de se multiplier en abîme et nous sont livrés pêle-mêle, selon une construction qui échappe à la logique. Ils brassent chacun souvenirs et prémonitions, visions de l'avenir ou du passé (...) Les coulisses d'un studio de tournage, siège d'effets factices, les auditions pour décrocher ne serait-ce qu'un rôle de figurant, donnent lieu à des gags à répétition. On finit par voir des clowns et des yakuzas partout, tandis que défilent des séquences à faire perdre la boussole : changements d'humeur d'un cuisinier expert dans la recette des spaghettis au soja, irruption d'une cliente venue payer des produits à 10 yens avec des billets de 10 000 yens, valse de revolvers crachant du feu ou se révélant d'inoffensifs accessoires.
Tout Takeshi Kitano est là : les yakuzas qui le rendirent célèbre, la mélancolie du clown, les délires graphiques, les fantasmes en trompe-l'œil, les danseurs de claquettes, la chenille dessinée, puis animée, puis transformée en maquette de scène, la plage et l'horizon, la coexistence d'une violence barbare et d'une douceur infinie.
Mais attaché à renouveler son inspiration, sa manière de conduire le récit, son art de fourbir des contre-pieds et de gérer le temps, Takeshi Kitano propose cette fois-ci un bilan teinté d'autodérision, un chaos rétrospectif à partir duquel il pourrait bien être amené à changer de direction.
Mi-gore, mi-ludique, ce pied de nez aux faux-semblants, cette démystification des signeurs d'autographes, préposés à la représentation et à la simulation, constitue peut-être un tournant dans son oeuvre. Il n'en perpétue pas moins sa tradition de l'ironie à l'encontre des chefs de gang et de l'affection à l'égard des gueules cassées. Takeshis' est une nouvelle déclaration d'amour au spectacle, un énième acte de foi dans l'innocence des marginaux, asociaux, adultes fatigués ayant gardé leur âme d'enfant (...)
Glissant quelques confessions autocritiques (par exemple sur la tension que lui impose sa double casquette de star de télévision populaire et d'icône du cinéma d'auteur), Kitano garde la tête froide, entre pitreries et structure fractale. Takeshis' est porteur d'un désir de bien vivre, d'une quête de sérénité. La violence y dégénère en feu d'artifice, explosion absurde, fulgurante et exagérée, tandis que s'affiche l'impassibilité de ses masques, quels qu'ils soient.
C'est bien cela, au fond, qui rend frémissantes ses images. Ce visage triste, songeur, keatonien, laconique, entre torpeur et somnambulisme, fixité et mutisme. Une surface opaque, une épure, derrière laquelle se bousculent tant d'états d'âme, le calme et la tempête, la solitude et l'envie, l'accablement et la facétie. Lucidité et sagesse. Recette zen."
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