Goran Paskaljevic, nostalgie d'un pays disparu
VIDEO | 2011, 16' | A travers trois de ses films les plus connus (L'Amérique des autres, Baril de poudre et Mon ch1
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Toute une nuit dans un Belgrade effervescent. Boire, oublier la guerre... mais les survivants sont toujours prêts à exploser.
Toute une nuit dans un Belgrade effervescent. On trinque dans les cabarets tandis qu'un petit incident allume l'incendie. C'est que, juste après la guerre, les survivants sont tels des barils de poudre...
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" Certains sketchs sont atrocement drôles, d'autres, drôles tout court (le coup de pelle qui fait basculer une sc&egrav
" Il y a des années, dans Cabaret, de Bob Fosse, un meneur de jeu maquillé chantait sur une scène, d'une voix
" Il y a des années, dans Cabaret, de Bob Fosse, un meneur de jeu maquillé chantait sur une scène, d'une voix de fausset, « Willkommen, Bienvenue, Welcome », pour nous entraîner dans l'Allemagne des années 30, où se répandait la peste vert-de-gris. Il y a aussi un meneur de jeu dans Baril de poudre. Maquillé, lui aussi, il soliloque dans un night-club nommé « Balkan ».
Mais ce n'est pas pour nous prédire l'avenir. C'est pour nous annoncer une nuit cinglée, une nuit terrible. Une nuit comme les autres à Belgrade. Ici, dans cette ville déphasée, désaxée, défaite, tout se conjugue désormais au passé. Le meneur de jeu explique à Mané, qui, après cinq ans d'exil passés à l'étranger, rentre pour revoir la femme qu'il aime : « C'est trop tard, tu aurais dû rester, j'aurais dû partir. Tu vois, on s'est tous trompés. » Trop tard, oui, trop tard. Les habitants de Belgrade sont devenus ces humiliés, ces offensés, à chaque instant sur le fil de l'angoisse et de la révolte, prêts à s'enflammer pour évacuer ce passé qui rôde comme un fantôme et les taraude. L'homme qui sort de sa voiture, légèrement heurtée par un ado sans permis, a l'air placide d'un intello à lunettes. Il ne lui faut pas plus de trois secondes pour se métamorphoser en bête fauve.
(...) Le film de Goran Paskaljevic est construit, écrit, filmé comme un suspense permanent à donner le frisson. Imaginez un ballon dans lequel on souffle, avec la certitude qu'il va vous exploser à la figure, sans que l'on puisse, néanmoins, s'empêcher de souffler. Imaginez une ronde tragi-comique où se croisent, durant quelques heures, des gens qui n'auraient jamais dû se rencontrer et dont le destin va se sceller, là, sous nos yeux. Tout ça est mené dans un rythme d'enfer, avec une mise en scène superbe, qui mêle plusieurs intrigues, qui fait semblant de perdre un personnage, victime de la fatalité, pour en faire un peu plus tard un instrument du destin.
L'âme du film, son arme aussi, c'est un désespoir gai, un humour très noir, très slave. Pas un instant de repos, pas un moment d'abandon.
(...) Deux mots reviennent, sans fin, dans le film. « Coupable », d'abord. Celui-là est décliné sous toutes les formes. De l'autoflagellation (Je suis coupable) à l'interrogation (Y a-t-il un coupable dans la salle ?), en passant par l'accusation (C'est toi, le coupable !). L'autre terme obsédant est, en apparence, plus insignifiant : « A la nôtre ! » (traduction exacte : « Soyons vivants et en bonne santé »). Un voeu pieux que les protagonistes se lancent à la gueule, balancent entre deux coups de poing, machinalement. Comme pour se rassurer. Comme si c'était, pour eux, la seule trace d'un passé perdu. Et donc Baril de poudre se déploie, s'enroule autour de cette culpabilité et de cette formule de politesse.
Certains diront sans doute qu'il aurait fallu se culpabiliser davantage et s'excuser moins. C'est oublier que Goran Paskaljevic n'a pas fait un film sur la guerre en ex-Yougoslavie, mais sur la folie qu'elle a engendrée, dont les traces sont inguérissables. C'est une fable qu'il a tournée. Insensée. Brillante et brûlante. Magnifique. Un film où l'on rit sans cesse, parce qu'une tragédie, c'est toujours un peu comique, tant c'est excessif.
(...) Tous les comédiens sont formidables. Tous inconnus chez nous, hormis Miki Manojlovic, parce qu'il fut l'interprète de Kusturica (Papa est en voyage d'affaires et Underground), mais aussi de Nicole Garcia (Un week-end sur deux) et d'Agnès Merlet (Artemisia). On aimerait, même si c'est injuste pour les autres, signaler Sergej Trifunovic. Il est le jeune homme qui, au cours de la nuit, prend un bus en otage et révèle aux rares passagers, en les menaçant, leur lâcheté, leur mollesse, leur hypocrisie. On en a, en France, de bons jeunes comédiens. Mais des comme ça, non. Sa rage, sa fébrilité (il faut le voir se suspendre, sans crier gare, aux bar- reaux du bus, en continuant d'insulter ses compatriotes), sa présence, le côté « physique » de son jeu en font une sorte d'Al Pacino jeune. En fait, il ressemble au film. Etonnant. Détonant."
" Chaque nouvelle saynète, à une ou deux exceptions près, en rajoute dans l'horreur, mais aussi dans la d&eacu
"Un ballet virevoltant de colère, de peine, de frustrations et d'incompréhensions, une ronde infernale et nocturne o&
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