" Espigoule, c’est le nom du village où se situe le film. Un nom qui sent bon les herbes de Provence. Et nous sommes bien, en effet, quelque part dans le Haut-Var, du côté de Manosque. Mais Espigoule n’existe pas, le village a été rebaptisé pour les besoins du film. Les personnages, en revanche, existent, qui jouent leur propre rôle. Mais, bien sûr, ils le jouent...
C’est toute l’ambiguïté de ce film sympathique, mais un peu hybride, qui n’est ni un véritable documentaire ni un véritable film de fiction. Une sorte de brouillon aimable, que Christian Philibert (auteur jusqu’ici de courts-métrages, il n’a rien à voir avec Nicolas Philibert), né à Brignoles, a conçu, avec son frère, par amour pour la Provence. La caméra, plantée là pendant un an, enregistre, au hasard des humeurs, les rigolades au café, les parties de chasse, les joutes à la pétanque, le mariage en tenues provençales, la tournée électorale du conseiller municipal, les propos vaguement racistes et les poèmes vaguement ridicules déclamés par le même vague félibre qui s’écoute parler...
Drôle de film donc, plus gentillet que convaincant, où l’on voit vivre le cafetier, son copain blagueur qui joue au loup-garou, le maire, le peintre du dimanche, la râleuse et le mielleux, le dentiste et l’édenté. Un jour, on vous explique comment piéger les chats, grâce à un Caddie rempli d’os, un autre jour, que la chasse est plus une technique qu’un art.
On regarde les nuages roses, on craint le « phacomochère » des jours de pleine lune (!), on se fait des farces bébêtes dont on rit jaune ensuite, et des concours de civet. Pourquoi pas, mais pourquoi? N’est pas Pagnol qui veut. Mais les habitués des chemins de garrigue et des fontaines sous les platanes pourront, peut-être, retrouver ici un peu du goût de leurs vacances... "
Annie Coppermann, 30/03/1999