Il étudie la philosophie à Lyon et en sort avec une maîtrise sur le film d'opéra. Reçu à la FEMIS, il y réalise un court-métrage, La Vie selon Luc, sélectionné en 1991 au Festival de Cannes où il rencontre Philippe Martin (Les films Pelléas) qui devient alors son producteur attitré.
D'un titre à l'autre, le cinéaste dresse un portrait fataliste des milieux populaires. Mais, en associant la musique de Bach aux images des cités HLM (Ni d'Eve ni d'Adam, La Vie selon Luc, Des filles en noir), il transcende ainsi la question sociale, et l'on peut voir ses films comme des pièces de musique, d'autant que Civeyrac parle de son métier en évoquant des musiciens ou des compositeurs. Avec un nombre toujours très limité de personnages, ils évoquent un idéal de musique de chambre, avec parfois une timide attirance pour la comédie musicale (Toutes ces belles promesses, A travers la forêt).
Le cinéma de Civeyrac est aussi parcouru d'un romantisme qui prête au sentiment amoureux le pouvoir d'être le meilleur moyen de vaincre la mort : le père décédé de Marianne dans Toutes ces belles promesses revivra à travers l'amour de sa fille et de sa maitresse ; dans Le Doux amour des hommes, (librement adapté de Jean de Tinan), Jeanne, toxicomane, ne se sent vivre qu'à travers le désir de ses deux amoureux, etc. Cette approche l'amène à filmer les corps nus qui fusionnent comme preuve concrète de la vie. Et le corps amoureux, parce qu'il est fixé sur la pellicule, prend le dessus, de façon définitive, sur la mort.
Les histoires de Civeyrac mettent en liaison accidents, maladies, suicides, overdoses... avec l'amour physique, les souvenirs et les rêveries. Ce qui peut faire surgir, à l'écran, la figure du revenant. Depuis Les Solitaires en passant par A travers la forêt et bien sûr Fantômes (Grand Prix du Jury à Belfort en 2001), le cinéaste a régulièrement convoqué cette figure du spectre. En apparence sociologiques, les films de Civeyrac font alors basculer le quotidien dans le fantastique à la manière d'un Kiyoshi Kurosawa dans Cure ou License to Live.
En 2014 sort en salles Mon amie Victoria, considéré par beaucoup comme un des sommets d'une oeuvre déjà dense et des plus contemporaines du cinéma français.
Gaël Martin