Les premiers courts métrages de Guzmán ont des titres bien ironiques, La tortura y otras formas de diálogo (la Torture et autres formes de dialogue, 1968) ou El Paraíso ortópedico (le Paradis orthopédique, 1969).
Il abandonne rapidement la fiction pour le documentaire et suit l’expérience démocratique dans son pays natal avec deux films coup sur coup : Primer año (1971) et la Respuesta de octubre (1972).
Mais son œuvre magistrale, imposante, sera la Bataille du Chili, la Lutte d’un peuple sans armes, film en trois parties, soutenu par Chris Marker et l’Institut cubain du cinéma, tourné entre 1972 et 1979. Sortant de cette longue expérience, Guzmán cherche les traces de la culture sud-américaine entre le Vénézuela et Cuba avec La Rose des vents (1983).
Il s’interroge ensuite sur le rôle de l’Eglise dans le maintien de la dictature du Général Pinochet au Chili avec Au nom de Dieu (1985). Guzmán élargit la question en revisitant l’Histoire entière du continent à travers ses rapports avec le catholicisme dans la Croix du sud (1992). Les Barrières de la solitude date de 1995. Guzman s’invite dans un village mexicain sans attrait particulier, si ce n’est qu’il est le décor d’un roman de Luis Gonzalez traduit dans de nombreuses langues et devenu un classique.
Retour au Chili et aux protagonistes retrouvés de la Bataille du Chili, 20 ans plus tard, avec Chili, la Mémoire obstinée (1997). Invocation (2000), co-réalisé avec Héctor Fáver, revient sur les disparus d’une autre dictature, celle de l’Argentine. En 1998, Pinochet est détenu à Londres et accusé de torture, génocide et terrorisme par le juge espagnol Garzón.
Guzmán offre la parole aux victimes de la dictature chilienne enfin entendues par la justice, le Cas Pinochet (2001). Après un court-métrage, Madrid (2002), ville où Guzmán réside désormais, le cinéaste consacre un portrait biographique et très personnel au Président assassiné par Pinochet et la CIA en 1973. Salvador Allende (2004) obtient un grand succès en France. Pour Arte, Guzmán filme des explorateurs réalisant le genre d’exploits aventuriers décrits par Jules Verne, mon Jules Verne (2005).
Son documentaire Nostalgie de la lumière, qui allie poésie des astres et politique bien terrestre, fait sensation au festival de Cannes 2010.
A noter que Guzmán tient un petit rôle dans Moon Over Parador, de Paul Mazursky (1988) et dans deux courts métrages de Edgardo Viereck, el Cobrador (1994) et Vivir al dia (1996).
Camille Taboulay