Dès le lycée, il met en scène des pièces de théâtre, puis il part étudier à Cambridge. Il a mis en scène de nombreuses pièces au National Theatre, The Old Vic, The Lyric Hammersmith, Donmar Warehouse, Hampstead, The Royal Court, The Almelda, dans les théâtres du West End à Londres et à Broadway.
Au début des années 1990, il commence à travailler pour la télévision. Il y réalise l’adaptation du roman Le Bouddha de banlieue d’Hanif Kureishi. C'est avec ce romancier talentueux, (adapté ensuite par Stephen Frears — Sammy et Rosie s'envoient en l'air/Sammy and Rosie Get Laid — ou Patrice Chéreau — Intimité ) que Roger Michell va réaliser ses films les plus marquants, notamment The Mother (2002, avec un Daniel Craig pas encore converti à James Bond), magnifique essai, audacieux et dérangeant, où une femme de 70 ans séduit l'amant de sa fille, qui a la moitié de son âge).
Ils signent encore ensemble Vénus (inédit en France) et une comédie au ton acide, mais pourtant constamment tendre, Un Week-end à Paris (2014), où un couple de 60 ans, venu en France fêter son anniversaire de mariage, se trouve soudainement sur le point de divorcer face aux désillusions qu'ils n'ont plus la force de masquer.
Roger Michell, qui réalise aussi des documentaires pour la BBC et bon nombre de publicités, est souvent considéré comme un artisan doué du cinéma britannique passant du drame à la comédie avec la même aisance.
Il a en tout cas la capacité, rare, d'enrichir des scénarios prévus pour fonctionner sans surprises par de nombreuses finesses, presqu'imperceptibles, mais pourtant essentielles. Si l'on revoit sa comédie romantique Coup de foudre à Notting Hill, avec Julia Roberts et Hugh Grant ou le suspense Dérapages contrôlés avec Ben Affleck, on sera surpris d'y trouver bien plus de profondeur que dans la plupart des produits du même calibre. Roger Michell sait notamment tirer des nuances de jeu de ses comédiens, provoquant surprise et trouble au coeur de l'action. Et Un Week-end à Paris doit tout autant à cette direction quasi musicale du jeu d'acteurs du couple vedette qu'au scénario, qui alterne mécaniquement moments complices et règlements de comptes.
Roger Michell perpétue en ce sens une tradition du cinéma britannique qui allie la discrétion de la "fabrication" avec une légereté de ton, sans se priver d'y glisser, si besoin, une vision critique de la société. Le désenchantement, mais au prix d'un spectacle qui aurait le bon goût de ne pas désespérer. Une certaine idée de l'élégance.