Todd Haynes, le parti du désir
Le réalisateur de Carol a à peine 30 ans lorsqu'il tourne Poison. Trois sketches où il rend hommage à Jean Genet.
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Hommage à Jean Genet en trois volets, trois histoires sur la déviance sous toutes ses formes : "Héros", "Horror" et "Homo".
En forme d'hommage à Jean Genet, trois conte déviants : "Héros" (comment un garçon de 7 ans tue son beau-père ; "Horror" (un scientifique veut percer le mystère de la libido et devient meurtrier) ; "Homo" (l'histoire d'amour entre deux prisonniers). Le premier essai très formel et sensuel de l'auteur de "Loin du Paradis", "I'm Not There" et "Carol".
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Manifeste gay et cinéphile, Poison se veut sans concession à la censure. Ce n'est pas une, mais trois fois que Todd Hayne
Manifeste gay et cinéphile, Poison se veut sans concession à la censure. Ce n'est pas une, mais trois fois que Todd Haynes clame orgueilleusement son identité, et son admiration pour Jean Genet. Il le fait en trois histoires - trois fois H : Héros, Horreur, Homo - se recoupant, s'entrecroisant, s'enfonçant dans le dédale d'un esprit anxieux qui crache son mépris, et ne cherche certainement pas la paix. Trois histoires : celle d'un enfant parricide qui, son crime commis, s'envole, disparaît dans le ciel. Celle d'un adolescent taulard, qui découvre sa sensualité dans les humiliations et la violence, subies comme une initiation, qui souffre d'amour et se reconnaît parmi les hommes. Celle enfin d'un beau garçon, une sorte de Dr Jekyll qui découvre l'aphrodisiaque absolu. Mais il se couvre de pustules et comme il est devenu incapable de se contrôler, il contamine la terre entière.
La métaphore est claire. Todd Haynes traite le fléau du sida par le sarcasme, la parodie des films de fiction années 50 - héroïne blonde et dévouée, musique que le temps a rendue grinçante, décors de studio. Parodie encore que l'histoire de l'enfant parricide, montrée comme une de ces émissions «sociales» de la télévision -images chaotiques, couleurs de vieille caméra vidéo - pour lesquelles, après des années, on interroge des témoins qui disent n'importe quoi.Finalement, la plus émouvante est l'histoire du taulard et de ses amours, toute en hommages à Fassbinder et Pasolini, avec énormément de tendresse et aussi de passion brutale.
Todd Haynes n'essaie pas de se montrer pudique, pas même à travers l'humour, l'humour est là tout le temps ou presque. Quand il s'efface, c'est pour laisser la place à l'affolement d'un sentiment très fort mais qui ne parvient pas à exprimer sa vérité, toute sa vérité. L'amour en décalage. La solitude en révolte. Et ce sont naturellement les moments les plus beaux.
Admirateur forcené de Jean Genet, Todd Haynes a voulu s’en inspirer. Mais comment être fidèle à l’&e
Admirateur forcené de Jean Genet, Todd Haynes a voulu s’en inspirer. Mais comment être fidèle à l’écrivain, a fortiori au cinéma? Faut-il raconter des histoires d’hommes et de prisons, retrouver à l’écran un ton fait de lyrisme jusque dans l’abjection ou adopter dans la mise en scène une attitude de rébellion quasi systématique, de haine des conventions?
Poison est composé de trois histoires qui, d’une certaine manière, font les trois choses à la fois, de même qu’elles s’emmêlent et se démêlent les unes les autres.
Ces trois histoires ont chacune un titre. «Héros» est la plus légère. Filmée à la manière d’un document pour la télévision, elle s’intéresse à l’aventure d’un jeune garçon, Richie Bea-con, qui, après avoir tué son papa, s’est enfui en s’envolant devant témoins (dont sa mère) par la fenêtre.
Six ans après les deux événements conjoints, divers protagonistes interviewés (la mère encore, la psychologue de l’école, un adversaire de jeu, une voisine...) disent les deux ou trois choses qu’ils savent de Richie et qui pourraient éclairer le meurtre à défaut du vol.
«Horreur» se présente comme un film d’épouvante des années cinquante, entièrement tourné en noir et blanc: le très intelligent docteur Graves en avance sur son temps a trouvé la formule qui isole les pulsions sexuelles. Seulement, parmégarde, il a bu le mauvais verre et le voilà dans un état épouvantable, immonde lépreux hypercontagieux et navré de devoir violer puis tuer une femme après l’autre, mais il ne peut vraiment pas faire autrement. Une très jolie collègue l’aime quand même et cherche à le protéger du lynchage (car la population, montée par la radio et la télévision, voit cet ignoble carnage d’un mauvais œil).
«Homo» est la plus explicitement proche de Genet des trois histoires. John Broom est déjà au bagne pour enfants à seize ans. Quinze ans plus tard, il retrouve en prison Jack Bolton qui fut sa victime lors du précédent enfermement. On a vu l’adolescent contraint de rester immobile, bouche ouverte, sous les crachats de ses camarades qui le visent. Le tout dans une atmosphère de plus en plus onirique, jusqu’à ce que des pétales de roses tombant délicatement du ciel envahissent tout l’écran. On voit les deux adultes avoir encore des rapports de force et dormir l’un à côté de l’autre (à même le sol, ces scènes de nuit sont d’une étonnante nudité), les mains et la braguette en éveil. Des phrases extraites de Miracle de la rose, Notre-Dame des fleurs et Journal du voleur ponctuent chacune des histoires, et «Homo» est placé sous l’influence d’une phrase de Notre-Dame des fleurs: «L'amour vient sournoisement comme un voleur. »
«Héros», «Horreur» et «Homo» sont des histoires d’amour (et de haine), trois histoires «sournoises», qui font de Poison un film d’une grande franchise. Les divers genres de narration comme les manières différentes de les filmer, toutes très marquées, à la limite du pastiche, montrent l’excès de malaise de Todd Haynes, sa difficulté à faire un film dans l’état actuel du monde et du cinéma.
Au fur et à mesure que s’imbriquent les trois histoires, l’ironie de la mise en scène s’estompe pour laisser toute la place à une différence radicale qu’on croit sentir chez Todd Haynes. De ce point de vue, Poison n’est pas tant un film (plus ou moins) adapté de Genet qu’un film foncièrement inadapté. Et l’écrivain français ayant prôné la trahison, il y a alors chez le cinéaste américain une vraie sorte de fidélité à son inspirateur.
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