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Le sergent Neil Howie enquête sur la disparition d'une fillette sur une île de la Manche dont la population se livre à des rites païens...
#30 Le chaste et puritain sergent Neil Howie enquête sur la mystèrieuse disparition d'une fillette sur une île de la Manche dont la population se livre à des rites païens. Le policier va entrer dans un monde de faux-semblants vertigineux... Un thriller fantastique écrit, en 1972, par l'auteur du "Limier" et "Frenzy". Rare, longtemps invisible et devenu totalement "culte". Afin de faire vivre son catalogue, StudioCanal a donné carte blanche à Jean-Baptiste Thoret , historien du cinéma et réalisateur, pour créer sa propre collection. Le résultat ? La collection « MAKE MY DAY ! » qui regroupe les films « qui lui font plaisir », une série de pépites rares, méconnues ou oubliées des années 60, 70 et 80. Le Futur est femme fait partie de la collection « MAKE MY DAY ! ».
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"Nous voulions faire un film d’anti-horreur."(Robin Hardy) L’expression est étrange mais caractérise p
"Nous voulions faire un film d’anti-horreur."(Robin Hardy)
L’expression est étrange mais caractérise parfaitement The Wicker Man. Son statut d’OVNI culte mérité doit autant à ses qualités filmiques qu’à sa "légende" où se mêlent rumeurs et anecdotes étranges. Rod Stewart aurait-il vraiment cherché à en racheter toutes les copies pour cacher aux yeux du monde la plastique exposée de sa compagne Britt Ekland ? "L’Homme d’osier" brûlé - le Wicker Man du titre – a-t-il autrement existé que dans un récit de Jules César ? Ce film est-il responsable d’un renouveau néo-païen en Grande-Bretagne ?
Ce qui est revanche certain, c’est que Christopher Lee le considère comme son meilleur film et que le négatif original a été égaré et littéralement "enterré". Si un critique a pu le qualifier de "Citizen Kane des films d’horreur", The Wicker Man est un film minimaliste, davantage horrifique dans son ton que dans sa forme. C’est aussi une comédie musicale faussement bucolique, un conte cruel symbolique, un manifeste post-hippie et un cours de religions comparées. Oui, tout cela en même temps !
The Wicker Man est l’œuvre du réalisateur Robin Hardy et du scénariste Anthony Shaffer. Au début des années 70, les deux hommes dirigent une société produisant publicités, pièces de théâtre filmées et documentaires – la plupart réalisés par Hardy – pour la télévision. Un peu lassés, ils décident de mettre sur pied un projet de film d’horreur ambitieux, un film fantastique (en français dans le texte), dans la lignée de Marcel Aymé comme aime le rappeler l’ancien étudiant aux Beaux-Arts parisiens que fut Hardy (on est quand même loin de Garou-garou). Symptomatiquement, The Wicker Man apparaît alors que le studio emblématique du film d’épouvante gothique britannique, la Hammer, semble artistiquement exsangue. L’idée d’inclure très tôt dans le projet l’immense Christopher Lee - l’une des vedettes-icônes de la Hammer pour son rôle de Dracula - peut être ainsi lue comme une double volonté de perpétuer une certaine qualité anglaise du genre tout en renouvelant ce dernier.
Proposer une alternative au gothique anglais revient à mettre de côté toute l’imagerie vampirique/satanique, et les auteurs remplacent celle-ci par le paganisme pré-chrétien, soit le druidisme, les religions et les symboles celtes. La survivance de ces pratiques en Ecosse, en Bretagne ou dans le Pays Basque frappe leur imagination. Les auteurs puiseront beaucoup dans cette somme victorienne encyclopédique sur l’occultisme - parfois erronée - qu’est Le Rameau d’Or de Sir James Frazer.
Shaffer - plus connu pour avoir scénarisé Frenzy d’Hitchcock et surtout Le Limier de Mankiewicz à partir de sa propre pièce - ajoute au scénario son goût de la manipulation et du whodunnit. Le budget du film (environ 460000 £) sera modique et Lee - surtout motivé par l’ambition du script - jouera gratuitement. Ingrid Pitt - connue pour ses rôles de femme-vampire… pour la Hammer - et Britt Ekland (l’argument de charme pour attirer les acheteurs étrangers et les spectateurs) rejoignent le casting, respectivement en tant que bibliothécaire nymphomane et Willow, la fille du tavernier (...)
Le film est tourné en automne 1972 en Ecosse, une épreuve parfois pour les acteurs pendant les extérieurs, puisque l’action est censée se dérouler fin avril. Les réels problèmes commencent lorsque EMI, qui a racheté la maison de production du film British Lion, décide de couper de 11 minutes au montage final (...) L’œuvre mutilée sortira à la sauvette aux Etats-Unis. En Grande-Bretagne (...) Lee et Shaffer durent appeler tous les critiques qu’ils connaissaient pour les persuader d’aller voir le film (Lee promettait même de leur payer leur place !). En dépit de critiques favorables, The Wicker Man eut une courte carrière dans son pays d’origine. Le statut culte du film se forgera ensuite tout au long des années 70 et 80, à cause de son "invisibilité", en particulier aux Etats-Unis dans le milieu étudiant.
The Wicker Man est très réussi sur de nombreux plans, malgré (ou grâce) à ses moyens restreints. La structure policière de Shaffer nous permet de découvrir - de manière aussi documentaire que spectaculaire - les pratiques des habitants de Summerisle à travers le regard outré et effrayé de Howie (...)
Howie découvre ainsi un monde de symboles anciens qui donne des accents de conte primitif à ce thriller "ludique". Le choix des auteurs de prendre à contre-pied les figures gothiques donne à The Wicker Man son étrangeté bien particulière.
Le film se déroule ainsi pratiquement toujours en plein jour ensoleillé. Hardy se refuse à toute stylisation et effet sanglant : il construit une longue attente. Sans recours direct au surnaturel, il suggère les ténèbres, quelque chose de plus vaste sous une surface lumineuse. Les villageois (joués par des figurants locaux) sont des Ecossais bon teint et Lee retourne sa cape de vampire en jouant avec jubilation et majesté un aristocrate souriant mal coiffé, et n’hésitant pas à se travestir ! Le décalage est d’autant plus grand une fois le secret de l’île révélé.
L’étrange s’insinue aussi au détour de plans fugitifs et ésotériques où apparaissent ces "hommes-animaux", un œil peint sur un canot ou une femme donnant la tétée à son bébé dans un cimetière, un œuf dans une main ! L’idée de Shaffer/Hardy est d’utiliser cette symbolique, aussi bien pour son intérêt fictionnel (écho à ce que dit Oscar Wilde : "tous ceux qui déchiffrent les symboles le font à leur péril") que pour les échos ou la familiarité qu’elle suscite dans notre mémoire, en tout cas peut-être autant que le bric-à-brac satanique habituel. Les auteurs ne jouent pas sur le Diable ennemi du Christ, mais sur le paganisme qui lui est antérieur, venant hanter le christianisme et se rappeler à son bon souvenir. Le film est "pervers" en ce sens qu’il vient rappeler que les mêmes thèmes nourrissent le christianisme et le paganisme (...)
Thriller symbolique et faussement lumineux, The Wicker Man mérite amplement son statut d’objet étrange et déconcertant. Pour citer Lord Summerisle dans le film, "il est temps pour vous de rejoindre l’Homme d’Osier" !
En 1973, la compagnie anglaise de production Hammer Films, autorité de l’horreur et de l’épouvante, règne
En 1973, la compagnie anglaise de production Hammer Films, autorité de l’horreur et de l’épouvante, règne encore sans partage sur le genre, mais la firme n’en finit plus de se répéter. Cette année-là, pour son premier film, le réalisateur Robin Hardy s’associe au scénariste Anthony Shaffer, et subvertit tout ce qui faisait la Hammer dans un film étrange, devenu aujourd’hui objet de culte.
En 1972, le scénariste Anthony Shaffer signe les scénarii de Frenzy de Hitchcock, du Limier de Mankiewicz, et de The Wicker Man de Robin Hardy. À chaque fois, il s’agira pour son personnage principal de se débattre avec une situation qu’il ne comprend pas, d’être la cible d’une manipulation dont, au moins dans The Wicker Man, il ignore tout (...)
Malgré son synopsis digne des productions d’horreur (parfois très simplistes) de la Hammer de cette époque, The Wicker Man se distingue rapidement par son traitement du sujet. Ainsi, le film passe allègrement du registre du policier, à l’étude comparée des religions (Hardy est par ailleurs un réalisateur émérite de documentaires, notamment sur le sujet), au fantastique, à l’érotisme… jusqu’à la comédie musicale – ce qui n’a pas manqué de perturber les producteurs de l’époque.
Non content de ne pas se soumettre à la doxa des films de genre – qui eût réclamé de la part du film bien moins de liberté – The Wicker Man donne la tête d’affiche, conjointement, à l’acteur de télévision, alors très populaire, Edward Woodward et à Christopher Lee, icône suprême de l’épouvante. Ce dernier, dans le rôle débonnaire et sensuel de Lord Summerisle, est pourtant bien loin des rôles outrés, toutes canines dehors, qui ont fait sa réputation. Lee lui-même assure avec ferveur qu’il n’a rien touché pour le tournage de ce film, tant le personnage de Lord Summerisle lui paraissait être l’un des meilleurs, sinon le meilleur rôle de sa carrière (« parfois, vous faites les choses par amour, » confiait l’acteur dans le documentaire The Wicker Man Enigma).
Dans sa forme même, The Wicker Man ne laisse pas de déconcerter. Il obéit à la lettre à la progression typique du récit d’épouvante « période Hammer » : dans une situation insulaire (ici, le culte des anciens dieux sur une île écossaise) arrive un élément perturbateur mais vecteur habituel de la perception de l’auditoire (le sergent Howie).
Peu à peu, celui-ci découvre toute l’étendue de l’anormalité de la situation, de la façon dont cette situation transgresse les codes moraux et intellectuels, et réagit, ce qui amène la confrontation qui constitue généralement le climax du film (...) The Wicker Man (...) s’écarte dès le départ de la forme, pourtant extrêmement codifiée à cette époque, de ce type de récit. L’élément perturbateur de la situation, normalement vecteur de morale, est ici vu comme pleinement entropique, alors que la situation est dépeinte comme sereine et, sinon normale, au moins positive (...)
Pour appréciable qu’il soit en lui-même, il y a fort à parier que The Wicker Man n’aurait pas aujourd’hui la réputation qui est la sienne – à savoir, celle d’un classique sulfureux et indispensable de la série B – si les embûches ne s’étaient pas accumulées sur son chemin. Le caractère inclassable, et fondamentalement contestataire, du film a inspiré à ses distributeurs un effroi qui les a conduit à faire remonter le film (...)
Le film a d’autre part été largement retardé par les tractations faites autour de sa distribution, ce qui fait que son exploitation a bénéficié d’un effet d’attente, qui en a fait « le film qu’ils ne voulaient pas que vous voyiez ». Il n’en fallait pas plus pour créer un mythe autour du film, et lui construire un culte, comme cela a pu être le cas autour de Zombie et de Massacre à la tronçonneuse, longtemps interdits en France.
Aujourd’hui encore, se tient chaque année au Premier Mai (Beltaine, pour les fidèles des religions celtiques) le Wickerman Festival, dans la région de Dumbfries et Galloway en Écosse, lieu de tournage du film. On peut y voir, à la fin de chaque festival, brûler un Wicker Man, qui est cependant bien moins sinistre que celui du film. De même, les restes du Wicker Man original, laissés sur les falaises écossaises de Burrowhead, ont longtemps été un lieu de pèlerinage pour les néo-païens, jusqu’en 2006, où ils ont été vandalisés puis volés.
Le film lui-même annonce en préambule s’être inspiré des réelles cérémonies menées par les vrais habitants de Summerisle – bien que le film n’ait pas été tourné là-bas. Anthony Shaffer s’est quant à lui largement inspiré de la nouvelle Rituel de David Pinner, et d’une illustration médiévale représentant ce qui allait devenir le Wicker Man. Cela étant, il n’est pas historiquement avéré que cette tradition ait effectivement été réelle, qu’elle ait bien précédé l’écriture du livre et du scénario (même si une référence – contestée – peut être trouvée dans les écrits de Jules César).
Ainsi, à l’instar de l’écrivain H.P. Lovecraft avec son Necronomicon, The Wicker Man a inscrit un symbole (peut-être) fictif dans le subconscient mythologique populaire ; symbole repris, depuis, par les nouveaux fidèles des religions néo-païennes (...) tout est affaire de foi dans The Wicker Man. La foi du scénariste, du producteur original (le frère d’Anthony Shaffer), et de Christopher Lee, qui ont tous accepté de participer à ce tournage éprouvant gratuitement ; la foi des acteurs, qui devaient jouer habillés comme s’ils étaient en mai alors que le tournage a eu lieu dans les Highlands d’Écosse en décembre, et qu’ils jouaient avec des glaçons dans la bouche pour qu’on ne voie pas leur souffle ; la foi, enfin, des nombreux néo-païens qui ont aujourd’hui fait leur les rites et la philosophie (fictionnels ?) portés par le film. La foi, véritablement, dans un cinéma indépendant, novateur, qui n’avait ni peur de prendre des risques, ni peur de les assumer.
marclandry.nb@gmail.com au sujet de
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