Jerzy Skolimowski, premières
VIDEO | 2011, 1' et 11' | Revenu au premier plan grâce à son Essential killing avec Vincent Gallo, Jerzy Skolimows1
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Le choc des générations dans la Pologne des années 60, au travers des amours d’une jeune conductrice de tramway et d’un étudiant en rupture d’université...
Sur un coup de tête, un jeune homme laisse tout tomber pour partir à la conquête du monde. Rien de moins ! Par le bouillonnant cinéaste de "Deep end" et "Travail au noir", le choc des générations dans la Pologne des années 1960, au travers des amours d’une jeune conductrice de tramway et d’un étudiant en rupture d’université.
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" Skolimowski s’affirme un des auteurs les plus originaux de la jeune génération européenne. Le thème n’étonnera pas, c’est celui des précé
" Skolimowski s’affirme un des auteurs les plus originaux de la jeune génération européenne. Le thème n’étonnera pas, c’est celui des précédents films. Révolte contre les croulants empêtrés dans leur religion catholique, leur socialisme et leurs souvenirs de guerre. Refus (ou impuissance) à accepter passivement le monde qu’ils ont construit (ou démoli).
Le personnage central, étudiant en médecine, déclare lui aussi forfait à l’Etat. Plutôt que de culbuter, mains liées, dans une existence de troupeau, il risque une aventure à la fois héroïque et minable où l'amour se révèle impuissant à renverser la " barrière ". On voit la signification allégorique que prend cette barrière. La démarche de Skolimowski, déjà si peu réaliste, se fait résolument poétique. Et d’une poésie purement visuelle, c’est-à-dire : où la construction, le rythme, le balancement entrecroisé des thèmes, les métaphores, les associations d’idées, les " rimes ", dépendent de l’image et des jeux de lumière.
Skolimowski supprime toute solution de continuité entre le réel quotidien, le réel symbolique, le surréel et l’onirique. S’il y a barrière entre les générations, l’homme et la femme, l’Etat et l’individu, elle tombe, cette barrière, entre le monde et la poésie. Mais pour le poète seulement. Mort et Résurrection que Skolimowski chante à sa manière. "
" Les premiers plans pourraient faire croire à une exécution capitale massive : des hommes qui s’agenouillent, dont on attache les mains, e
" Les premiers plans pourraient faire croire à une exécution capitale massive : des hommes qui s’agenouillent, dont on attache les mains, et qui basculent ensuite dans un vide inconnu, tout y est. Mais il s’agit de tout autre chose, encore que ces chutes successives nous conduisent directement où Skolimowski voulait nous emmener, dans une réalité onirique où se déroulent, sans que nous puissions jamais reprendre pied ou échapper un instant à l’envoûtement de ce film, les méandres capricieux des amours d’une jeune conductrice de tramway et d’un étudiant en rupture d’université.
Il serait assez vain de résumer un scénario qui n’apparaît dans son ensemble qu’une fois le film terminé, se détachant ou se lisant en transparence à travers l’accumulation de scènes, arbitraires a priori, mais solidement liées entre elles, et sans qu'il y paraisse vraiment, par la logique intérieure des rêves. Au moins savons-nous que le héros de cette aventure qui se déroule un samedi saint (la vision répétée d’affiches où un homme menaçant enjoint aux passants : "Donnez votre sang" suffisant à nous le rappeler) et que l’on a cru voir, ainsi que ses compagnons, mourir dès le début du film, est un homme seul, qui a rompu avec une réalité strictement sociale représentée par ses camarades de l’université qui se sont mis à le haïr et qui déambule de l’autre côté du miroir, dans sa propre réalité, en se heurtant à une hostilité constante mais de peu d’importance jusqu'au moment où, dans la nuit de Pâques, il rencontre cette jeune fille. L’idylle naissante tourne court après la disparition du jeune homme. Le film s’attache alors à la jeune fille jusqu’au plan final où elle le retrouve allongé dans la neige, devant le tramway qu’elle conduit.
Jouant avec une étonnante virtuosité des blancs et des gris, et nous plongeant dans un univers purement onirique, Skolimowski, avec une facture très différente de son Walkover, nous offre un film au moins aussi passionnant. "
" (...) L'œuvre se déroule comme un dormeur engendre son univers onirique. Si l'on pouvait représenter les deux premiers films de Skolimows
" (...) L'œuvre se déroule comme un dormeur engendre son univers onirique. Si l'on pouvait représenter les deux premiers films de Skolimowski par l'horizontale, c'est la verticale qui exprime La barrière. Le vertige aussi, la fascination de la chute du haut du toit, quand le somnambule ouvre les yeux... On pense irrésistiblement, on songe plutôt à ces gravures de Piranèse, porteuses d'escaliers infinis, sans commencement ni sommet, génératrices d'angoisse. Notamment la série dite des Carceri d'invenzione, qui exalta si fort les Romantiques, de Gautier à Hugo.
Le héros, l'acteur Jan Nowicki — il remplace ici Skolimowski, sommé une fois pour toutes de choisir l'un des deux côtés de la caméra et d'éviter la polyvalence — décide d'abandonner ses études pour réaliser un riche mariage : " Quand j'ai accepté une bourse d'études, je me suis vendu à l'Etat ! A présent, je peux me vendre à qui me voudra ! ".
Le pouvoir de fascination de La barrière tient à cela que le projet cynique sera mis en échec par une rencontre avec une jeune conductrice de trams, d'où amour virtuel... Le film s'articule autour de la volonté de libération individualiste et anarchique confrontée à la vie sociale, avec ses piétinements rituels à heure fixe, ses générations aux langages incompatibles, etc. " J'avais quatre ans à la guerre. A sept ans, on peut attaquer les chars, pas à quatre... ". Ce qui ne veut pas dire que le jeune homme ne soit pas déchiré par la nostalgie d'un passé héroïque qu'il ne connut pas.
Quand Jan Nowicki grimpe désespérément à un mur, quand il se précipite dans le vide sabre au clair, à cheval sur sa valise, avec, sur le visage, une affiche représentant Skolimowski c'est qu'il tente d'échapper à sa " prison d'invention ".
La liberté complète ne pouvant être que celle du rêve, il n'y a pas, dans La barrière, une seule notation, un seul plan, qui, tout chargé d'insulte qu'il soit, ne se justifie pas. "
" Il n’est guère facile de parler de Skolimowski à ceux qui n’ont jamais vu ses films, parce que ce jeune cinéaste polonais ne ressemble à
" Il n’est guère facile de parler de Skolimowski à ceux qui n’ont jamais vu ses films, parce que ce jeune cinéaste polonais ne ressemble à aucun autre, et qu’il a poussé jusqu’à son paroxysme la notion de liberté.
Si des traces de scénario — fussent-elles minimes — subsistent chez Godard, rien de tel dans les films de Skolimowski, qui sont des digressions, des explosions de rêveries, des cris de jeunesse ou de révolte à l’état pur. Je ne veux pas dire par là que des œuvres comme Walkover ou La Barrière manquent de fil conducteur ou d’idées. A y regarder de près, le cinéma de Skolimowski serait de type aride, et le maniement de sa symbolique n’est pas des plus commodes. Il est impossible de déchiffrer ses métaphores à l'aide d’une grille passe-partout, parce que l’éclatement de la réalité est aussitôt suivi d’un éclatement du songe, et des fantasmes ; en un mot, chaque image du film reste ouverte à plusieurs interprétations, ce qui est le propre du cinéma essentiellement individualiste et subjectif.
Dans La Barrière ni intrigue, ni déroulement dramatique n’offrent au public la planche de salut du commentaire anecdotique. On en reste au niveau de la participation personnelle, Skolimowski se refusant d’imposer des thèmes, une thèse, ou des sentiments précis.
Cette écriture poétique, rebelle à l’analyse cartésienne, agit sur notre faculté de rêve, et stimule la sensibilité, comme l’imagination.
De quoi s’agit-il dans La Barrière ? D’un étudiant qui décide un beau jour de rompre les amarres, et vivre sa vie intérieure selon ses élans. Ce leitmotiv — au moins — est parfaitement clair. Il permet aussi quelques extrapolations : comme dans Walkover, le grouillement des villes, les corvées sociales, et l’ordre sous toutes ses formes font horreur an héros. Mais cet anarchisme romantique connaît ses limites, puisqu’il se souvient du passé, et parfois des devoirs du présent. D’où le sentiment poignant, poétique et désespéré d’une liberté absolue qu’on ne s’accorde que dans le rêve. La Barrière est — par conséquent — celle qui sépare l’élan rêvé de la réalité vécue, le désir que l’on caresse des actes qu’on accomplit...
Mais il existe un moment de la vie où on croit ne pas l’apercevoir : celui que Skolimowski choisit chez tous ses héros, dans tous ses films ; le jeune âge, au sortir de l’adolescence. "
" Le conflit de génération naît clairement de l'incompréhension réciproque; que reprséente en effet pour les jeunes le catholicisme mystiq
" Le conflit de génération naît clairement de l'incompréhension réciproque; que reprséente en effet pour les jeunes le catholicisme mystique de la Pologne, les vieux slogans d'un communisme sclérosé ou le souvenir de la guerre ?
Ainsi, analysons les références à la guerre : dans le prégénérique, des gens semblent un à un basculer dans le vide comme dans une fosse, symbole des massacres nazis, mais la scène devient rapidement dérisoire avec la reprise des mêmes gestes par des étudiants qui, par jeu, se précipitent du haut d'une table en roulant sur eux-mêmes; plus loin, le vieux père, ancien officier, remet à son fils un sabre, véritable relique falmiliale en qui le garçon ne voit qu'un accessoire ridicule ou encombrant; enfin, dans une des plus belles scènes du film, le héros en compagnie dune jeune conductrice de tralways, monte au sommet d'un tremplin de saut à ski et, chevauchant une valise, sabre à la main, se lance dans la pente, geste aussi insensé que les les charges de la cavalerie polonaise en 1939 contre les chars allemands.
Ainsi se confrontent les attitudes et les opinions, les idées et les expériences de deux générations dans un même délire visuel de métaphores et de symboles qui débouchent finalement sur un univers désespéré : les gens courent, fuient, tournent en rond, s'arrêtent au feu rouge et repartent complètement désorientés dans un monde qu'ils ne comprennent plus et qui, pour toute réponse, ne leur renvoie que leur image privée de toute signifcation.
Jamais peut-être l'affolement de l'image n'avait aussi bien servi un parti intellectuel. Peu de recherches visuelles n'échappent aussi totalement que dans ce film au péril de la gratuité, ainsi cette image où le héros s'est coiffé d'un lambeau d'affiche sur lequel apparaît à la place du visage un index accusateur...
L'insolite de Skolimowski est de même nature que celui de Polanski, il dynamite le réel."
" La Barrière ne dit qu'une seule chose : la Résurrection. Mais elle le dit de toutes les façons possibles. Explicitement, par exemple : « R
" La Barrière ne dit qu'une seule chose : la Résurrection. Mais elle le dit de toutes les façons possibles. Explicitement, par exemple : « Rappelle-toi qu'un jour tu mourras et ne ressusciteras pas », dit prophétiquement au héros, dans la nouvelle boite de nuit, « l'homme qui a changé de vie » et qui distribue le journal « Vie Nouvelle », dont se coifferont un peu plus tard les anciens combattants...
On voit comment les symboles s'ajoutent les uns aux autres, en cascades.
En chaque scène, non pas un objet, une phrase, un personnage ou une situation, mais plusieurs, sinon tous, prennent en charge la symbolisation du thème résurrectionnel (...) il y a donc plusieurs niveaux, plusieurs sortes de symboles, conjugués dans un ensemble complexe et vivant : l'on passe par exemple du niveau des situations et contextes (veille de Pâques, fin des études, début dans la vie, veille de mariage, nouveau départ, musique faite d'Alleluya) à celui du contenu même de chaque scène (voiles ôtés aux têtes de cerf empaillés, voiture dépouillée de sa housse comme d'un cocon, affiches qui invitent à doner son sang pour sauver une vie nouvelle, etc) ..."
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