René Féret : Une forme de désobéissance
VIDEO | 2015, 14' | Auteur d'une oeuvre rare et sensible, René Féret a disparu à l'âge de 69 ans en avril 2015. A1
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Un repas pour un siècle d'histoire familiale : depuis les Ternolain, paysans picards, les Dauchy, mineurs dans le Nord, et les Gravet, chevillards à Arras.
Dans la cour, les tables sont dressées. Les membres de la famille arrivent les uns après les autres, offrant au communiant ses cadeaux. Quand tout le monde est présent on s'installe et le repas commence. Commence aussi l'évocation d'un siècle d'histoire familiale : depuis les Ternolain, paysans picards, les Dauchy, mineurs dans le Nord, et les Gravet, chevillards à Arras, jusqu'à Julien Gravet, troisième du nom, pour lequel toute la famille se rassemble aujourd'hui.
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"... une éclatante réussite. La communion solennelle de Julien est l’occasion de faire revivre de 1900 à 1976 trois familles du Nord et du
"... une éclatante réussite. La communion solennelle de Julien est l’occasion de faire revivre de 1900 à 1976 trois familles du Nord et du Pas-de-Calais : paysans, artisans, commerçants (...) La caméra et l’intelligence de René Féret ne partent pas à la recherche d’un pittoresque populaire et provincial, elles prennent le pari de la redécouverte analytique des moteurs d’une évolution essentielle : celle du prolétariat du pays français.
Toute la force du film est dans la lucidité du regard (...)
René Féret est « chtimi ». Il est du plat pays, et les montagnes de son enfance furent des terrils. Les valeurs de son enfance, et de sa mémoire familiale ont été fortes mais rares, un certain sens de l’honneur, du travail, une certaine intériorisation. C’est de cet essentiel-là qu’il nous parle. C’est cet essentiel-là qu’il remet en question, au-delà de l’amour que les siens lui inspirent.
Entre ces trois familles, entre tous ces individus ces Julien, Gaston, Jacques, Léonne qui ressortent à chaque génération, d’apparents liens d’affection ou d’amour sont analysés — sans culpabilisation ni individuelle ni collective — comme des rapports de force : de sexe et d’argent.
René Féret ne condamne pas, ne s’effraie pas, ne démontre pas. Il décele l’imposture des valeurs bourgeoises codifées en examinant l’institution, le passage de l’état instructif à l’état de mensonge. Dans ce film plein à craquer d’anecdotes, de personnages, d’aventures, d’évocation, René Féret nous tient en haleine par la rigueur et la ferveur.
Rigueur à tous les niveaux. Il filme serré sur un pays au relief pauvre, à l’horizon court, s’enferme dans des décors de briques, resserre les contacts des personnages avec le monde : essentiellement des corps à corps (domaines réservés du travail et de l’amour). Il utilise peu les extérieurs. Il construit avec précision quelque chose de neuf qui tient du Kaléidoscope et du labyrinthe. On renonce bientôt à établir des liens familiaux et sociaux entre ces personnages. On ne retient que ce qu’ils représentent, quelle évolution et vers quoi.
Il dirige avec amour des comédiens merveilleusement choisis pour leur richesse de sensibilité et leur pouvoir de représentation et tous excellents de Dalio à Myriam Boyer et Philippe Léotard. Aucun petit rôle ne laisse un instant tomber l’attention ou faiblir la vigilance ; d’ailleurs, aucun rôle n’est petit. La vie même, celle qui se tisse devant nous (pas plate reproduction de la réalité, mais reconstitution consciente d’une vérité représentée) ne contient rien d’inessentiel, rien de non-nécessaire. Il se donne le luxe d’une chanson abracadabrante mi-complainte populaire classique, mi-chant moderne et récitatif, qu’il confie à Serge Reggiani et qui tisse entre eux avec souplesse les instants du film (1900-1925-1954-1976) nous permettant une acceptation spontanée nous gratifiant presque d’un don d’ubiquité.
La sincérité atteinte ici est exemplaire. Elle est réconfortante. Et c’est sans doute ce qui est le plus difficile à analyser. Cette définition, cette mise à plat de nos valeurs mensongères, ce regard sans attendrissement posé sur des ancêtres qui sont aussi les nôtres, n’excluent jamais l’amour. Ces gens ne sont pas proposés à notre admiration (à la différence d’une démarche comme celle du Cheval d’Orgueil par exemple) mais à notre reconnaissance.
Il y a une façon de se sentir chez soi dans le peuple qui est véritablement forte. Ceux qui mentent et ont menti sur des valeurs, s’en sont servis, les ont manipulées, sont exclus. Dans ce film, on se sent chez soi, entre soi. Et même si l’on est de bien loin, si l’on n’a ni le même accent, ni le même folklore, ni dans la tête les mêmes paysages, cet effort de mémorisation attendrissant et douloureux me semblait urgent, me semble très clairement assumé."
" ... René Féret rompt complètement avec le style de son premier essai, Histoire de Paul, pour réussir une gageure incroyablement téméraire
" ... René Féret rompt complètement avec le style de son premier essai, Histoire de Paul, pour réussir une gageure incroyablement téméraire dans sa simplicité, l’épopée d’une famille de la fin du siècle dernier jusqu’à nos jours. Partant de sa propre histoire visualisée par des photos de famille retrouvées, Féret nous raconte l’Histoire.
Loin des réflexions sur le style narratif du Téchiné de Souvenirs d'en France, qui traitait un sujet assez proche, c’est bien plus du côté de chez Renoir que se situe La Communion solennelle : ce qui est en cause, c’est un regard. La chaleur de celui de Féret est manifeste à chaque séquence, porte sur chaque personnage, englobe avec humour l’ensemble des situations décrites. Bon an mal an, la cellule familiale traverse les décennies : point de départ de tout, elle demeure, malgré les coups successifs qui lui sont portés, le point de ralliement. D’où l’idée superbe de rassembler tous les personnages évoqués dans cette communion solennelle, cérémonie familiale par excellence, dont le déroulement rythme le film pour s’achever sur ce moment rare de l’orage qui éparpille la tablée puis la réunit sous une grange.
Qui, aussi bien que Féret, a su parler de ce pays du Nord, de ce monde mi-paysan mi-ouvrier ? Il y a là une maturité qui éclate dans chaque composante de l’œuvre, l’image bien sûr, l’interprétation, par des comédiens professionnels ou non, le montage, ample dans le découpage des séquences mais dru dans leur enchaînement, la chanson-ballade, explicative et discrète. Un aboutissement tel devrait parvenir à l’universel, ou presque : le cinéma épique populaire, le vrai, celui que prône un Rossellini, a enfin retrouvé son auteur."
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