Yves Caumon : "Le comique est un antidote au pathétique."
Prix Un Certain regard au Festival de Cannes en 2001, Amour d'enfance raconte l'histoire d'un homme qui décide de1
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Paul retrouve la ferme familiale, son père malade et ses amours pas si lointaines... Prix Un certain regard au Festival de Cannes 2001.
Paul, 28 ans, n'en finit pas de terminer ses études. Il ne revient pas souvent chez lui, à la ferme familiale, et s'il y retourne cette fois-ci, c'est que son père est mourant. Celui-ci ne décède pas aussi vite et une fois sur place, Paul peut difficilement repartir. Pris au piège, retrouvant tout ce qu'il avait quitté, Paul commence à se sentir coupable d'avoir abandonné les siens. Il tente alors de rattraper le temps perdu, d'être bon et généreux. Reprenant tout à zéro, il se donne une deuxième chance. Mathieu Amalric dans le premier long-métrage d'Yves Caumon, Prix Un certain regard au Festival de Cannes 2001. Le film a été soutenu par l'ACID lors de sa sortie en salle.
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" Dès les premiers plans de ce premier long se préciseun talent à filmer cette fameuse beauté-là, jusque dans ses replis les moins éclatant
" Dès les premiers plans de ce premier long se préciseun talent à filmer cette fameuse beauté-là, jusque dans ses replis les moins éclatants. On est ici dans un coin de Sud-Ouest où Paul (Mathieu Amalric), étudiant attardé, revient vers la fin de l'été. Son père est sur le point de mourir, sa mère tient la ferme familiale vaille que vaille, sans rien demander à personne surtout pas à son fils. Dans le regard de Paul, attendri ou méfiant, c'est un monde qui se recompose, intimement lié à sa jeunesse.
Tout est pareil et tout a changé pourtant (...) Paul, étranger dans cet univers familier, ne sait sur quel pied danser. Il est à un point vacillant de son existence, entre le regret d'un passé simple et l'appréhension d'un avenir flou. L'incertain regard qu'il porte sur les choses et les êtres de son enfance nimbe d'une vibration unique les tableaux les plus anodins. La campagne hirsute écrasée par le soleil, le vide et le plein qu'elle procure simultanément. L'écho assourdissant d'une boîte de nuit déserte où l'on est venu trop tôt. L'embarras d'un fils à serrer dans ses bras une mère qui pleure. Le sourire ambivalent mais sans calcul d'Odile, non l'amie d'enfance retrouvée mais la petite soeur de celle-ci, grandie, gentiment délurée et qui, comprend-on, aimait aussi Paul en secret.
Lettre de rupture forcément mélancolique, le film a ses blancs, ses fautes de frappe, une touche ici trop appuyée. Mais son entêtement à tenir la même note, à la fois douce et déchirante, s'accorde bien à un sujet rudimentaire et délicat : le double arrachement de Paul à la terre et à l'enfance.
Mathieu Amalric, qu'on a souvent connu en tweed citadin, est ici un impeccable fils de paysan, et donne tout son sens de la nuance à un rôle premier mais presque effacé. Caumon joue d'ailleurs subtilement du décalage entre le jeune homme de la ville que son retour au pays met en vedette et les campagnards, joués par des acteurs dont plusieurs débutent au cinéma. Apportant sa fraîcheur au rôle clé d'Odile, la jeune Lauryl Brossier a aussi le privilège de figurer le constant point d'interrogation du film jusqu'à devenir le coeur d'une autre histoire possible."
" Peut-on vider les abcès du passé ? S’improviser le fils, l’ami ou l’amoureux qu’on n’a jamais su être ? Parti faire ses études en ville,
" Peut-on vider les abcès du passé ? S’improviser le fils, l’ami ou l’amoureux qu’on n’a jamais su être ? Parti faire ses études en ville, Paul ( Mathieu Amalric), 28 ans, rentre à la ferme familiale. Son père va y mourir et, avec lui, tout un pan du monde paysan assiégé par des lotissements flambant neufs (...)
Dans Amour d'enfance, le décalage le dispute au malaise. Le malaise à la honte. La honte au comique. Et le comique au silence. Car, chez Yves Caumon, auteur d’un moyen-métrage remarqué intitulé La Beauté du monde (1998), les non-dits pèsent leur poids de plomb, les regards se dérobent, les corps, silhouettes minuscules, se perdent dans les paysages. Les plans, faux temps morts, durent. Les portes s’entrebâillent sur la mort. Et les duels - un chien y restera - ont lieu au soleil. Entre un Mathieu Amalric qui, très loin de ses personnages habituels, explore la puissance de l’inexprimé, et une Lauryl Brossier insolente et gironde à souhait, Amour d'enfance a tout. Peut-être parce qu’il allie, à son échelle, l’ampleur intimiste d’un John Ford au calme orageux d’Ozu."
" La Beauté du monde, le précédent film d'Yves Caumon, donnait à découvrir un cinéaste amoureux de la lumière naturelle et des paysages à la
" La Beauté du monde, le précédent film d'Yves Caumon, donnait à découvrir un cinéaste amoureux de la lumière naturelle et des paysages à la Renoir, en même temps qu'il trahissait un certain malaise à l'égard de ses personnages. Amour d'enfance est passionnant pour cela : le film est moins celui d'un retour (aux sources) que d'un retournement (de situation), à juger comment Caumon interroge son difficile rapport cinématographique avec ses frères humains.
Lorsqu'il dit que cette histoire est partie d'une bonne intention («rapprocher un personnage de son milieu et de sa famille»), il faut prendre son film comme une expérience bienveillante : un personnage s'y révèle au contact non plus de la beauté du monde mais de ses habitants.
On pourrait évoquer l'image d'un western rural le film allant jusqu'à broder à sa façon une mémorable scène de duel , on pourrait pousser la référence plus loin et y voir le surgissement d'une question : comment arriver à filmer à hauteur d'homme ?
La bonne nouvelle du film, c'est qu'il y réussit, déplaçant la gravité un peu attendue du sujet (un garçon plutôt mal dans sa vie s'en retourne dans son village natal du Sud-Ouest, où l'attendent un père malade et des souvenirs encombrants) vers une sensualité adolescente plus palpable (joliment incarnée par Lauryl Brossier). D'autant que Caumon ne perd pas sa manière d'immerger le personnage romanesque de Paul dans une eau naturaliste. Mathieu Amalric forge vite une alliance avec Caumon, qui lui permet de déployer l'ampleur burlesque et émouvante du personnage."
"De l'essence de l'humanité. Ce ne sera sûrement pas l'ultime campagne d'un Paul grandi, mais c'était sa campagne à lui. Nous sommes tous de
"De l'essence de l'humanité. Ce ne sera sûrement pas l'ultime campagne d'un Paul grandi, mais c'était sa campagne à lui. Nous sommes tous des Paul en puissance. Nous sommes tous des paysans d'origine, des cultivateurs d'émotions. Ici, le bonheur n'est pas toujours dans le pré. Yves Caumon trace son sillon, cultive l'art cinématographique dans sa dimension la plus humaine, tel un véritable amour pour la beauté du monde."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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