Cannes 2012 — Michel Bouquet : "Juste une touche sur la toile"
Monstre du théâtre, grande figure chabrolienne au cinéma (La Femme infidèle...), Michel Bouquet raconte comment il1
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Un leader gauchiste en exil est la cible d'un complot... Ou l'affaire Ben Barka revisitée, à chaud, façon thriller. Politique, percutant et spectaculaire.
Un leader gauchiste, exilé en Suisse parce qu'il dénonçait la dictature de son pays, devient l'objet d'un complot. De connivence avec les Américains, la police française lui tend un piège mortel... Efficace thriller au casting international ? Surtout "l'affaire Ben Barka" revisitée à chaud par Boisset le cinéaste fonceur du "Sherif" et "Dupont Lajoie". Politique, percutant et spectaculaire.
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" Film d'autant plus passionnant qu'il se réfère à une histoire vraie, à l'Histoire. Non q
Un responsable de ce service français de contre-espionnage admet qu'avait été prévue « la récupération de Ben Barka par des moyens non orthodoxes ». A l'en croire, il s'agissait simplement de mettre le leader de l'opposition marocaine en présence (fût-ce à son corps défendant) d'un ou de plusieurs représentants du gouvernement chérifien afin d'obtenir la fin de son exil.
S'il est fait allusion à un service secret français, dans le film d'Yves Boisset, l'accent est mis sur la C.i.a. Les Américains en ont vu (et ils en ont fait) d'autres. Alibi commode. Fallait-il que la vérité fût tournée pour que le film pût l'être ?
On n'a jamais su ce qu'était devenu Ben Barka. Les cinéastes de L'Attentat ont choisi l'hypothèse la plus vraisemblable : celle de son interrogatoire par Oufkir lui-même. Avec torture et mise à mort.
Pourquoi, dès lors, modifier en plus ou moins ce que l'on sait ou que l'on peut raisonnablement conjecturer ? Pour faire du cinéma ? Yves Boisset et Jorge Semprun en avaient trop dit pour ne pas dire tout. A l'ambiguïté s'ajoute la timidité.
Gian Maria Volonté est un Ben Barka satisfaisant, encore qu'un peu trop sentimental. Il annonce de façon prémonitoire et saisissante sa mort à Oufkir. Michel Piccoli est admirable dans ce rôle. Il a non seulement le visage d'Oufkir, mais son âme.
Plus contestable, bien qu'excellemment interprété par Jean-Louis Trintignant, apparaît Georges Figon. Regrettables, le personnage, réel mais mélodramatique, de l'avocat (Michel Bouquet), et celui, inventé, du policier au grand cœur (que le talent de François Périer ne peut sauver). Inadmissible, celui du réalisateur-présentateur de la télévision (Philippe Noiret) qui, dans le film, participe à l'enlèvement.
Il y a eu un journaliste dans l'affaire Ben Barka : le plus sûrement innocent et dont l'acquittement n'a été contesté par personne. L'O.r.t.f. est ce qu'il est. Il est peu honnête d'en rajouter. Faudra-t-il donc toujours que les journalistes paient pour les autres ? Nous entrevoyons dans leur rôle exact les deux policiers, dont Louis Souchon, soldat perdu en un combat indigne. Sans doute de bonne foi, habitué qu'il était à ces louches collusions entre divers services. L'un des seuls condamnés dans cette affaire, et lourdement (six ans de réclusion criminelle), il eut, au cours de sa longue incarcération, une phrase sublime : « J'étais ce qu'il convient d'appeler un « inconditionnel » bien connu, gaulliste je reste, mais permettez-moi que je vous en fasse la confidence, un gaulliste meurtri et quelque peu désemparé. »
La boue prend trop de place et s'étale. Je m'arrête"
" Au cours d'une série d'intierviewes accordées à la sortie de L'Attentat, Yves Boisset s'es
" Au cours d'une série d'intierviewes accordées à la sortie de L'Attentat, Yves Boisset s'est « employé à prendre ses distances» à l'égard de la véritable affaire Ben Barka, ayant inspiré son film. « Il s'agissait, a-t-il dit. en substance, pour Jorge Semprun (adaptateur-dialoguiste du scénario de Ben Barzman) et moi, de fournir à travers une « histoire » destinée au public populaire, des éléments de réflexion sur le principe de l'attentat considéré comme moyen d'action politique. »
De fait L'Attentat, par son existence même en tant que film, les rapports que le public (informé à des degrés divers des circonstances de l'enlèvement du leader marocain le 29 octobre 1965) va être conduit à établir avec lui, comme par les distorsions qu'il impose au réel et par ses limites, pose une nouvelle fois le problème d'un cinéma de «politique-fiction» se référant à un événement authentique, en y intégrant la part de subjectivité inhérente à la démarche même adoptée par les auteurs, démarche consistant à construire une « histoire » selon le schéma d'un scénario policier classique dont tous les éléments s'imbriquent parfaitement (...)
Il s'agit là d'une précaution indispensable à dissiper l'ambiguïté résultant de l'utilisation d'un certain nombre de faits et de personnages réels dans une fiction où figure en bonne place la subjectivité des auteurs.
Le point essentiel où celle-ci se manifeste, concerne notamment une hypothèse qui fut suggérée à l'époque selon laquelle l'enlèvement de Mehdi Ben Barka aurait été fomenté dans l'ombre par la CIA. dans le but de décapiter la « Tricontinentale » (organisation dont Ben Barka était le secrétaire général) en liaison avec l'élimination de deux autres leaders du tiers-monde, Patrice Lumumba et Che Guevarra.
Que rien de ce genre n'ait été démontré par l'enquête, mérîtait déjà au moins une certaine prudence au lieu de l'affirmation péremptoire consistant dès les premières images du film, à le considérer comme acquis. Mais il est néanmoins remarquable, cependant, que cette version vienne renforcer les affirmations du gouvernement d'alors, tentant de dégager sa responsabilité en faisant retomber cette encombrante affaire, révélatrice d'un régime de scandales et de mauvais coups, sur le « vulgaire et le subalterne »... Car alors la « main de l'étranger » devient un argument facile, faisant oublier l'essentiel.
Et voilà que par le jeu de la dramatisation (on pourrait également évoquer l'introduction d'un commissaire soucieux d'accomplir son métier jusqu'au bout et qui perdra sa place au tableau d'avancement) le propos du film se désamorce en partie. Reste un « policier » à voir, bien sûr, offrant davantage d'inviter à la réflexion sur les rapports existant entre les diverses polices (parallèles et autres) et le pouvoir. Une excellente interprétation (...) est également à mettre à son actif..."
" On reconnaît très vite les personnages et les décors de la fameuse affaire Ben Barka. Mais pas les noms : l
" On reconnaît très vite les personnages et les décors de la fameuse affaire Ben Barka. Mais pas les noms : le leader de l'opposition s'appelle, dans le film, Sadiel est décidé à retourner dans son pays » ; on ne nomme jamais le Maroc. Et quand arrive a Paris un inquiétant colonel, on sait seulement qu'il est ministre d'un Etat étranger. On l'appelle Kassar. Si on avait eu l'idée de l'appeler Oufkir, quelle fin sensationnelle les scénaristes n'auraient-ils pas inventée : imaginez que ce colonel, venu a Paris pour tuer son rival dans la cave d'un truand, se fasse tuer lui-même, dix ans après, par le chef de l'Etat dont il était ministre ! Jamais un roman de la Série Noire n'a inventé un scénario aussi compliqué, aussi sinistre, aussi fertile en rebondissements (...)
Comme film policier, L'Attentat est incontestablement réussi. Pourtant ceux qui ont lu dans la presse les « révélations » successives qui ont rendu publique cette sordide histoire, ont l'impression qu'on leur raconte l'histoire à l'envers. Car ils l'ont connue dans l'ordre inverse : on a d'abord appris la disparition puis la mort de Ben Barka et c'est ensuite qu'on a pu, un à un, renouer les fils qui liaient ces policiers exécutants, ces responsables des services secrets français, de hautes personnalités proches du pouvoir et le journaliste manipulé qui servit d'appât.
Raconté à l'endroit, ce complot contre la vie d'un homme dont le seul crime est d'appartenir à l'opposition dans son pays parait plus scandaleux encore. La bonne volonté avec laquelle une haute personnalité française accepta de livrer, en France, son ennemi au colonel, a de quoi donner froid dans le dos. Pire encore, la facilité avec laquelle se mettent au service de cette basse besogne les chefs du service de contre-espionnage et tout un réseau d' « honorables correspondants » qui ont un nom dans les salons parisiens et sont prêts à toutes les compromissions. Le moment le plus atroce du film c'est la question que pose Sadiel (puisqu'il faut l'appeler ainsi), quand des policiers l'invitent impérativement a monter dans leur voiture. Vous êtes bien des policiers« français » ? Ils montrent leur carte, leur plaque, ce sont de vrais policiers. Aussi méfiant qu'il soit, Sadiel ne peut imaginer que la police française soit au service des tueurs d'un Etat étranger. Il en mourra.
Ces policiers n'étaient pas en service. Ils étaient au service d'un agent secret. Sur un mot (« Vous êtes couverts »), ils enlèvent un homme. Assurés de l'impunité. Ils le conduisent chez un truand notoire et le lui livrent. Sans poser d'autres questions. Un grain de sable dans la machine, le remords tardif du journaliste qui avait attiré Sadiel dans le piège, fera échouer le crime parfait. On connaît le nom de ces policiers. Ils ont été arrêtés.
Mais Sadiel était déjà mort. Et, après tout, ces policiers n'étalent que des exécutants. Ils n'auraient jamais été même inquiétés sans le grain de sable. Et l'énorme réseau de complicités qui remonte très haut dans les rouages de l'Etat, on a bien l'impression qu'il n'a pas été démantelé, à peine quelques mailles ont-elles sauté dans cette opération dont le hasard a révélé le fonctionnement. Mais la victime était morte et par dessus le marché quelques témoins gênants.
On comprend pourquoi les auteurs du film ont préféré affubler leurs personnages de faux noms. Et on imagine qu'ils ont été soulagés en apprenant, cet été, la mort d'un certain colonel qui n'hésitait pas à régler, de sa main, le sort de ceux qui le gênaient. Mais, même sous le masque de la fiction, ces personnages ressemblent à ceux dont nous voyons la photo dans les journaux ou qui paraissent a la télévision.
Dans le rôle du haut fonctionnaire qui est à l'origine du complot, le ton cynique et méprisant de Jacques François apporte, hélas, beaucoup de vraisemblance. Comme les airs d'honorabilité que se donne Michel Bouquet dans son rôle d'avocat spécialisé dans le chantage et l'achat des corps et des âmes. Tous les personnages du film sont de grands comédiens et Yves Boisset en tire un étonnant parti (...)
Le plus inquiétant c'est que tous ces personnages soient si vraisemblables. Nous ne nous étonnons même pas de voir tout ce beau monde accepter sans hésitation de participer à un assassinat, de ne voir aucun d'eux hésiter quand il s'agit de tuer deux témoins inquiétants. Le rôle peu reluisant des services secrets mêlés à ces crimes, leur complicité avec des truands assurés de l'impunité moyennant quelques services rendus, en sommes-nous vraiment surpris ?
Le vrai scandale c'est que les révélations de scandales comme celui de cette célèbre « affaire » ne scandalise plus personne. Du moins quand on les lit dans les journaux. Quand on voit vivre sur l'écran les victimes et leurs honorables assassins, on peut espérer que l'indignation renaisse. Ce film n'aurait pas été inutile si la fiction suscitait dans la réalité une volonté de mettre fin à ces compromissions et à ces complicités."
" Très attendu, voici donc cet Attentat au tournage compliqué par l'hostilité des Pouvoirs publics et qui, bi
" Très attendu, voici donc cet Attentat au tournage compliqué par l'hostilité des Pouvoirs publics et qui, bien que son auteur, Yves Bolsset, s'en défende — il parle de « politique fiction » — raconte, à peine transposé, l'enlèvement en plein Paris, d'un leader du tiers monde qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Ahmed Ben Barka.
Il faut le dire tout de suite, c'est, au plan pur du cinéma, un très bon film, au suspense rigoureux, aux interprètes (...) tous remarquables. Il faut le dire aussi, ce n'est pas pour aller voir « un bon film » qu'on ira voir L'Attentat. Et là, deux points de vue se juxtaposent — en s'opposant
Le premier, c'est « l'affaire » elle-même. Sans doute pour éviter l'interdiction, sans doute aussi parce que la disparition de Ben Barka est trop récente et que — le film a été tourné avant la mort d'Oufklr — les « cadavres » y sont encore trop explosifs et les points non élucidés encore trop nombreux, l'auteur, et son scénariste Jorge Semprun, ont, volontairement, mêlé la fiction au documentaire.
Non seulement l'acteur Italien Volonté est, au physique comme sans doute au moral, différent de Ben Barka, mais on ne reconnaît, dans le film, aucune correspondance directe entre le personnage de Trintïgnant — un mélange de Bernier et de Flgon ou celui de Michel Bouquet, un avocat d'affaires très proche du Pouvoir et des Renseignements généraux — ou, encore, celui de Philippe Noiret — un ponte du Journalisme télévisé, aux ordres, lui aussi, des Renseignements généraux — avec les personnalités qui ont, autant qu'on puisse le savoir, réellement « trempé » dans l'affaire Ben Barka.
En revanche, comment ne pas reconnaître la villa de Boucheselche, l'appât qu'a constitué, pour faire venir Ben Barka — Sadiel dans la film — à Paris, le projet de réaliser un film sur le tiers monde, et surtout, derrière les lunettes noires de Piccoll, Oufkir le machiavélique 1
Mêlant ainsi le vrai et l'Imaginaire, les auteurs du film ont curieusement — et c'est le deuxième point de vue, qui, sans doute, vaudra à L'Attentat un succès mérité — réalisé l'œuvre la plus explosive du cinéma français : jamais encore les relations de la police et du pouvoir, les complicités à tous les échelons, les manipulations sordides, jusque dans les couloirs de la maison de l'ORTF, et dans un pays qui n'a plus rien, comme dans Z, de mythique — il s'agit bien de la France—, n'ont été aussi clairement dénoncées.
On ne peut, dès lors, tenir rigueur au film d'être un peu trop brillant et incontestablement commercial. C'est, au contraire, une réussite de plus."
" « C'est une série noire que vous me racontez », dit un personnage du film de Boisset. Cela en est une, en eff
" « C'est une série noire que vous me racontez », dit un personnage du film de Boisset. Cela en est une, en effet, mais une série noire qui rend blême. Elle fait peur comme la vérité (...)
Le réalisateur, il a 33 ans. Sa mise en scène lui ressemble car elle est sincère, séduisante, dynamique et a du punch. Dès son premier film, Les Jardins du diable, génlalement rebaptisé Coplan sauve sa peau, Boisset gagne l'estime des cinéphiles qui, comme lui, ont la passion des films d'action et des grands maîtres du genre (...) Avec L'Attentat, aujourd'hui, Boisset confirme l'Impression que parmi les réalisateurs de la récente couvée, il est un de ceux qui sache le mieux montrer ce qu'il a à dire et l'interprétation, ici encore, est un élément majeur de l'impact du film..."
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