Miguel Gomes vous entraîne dans le catalogue UniversCiné
VIDEO | 2012, 9' | Miguel Gomes vous invite à un petit parcours cinéphile à travers le catalogue d'UniversCiné.
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Jean de Dieu, homme paisible et glacier à succès, collectionne en bon fétichiste les poils pubiens de ses conquêtes qu'il classe dans son "Livre des pensées".
Jean de Dieu, directeur du Paradis de la Glace, est l'inventeur de parfums délicieux qui font la réputation de son établissement et chacune de ses employées est méthodiquement formée par lui. Le soir, après avoir fait les comptes et nettoyé la maison selon ses rigoureux principes hygiénistes, le mystérieux glacier rentre chez lui pour s'adonner à des plaisirs fétichistes... Grand prix spécial du jury au Festival de Venise, 1995, une comédie saugrenue à l'érotisme presque surréaliste qui consacra le réalisateur de "Souvenirs de la maison jaune".
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" ... certes une comédie, mais une comédie joyeusement « endiablée », une farce sulfureuse, un tablea
" ... certes une comédie, mais une comédie joyeusement « endiablée », une farce sulfureuse, un tableau grotesque dont on ne sort pas « ravi » mais un brin interloqué.
Si les délires d'un Jérôme Bosch, mais d'un Jérôme Bosch délivré du mal, ne vous tentent guère, passez votre chemin... Ceux qui ont vu Souvenirs de la maison jaune (1989) savent qu'existe à Lisbonne un personnage dostoïevskien, Jean de Dieu, qui a emprunté sa silhouette de croque-mort osseux à João César Monteiro, cinéaste, et son nom immodeste à un célèbre saint portugais. Le rapprochement avec ce dernier s'arrête là : dans Souvenirs de la maison jaune, Jean de Dieu, clochard vicelard, se montrait plus soucieux de ses testicules que de son prochain. Enfermé dans un asile de fous pour s'être exhibé en officier de cavalerie, il en était ressorti investi d'une mystérieuse mission : « Donne-leur du fil à retordre...»
Jean de Dieu, six ans plus tard. La même silhouette de portemanteau, le même crâne vampiresque. Et pourtant, un tout autre homme : épouillé, propre sur lui, méconnaissable. « J'aurais pu, confesse-t-il, devenir un criminel, un proscrit, en permanente rébellion contre une loi sociale aveugle et aberrante. » Au lieu de quoi, le voici vénérable gérant du Paradis de la glace, maître glacier en quête du « parfum des parfums ».
Plus de punaises chez notre homme, pas même la moindre salmonelle. Tout de « ponctualité britannique », à la fois bizarrement esthète et hygiéniste, Jean de Dieu veille à la propreté de ses très jeunes employées du Paradis, des filles de la campagne chez qui il traque taches et souillures, en prodiguant ce conseil, toujours le même : « N'oublie pas qu'un jour tu seras mère... »
De jour, Jean de Dieu est un monsieur très net. Le soir venu, dans sa grande maison déserte des bords du Tage, devant une fenêtre ou derrière un rideau, c'est bel et bien Nosferatu, le vieux Nosferatu de Murnau, son crâne chauve, ses oreilles pointues, ses doigts crochus, qui reçoit les jeunes filles très consentantes aventurées chez lui.
Jean de Dieu est un drôle de prédateur : ce n'est pas leur sang qu'il convoite, mais leur peau si blanche au contact du lait, des oeufs... ces éléments maternels avec lesquels on confectionne les glaces (...) ce qu'il aime, c'est l'effet de surprise : de l'impromptu, du saugrenu. A chaque fille, sa trouvaille.
Lorsqu'il installe la jeune Rosarinho sur une table recouverte d'un matelas pneumatique et qu'elle commence à « nager » sur l'air de la Mort d'Isolde, nul ne sait et, sans doute, pas même lui, où Wagner les conduira... Jean de Dieu se joue la comédie, bien sûr.
Une comédie qui dérape, l'air de rien, de fantaisies bizarres en bêtises inavouables. Notre homme vaque à ses gentilles perversions comme si de rien n'était, s'abstrait de toute autre réalité que l'objet de son fantasme car c'est le propre des fantasmes que d'être oublieux du réel. En clair, il « s'égare ».
C'est là qu'il faut bien faire intervenir Monteiro, metteur en scène et acteur de ses propres fantasmes. Le premier laisse le second en plan : posée dans un coin de la pièce par João César Monteiro, la caméra semble illico oubliée par Jean de Dieu, qui lui tourne le dos, regarde dans le vague, marmonne d'une voix blanche, comme indifférent à l'oeil de la caméra, au jugement des autres, à l'ennui possible, au rejet...
Cette apparente déconnexion du cinéaste et du personnage est, bien sûr, un leurre habile car Monteiro rythme ses magnifiques plans fixes au poil près. Mais le stratagème opère : on s'installe d'autant mieux dans l'univers du bonhomme qu'il ne nous force pas la main. Il prend le temps de régler ses dispositifs cocasses, nous laisse tranquillement entrer dans ses fantasmes burlesques, au point de leur donner une apparence de quasi-normalité (...)
Monteiro se garde d'éclaircir lorqu'il dit que « filmer est une profanation de la réalité ». Complaisance ? Il y en aurait si Monteiro cherchait ne parlons même pas d'une justification morale une quelconque sympathie. Il n'en est rien : ses fantasmes régressifs, ses jeux de mots foireux (le calamiteux « God shave the Queen »), sa scatologie puérile on pète et on rote chez Jean de Dieu n'ont rien de glorieux. Sorte de Buñuel lusitanien mais un Buñuel délivré de la provocation anticléricale, Monteiro brave le ridicule avec panache.
C'est ainsi qu'il atteint parfois le sublime. « Je ne suis pas un humoriste, dit-il, je crois en l'humour dans le sens des humeurs, des fluides qui habitent le corps. » Les humeurs contre l'humour. Humeurs de la folie contre humour normatif : c'est peut-être ce combat inégal que mène, l'air de rien, João César Monteiro sur les bords du Tage.
« Immense est l'empire de l'ice cream », dit-il du fond de sa petite fabrique de glace. On est tenté d'y voir la parabole d'un cinéma artisanal face à l'empire des images normalisées. Un cinéma de l'étrangeté, de la singularité poétique. Un cinéma au bord de l'expulsion..."
" Un film monstrueusement sensuel, drôle et émouvant, à condition d’aimer Bataille, les nymphettes ou les vie
" Dès le premier plan fixe (une comète accompagnée par un merveilleux chant de Monteverdi), on est sous le charme
" Dès le premier plan fixe (une comète accompagnée par un merveilleux chant de Monteverdi), on est sous le charme. Pendant deux heures quarante-trois, l'histoire insensée de Jean de Dieu, marchand de glaces et mystique de la propreté intégrale, nous entraîne dans son sillage. Joao César Monteiro, interprète et réalisateur de La Comédie de Dieu, retrouve ici le personnage tordu qu'il s'était inventé pour le magnifique Souvenirs de la maison jaune, six ans plus tôt. Avec sa silhouette légèrement voûtée, sa belle maigreur ascétique, son visage à la Nosferatu, Monteiro promène ses obsessions singulières d'adorateur déviant pour une succession de splendides cérémonies profanes. Avec un art oublié du découpage, il passe d'un plan séquence virtuose, dans lequel des jeunes filles entrent et sortent du champ sous son regard absent, à des intrusions documentaires sur l'étal d'un boucher.
Dans ce conte initiatique qui parle aussi bien du secret des glaces que des poils pubiens que Jean de Dieu collectionne avec amour, l'érotisme joue un rôle moteur. Si Monteiro louchait du côté de Céline dans Souvenirs de la maison jaune, où il jouait un «vicelard doucereux qui fait ses crasses en douce, à la jésuite» (Bernard Corteggiani, Libération, 1/3/1991), il se situe ici dans la droite ligne de Klossowski et de Balthus. Du premier, il retrouve l'amour des croyances hérétiques et des délires théologiques, mélange raffiné de christianisme aberrant et de sexualité voyeuse. Au second, il emprunte un amour immodéré des corps de jeunes filles, qu'il effleure de ses doigts légers dans un ballet mimé en musique.
Ecrivain, critique de cinéma enflammé, Monteiro n'est pourtant pas un réalisateur intellectuel. A l'image de John Ford, il réalise des westerns en chambre, sensuellement parcourus de métaphores très simples. Même si sa paranoïa l'entraîne du côté des théologiens-clochards et des raisonneurs extravagants, son art du cocasse s'adresse au premier spectateur venu, même s'il est seul, même si c'est le dernier."
" Avec ce film qui dure près de trois heures et culmine à des hauteurs de raffinement insoupçonné, Monteir
" Avec ce film qui dure près de trois heures et culmine à des hauteurs de raffinement insoupçonné, Monteiro livre un manifeste et une somme de son cinéma, sur les deux bords de la théorie et de la pratique. Côté théorie, on apprend, mais on s'en doutait un peu, qu'il vaut mieux cultiver sa singularité que de s'indifférencier dans la grosse production. En pratique, Monteiro y va de sa personne, dévoilant dans un sidérant théâtre érotomane ses lubies de vieillard hédoniste.
(...) Difficile (...) de traduire la musicalité du film, comment plus il avance, plus il gagne en légèreté, la magie des gestes et des mouvements qu'il invente au point de quasiment se priver de mots dans sa dernière heure, de pure beauté."
José G au sujet de
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