L'important, c'est d'aimer Zulawski
VIDEO | 2010, 12' | A l'occasion d'un hommage au cinéaste polonais par la Cinémathèque de Nice en Janvier 2009, Re1
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Cracovie, 1940. Michal, dont la femme et le fils ont été tués par les Nazis, s'engage dans la résistance. Sa vie devient telle un cauchemar biblique...
Cracovie, 1940. Michal, témoin de la mort de sa femme et de son fils tués par les Nazis, s’engage dans la résistance. Poursuivi, il se réfugie chez Marta, qui ressemble étrangement à sa femme et dont le mari vient d’être arrêté. Il l’aide à accoucher, puis prend soin d’elle et de son enfant. Pour gagner de l’argent, il doit vendre son sang pour nourrir les poux dans un laboratoire de vaccin. Mais son passé semble de plus en plus s’immiscer dans le présent, comme s’il était un miroir entre deux mondes. Le superbe premier long-métrage polonais, d'un lyrisme inspiré, de l'auteur de "L'Important, c'est d'aimer" et "Possession".
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" Du réalisme le plus cru, va accéder progressivement aux horreurs du fantastique. Le réalisateur, Andrzej Zulawski, qui fut longtemps l’as
" Du réalisme le plus cru, va accéder progressivement aux horreurs du fantastique. Le réalisateur, Andrzej Zulawski, qui fut longtemps l’assistant de Wajda, excelle, comme son maître, à faire sourdre le bizarre de la plus atroce banalité. Les fuites, les recherches, les combats de son héros prennent valeur de symbole. Dans le désordre de la guerre, un homme s’entête à trouver un sens à sa vie. Cobaye ici (dans un laboratoire de la Wehrmacht où on élève des poux pour fabriquer an vaccin antityphique ! ), résistant là, père d’un enfant qui n'est pas le sien, "mari" d’une femme qui n'est pas la sienne, il court après un double de lui-même... (...)
Le film surprend, inquiète mais tient en haleine, porté par des images ensorcelantes, aux tons sourds, et par la subtilité d’un montage qui témoignent de l’originalité d’un talent et des obsessions d’une âme."
Cinéaste décrié et, en France, plutôt méprisé, Andrzej Zulawski a construit une œuvre singulière, très forte et, malgré les apparences, touj
Cinéaste décrié et, en France, plutôt méprisé, Andrzej Zulawski a construit une œuvre singulière, très forte et, malgré les apparences, toujours autobiographique. Avec ce premier long métrage, il s’interroge sur les conditions de sa propre naissance : comment a-t-on pu procréer en pleine Apocalypse ?
Le titre, référence biblique à l’Evangile de saint Jean, renvoie aussi à la situation politique de la Pologne de 1940, écartelée entre nazisme et communisme. Avec des images glaçantes, entre rêve et réalité, le cinéaste décrit alors le monde comme un lieu de transit dont on ne sait s’il conduit à l’enfer ou au paradis. Mais ce qu’il met en cause, avant tout, c’est sa légitimité à vivre. Le héros avance avec cette idée fixe : « Je suis, peut-être... mais encore dois-je me le prouver. »
Ce doute, tous les héros de Zulawski y seront désormais suspendus. C’est une blessure à jamais ouverte. L’enfantement est alors vécu comme un fantasme cauchemardesque (mené à terme dans Possession, où Isabelle Adjani s’accouple avec un monstre). Ici, le héros déclare, en tenant un bébé dans ses bras : « Je ne suis pas prêt... » Et l’univers semble éclater. Les êtres se dédoublent. Dieu et diable prennent le même visage. On finit par être sous le choc de ce film convulsif où la beauté n’est pas rassurante, mais incandescente.
" Bouleversant et superbe ! Ce sont les deux premiers adjectifs auxquels on pense à propos de La Troisième partie de la nuit, d'Andrzej Zul
" Bouleversant et superbe ! Ce sont les deux premiers adjectifs auxquels on pense à propos de La Troisième partie de la nuit, d'Andrzej Zulawski, qui fut l'assistant de Wajda dès l'âge de dix-neuf ans.
Bouleversante, cette quête désespérée d'un jeune homme qui croit à chaque instant voir revivre sa femme et son fils. Superbe, cette plainte, ces arabesques de la mort, Ces courses plus ou moins rêvées, ces tableaux et ces cantates cinématographiques.
Au départ, il y a une nouvelle que Zulawski avait demandé d'écrire à son père, poète. « Je lui ai demandé de me dire, raconte-t-il, comment il avait survécu, comment et pourquoi je suis venu au monde dans un temps et un endroit de l'Europe où aucun enfant n'aurait dû naître. » Hanté par le souvenir de la guerre, Zulawski cherche aveuglément un « ordre moral à opposer à la tragédie et au déchirement des faits ».
Dans cette Pologne déchirée, les cartes se brouillent et les labyrinthes se multiplient. Dans cette ville où les gens crèvent de faim, à chaque coin de rue, des hommes en imperméables et chapeaux mous surgissent ; et les pistolets claquent ; et des passants s'écroulent. Et puis, perdu, éperdu, en fuite, et torturé, un homme. Selon un schéma parallèle, tout ce qu'il a connu avec Héléna, sa femme assassinée, se reproduit avec Martha, la femme de l'étranger qui a été pris à sa place.
Héléna et Martha : ce n'est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Les deux personnages (interprétés par la même comédienne) finissent par n'en faire plus qu'un. Michal, poussé parles remords, entoure de soins la jeune femme et son enfant nouveau-né, subvient à leurs besoins. Comme pour bien remplir un rôle qu'il avait négligé la première fois, avec Héléna.
Ainsi pourrait être la clé de ce puzzle fascinant. La fuite perpétuelle de Michal se termine là où elle a commencé, dans l'escalier de l'immeuble où il est traqué. C'est là que les deux femmes se sont confondues inextricablement. Tout le reste n'est qu'un songe, une ode à son épouse et son fils.
Zulawski a réalisé ce film avec une parfaite maîtrise. Réalisé comme un peintre octogénaire manierait le pinceau, un violoncelliste confirmé ferait courir l'archet sur son instrument. Il a su, dans une atmosphère clandestine propre à un film de guerre, susciter l'émotion et la passion d'un film d'amour, créer l'inquiétude d'un film d'angoisse, pousser l'ambiguïté du réel jusqu'au fantastique. De cauchemars en souvenirs, de visites en errances, nous naviguons sur une tranche de passé évoquant des sensations à fleur de peau."
" ... Si La Troisième Partie de la nuit se réfère, en effet, par son sujet, à l'épouvantable drame vécu par la Pologne au cours de la dern
" ... Si La Troisième Partie de la nuit se réfère, en effet, par son sujet, à l'épouvantable drame vécu par la Pologne au cours de la dernière guerre —l'un des plus sanglants de l'histoire humaine — il n'en demeure pas moins vrai qu'on ne saurait limiter le propos de l'auteur à un pas en arrière vers le passé sans en ressentir les résonances actuelles (...) Mais tout cela appartient-il à la réalité, ou est-ce uniquement le fruit de son imagination, aiguisée par un besoin profond de mettre de l'ordre en soi-même, en une quête morale d'autant plus exacerbée qu'elle se situe en un temps où les valeurs humaines sont communément bafouées par la violence et l'injustice déchaînées ?
C'est à ce point, évidemment, que le destin individuel du jeune homme, dans le film rejoint le destin collectif du peuple polonais, ses traumatismes, et qu'il projette sur les grands crimes du présent (le Vietnam, le Bïafra) la lumière crue d'un passé sans cesse réinventé.
Est-il nécessaire de préciser que le style de Zulawski sert admirablement le propos tenu ? La beauté des couleurs froides qu'il utilise, les oppositions plastiques dont il joue au cours de sa mise en scène, les qualités de l'interprétation, font de La Troisième Partie de la nuit un film à découvrir."
" Cette troisième partie de la nuit, hélas ! il n’est pas sûr que ce soit l’aube. On pencherait plutôt, tant on s’enfonce dans l’horreur et
" Cette troisième partie de la nuit, hélas ! il n’est pas sûr que ce soit l’aube. On pencherait plutôt, tant on s’enfonce dans l’horreur et le désespoir, pour ce tiers de nuit que la queue du Dragon entraîne avec le tiers des étoiles. On a reconnu l’Apocalypse. Zulawski la cite en début de film et le texte en resurgit par intermittence.Et c’est à une apocalypse que l’on assiste: le martyre de la Pologne pendant la dernière guerre. D’emblée, pour son premier long métrage, ce cinéaste polonais de trente-trois ans, Andrzej Zulawski, a choisi d’inscrire son film à la suite des grands films «de guerre» à la Wajda, comme Kanal ou Cendres et diamant. A cette nuance près — et elle est de taille : Zulawski appartient à la génération qui a suivi celle de Wajda. Il est né en 1940 : il est ce bébé qu’on voit dans le film, arriver au monde en pleine apocalypse; il ne la connaîtra que par grande personne interposée — ici, le père. Déformé, le témoignage nourrit une vision où l’évocation passionnelle l’emporte sur la précision historique. L’imagination supplée à la mémoire.
Sang. Cris. Meurtres. Tortures. Angoisses. Tous les avatars du martyre sont là. Et illustrés avec un réalisme d’autant plus véhément qu’il éclate — ce flot rouge, ce hurlement, ces buissons de gestes fous protestant contre la souffrance — dans un univers terne et froid, celui d’une douleur si quotidienne et si générale qu’elle est devenue habitude morne. Cette véhémence, Zulawski l’exalte par flambées brutales. D’abord dans la conduite des comédiens, qu’il pousse vers un jeu d’une grande vigueur expressionniste dont les gros plans ne laissent rien perdre. Ensuite les. mouvements d’appareil (plongées, contre-plongées, travellings emportés, tourbillons de caméra tentant de suivre dans leur tumulte les gestes fous) transcrivent à la lettre cette véhémence dans l’espace, sur l’écran. Enfin, le langage témoigne d’une tension que les sous-titres ne traduisent qu’imparfaitement.
Si bien que, très vite, nous voilà embarqués bien au-delà de tout réalisme, socialiste ou pas, et si forcené soit-il. Au-delà d’une histoire de guerre. C’est une histoire de guerre et de résistance, oui, mais qui n’est pas limitée aux dates 1939 et 1945. Le malheur de la Pologne veut que ce soit toute son histoire qui soit familière de l’Apocalypse ; ce pays jouit du triste privilège d’avoir été la nation d’Europe la plus dépecée, la plus saccagée — finis Poloniae ! — pour renaître à chaque fois de ses cendres, dans le sang et dans les larmes. Et Zulawski évoque cette Pologne traditionnellement martyre et phénix ; et personne n’empêche (et surtout pas Zulawski, dont le second film est, paraît-il, actuellement interdit chez lui) d’ajouter aux ravages passés la présente indiscrétion d’un puissant voisin.
Oui, la Troisième Partie de la nuit est bien plus qu’une histoire de guerre. A moins que nous ne nous sentions incités à donner au mot «guerre» l’acception la plus générale possible. Les cadres éclatent. Sans effort, un fantastique s’installe où le temps s’abolit ; où morts et vivants se confondent, les vivants vivant comme des morts; où, parce qu’elles se ressemblent, une femme peut prendre la place d’une autre; où un enfant supplicié devient juge ; où il est plus que plausible, inévitable, de se trouver confronté à son propre cadavre; où tout se prépare, peu à peu, pour l’irruption du surnaturel.
Le voici. Il est en effet apocalyptique. Zulawski se garde d’abattre tout de suite son jeu. Il procède par allusions vagues, inquiétantes. Etrange suspense, qui tient à l’emploi du verbe «nourrir» sans complément d’objet. Nourrir : qui ? quoi ? On parle de X ou de Y comme d’une nourrice. Mais de qui? de quoi? Ces «nourrices», hommes et femmes, sont en carte, carte rouge, et les S.S., la Gestapo s’écartent d’eux avec répulsion. Répulsion protectrice. Si bien que la carte rouge infamante, on la recherche. « Nourrir » permet d’échapper à l’Apocalypse — en y participant.
Enfin, la lumière ! Nourrir des poux. C’est l’Apocalypse des poux. On les voit. Ils grouillent. Ils mordent. Ils bouffent. Immondes. On les parque dans des petites boîtes grillagées et on fixe ces parcs d’élevage miniature sur du Polonais. La Wehrmacht a évité d’être décimée par le typhus parce que des Polonais, pour s’éviter la mort, nourrissaient des poux. Plus exactement: parce que le Grand Reich gorgeait des poux de sang polonais. Le dragon de l’Apocalypse, c’est le Pou. Le seigneur — saigneur Pou — comme dans Lautréamont. On le soigne, on le dorlote ; seul compte le pou, entretenant avec sa nourrice des rapports ambigus puisqu’il sauve la vie de la personne dont il vit. On lui trait sa merde pour cuisiner je ne sais quel vaccin antityphique — je vous passe les détails techniques. La saignante bidoche de Polonais sur pied sert de vert pâturage pour ce bétail de cauchemar.
Quand nous tombons nez à nez avec le pou, le film nous a déjà emportés au-delà de l’anecdote historique. Le Pou est métaphysique. Le typhus et ses poux sont à Zulawski ce que la peste et ses rats étaient à Camus. La purulente sanie des grandes catastrophes remet l’essentiel en question, elle oblige à poser les grandes questions. C’est normal pour un premier long métrage comme c’est normal pour un premier livre — lorsque l’auteur a quelque chose dans le ventre, ce qui est le cas, de toute évidence, pour Andrzej Zulawski. On veut tout dire, sur tout, et surtout sur l’essentiel. Dieu, le Mal, l’Absurde, la Mort, les Autres, l’Amour — ce fléau qu’il est, c’est vrai, en temps de grande peste: voici venir les interrogations monumentales.
Les personnages, dressés sur la pointe de leurs pieds, ne craignent pas d’accuser les nuages: «Seigneur qui nous trompez, quel est le sens de nos actes?» Le Seigneur se garde bien de répondre. Et j’ai bien l’impression que Zulawski ne tient pas tellement à ce que le Seigneur réponde. L’important, dans toute question, ce n’est pas la réponse, c’est la question elle-même. Avec la Troisième Partie de la nuit, Zulawski ne cesse d’interroger à grands cris, à grands gestes. Non pour que nous lui faufilions nos petites certitudes. Mais pour que nous interrogions avec lui. Le cinéma polonais roupillait doucettement — du moins considéré de Paris. Wadja, Kawalerowicz, Haas — oui, bien sûr, des maîtres. Mais les disciples ? En voilà un. Et de qualité. Saluons-le."
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