Dominique Cabrera : "Je me perdais et c’est devenu une richesse"
Avec ses images d'abord saisies au vol des réunions de famille, Grandir (présenté au Festival Cinéma du Réel puis1
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La réalisatrice, qui a quitté la Corée alors qu'elle n'avait que 4 ans, remonte le temps en suivant l'itinéraire indiqué par les traces qu'elle a sur la peau.
"Je ne suis jamais retournée en Corée. Depuis l’âge de quatre ans, mon horizon est ici en France. De là-bas, il ne me reste plus rien ou presque. Des images, des souvenirs, si fragiles que je doute souvent. Et puis, j’ai ces marques sur la peau… " En suivant l’itinéraire tracé par ses marques corporelles, Sophie Bredier entreprend une quête de ses souvenirs, les interroge sans relâche et, de rencontre en rencontre, de question en réponse, parvient peu à peu à reconstituer le puzzle de son passé coréen. Le film a été soutenu par l'ACID lors de sa sortie en salle.
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"Nos traces silencieuses est un très beau film, une oeuvre de cinéma. (...) Certitude, intuition, le film avance à la recherche de ce qui ex
"Nos traces silencieuses est un très beau film, une oeuvre de cinéma. (...) Certitude, intuition, le film avance à la recherche de ce qui existe et est caché sans jamais vouloir détruire ce qui a existé (...)."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
" Née de parents inconnus, Sophie a été adoptée par M. et Mme Bredier et amenée en France. Les marques sur la peau dont elle parle, ces trac
" Née de parents inconnus, Sophie a été adoptée par M. et Mme Bredier et amenée en France. Les marques sur la peau dont elle parle, ces traces silencieuses, sont des petites cicatrices réparties sur les mollets et les cuisses. Signes de brûlures, de coups, d’entaillages ? Accidents, violences volontaires ? Le corps comme livre ouvert et énigme de soi-même, la peau comme parchemin couvert de hiéroglyphes à déchiffrer, point de départ d’une enquête familiale, identitaire. Avec patience, obstination, intelligence, tel un privé existentiel, Sophie Bredier va chercher l’énigme des premières années de sa vie, tenter de combler la béance insupportable de la vérité de ses origines.
Pour se prémunir du risque du “film de famille” à usage limité et enrichir leur propos, Bredier et Aziza vont amplifier et universaliser leur zone de travail en confrontant leur “cas” à d’autres personnes, à d’autres histoires de peau. (…) Volontaires ou subis, silencieux ou très parlants, les signes inscrits dans la peau des corps racontent toujours un pan d’histoire de l’individu en question - que cette histoire soit à caractère intime, familial, historique ou politique. Le cas de Sophie Bredier, fil rouge et cœur du film, est peut-être tout cela à la fois.
Pour tenter de faire la jointure entre ses très vagues souvenirs des limbes et ses cicatrices, la jeune femme interroge des amis coréens de Paris. Le recoupement ne passe pas seulement par les mots : il faut voir Sophie Bredier déguster des spécialités coréennes cuisinées par ses copains afin de s’imprégner d’odeurs, de goûts et de sensations, dans le but de créer un choc mémoriel proustien. Dans le même ordre d’idées, après avoir appris qu’elle était sans doute née dans une ville portuaire, on voit la cinéaste-personne / actrice-personnage déambuler dans les rues de Marseille afin de faire parler les sens dans un processus d’imprégnation. Au départ, Sophie Bredier ne voulait pas apparaître dans le film ; à la vue de ces scènes, on comprend que sa présence dans l’image est capitale, non seulement pour incarner l’histoire, pour la marquer du sceau du concret, mais aussi parce que l’inscription du corps de la cinéaste sur la pellicule de son film répond logiquement et cinématographiquement à l’inscription de son passé sur sa peau. Couple sympathique et sensible, aimant de toute évidence leur “fille” comme si c’était leur fille, M. et Mme Bredier refoulent à fond.
Et on les comprend : parler avec elle de son adoption, c’est soulever le couvercle des vieux secrets de famille que l’on préfère enfouir, c’est raviver un sentiment latent de culpabilité, c’est se retrouver contraint de corriger quelques mensonges par omission vieux de plus de vingt ans, c’est prendre le risque de perdre un peu leur fille. Sophie comprend aussi tout cela et le film ne charge jamais les parents, mais tant pis : il lui faut savoir et cette quête des origines passe avant le statu quo confortable des relations. Ces scènes de suspens intense, tant sur le plan familial que politique (car cette histoire d’adoption dit aussi beaucoup de choses sur les rapports géopolitiques), sont d’autant plus tendues et risquées qu’elles résultent de premières prises.(…) Caméra révélatrice, mais aussi caméra protectrice permettant d’aborder les sujets les plus délicats. Pour de nombreux cinéastes, l’engin permet de parler à une femme aimée ; ici, il a permis à une jeune fille de parler à ses parents, non pas pour les juger ou les “tuer”, mais pour lever les zones d’ombre de leur histoire commune et questionner la nature ambiguë d’une filiation et d’une identité.
(…) Adoption ou pas, cicatrices ou pas, nous avons tous vécu des premières années dont nous n’avons plus aucune mémoire, nous avons tous une origine dont nous ne savons au fond pas grand-chose et que nous trimballons pourtant toute notre vie dans notre patrimoine identitaire. C’est ainsi qu’avec les moyens cinématographiques les plus simples et les plus modestes, Nos traces silencieuses part du plus intime des territoires pour atteindre une amplitude universelle. A priori, on pourrait facilement croire que ce film ne nous regarde pas : après l’avoir vu, on sait que c’est exactement l’inverse."
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