À l'occasion de son arrivée en exclusivité dans l’abonnement UniversCiné, focus sur The Club, tragi-comédie belge en huit épisodes qui suit le parcours de procréation médicalement assistée (PMA) de trois couples.
Dans la blancheur immaculée de la salle d'attente d'une clinique de fertilité, trois couples se croisent, se lient et forment The Club — un club auquel aucun d'eux n'aurait en réalité souhaité appartenir. Car pour en être membre, il faut être dans l'impossibilité de concevoir naturellement. C’est alors qu’au fil d’une narration chorale, Bert et Kirstie, Charlie et Ziggy, ainsi qu'Ellen et Twee entraînent le spectateur avec émotion et authenticité, dans leur chemin de PMA. Et malgré la gravité de son sujet, la série à l'esthétique léchée se veut solaire et parvient à faire rire.
Alors que les problèmes de fertilité ne cessent d’augmenter en Europe, The Club pose un regard lucide sur cette réalité encore taboue, en adoptant un ton décomplexé. Pour Bert et Kirstie, le problème vient du sperme de Bert, décrit comme "flemmard”. L’homme enchaîne alors, avec son humour bien à lui, les séances dans le masturbatorium de la clinique pour récolter la bonne semence. De leur côté, les jeunes Charlie et Ziggy découvrent que Charlie est atteinte d’une ménopause précoce, maladie rare. Pour elle, le temps presse, et le couple se retrouve face à un choix cornélien : s’ils veulent un enfant, c’est maintenant ou jamais. Quant à Ellen et Twee, un couple de lesbiennes ayant trouvé un donneur, la clinique se présente d’abord comme un lieu idéal où leur rêve pourra enfin se réaliser… jusqu’à ce que la médecin leur apprenne qu’Ellen souffre de complications liées à son endométriose, rendant la grossesse à laquelle elle s’était préparée plus difficile que prévue.
Face aux complications et aux multiples rendez-vous médicaux, des amitiés se tissent au sein du club, rebattant les cartes des relations au fil des épisodes. Mais au-delà de ces histoires humaines, ce qui façonne les liens entre les personnages et ce qui tient le spectateur en haleine, ce sont les choix déterminants et les questions existentielles qui les traversent.
Toute la richesse de The Club réside alors dans le débat autour de la maternité et de la paternité, qu’elle reconfigure sous de nouvelles formes. Lorsque l'on rencontre des difficultés à concevoir, jusqu'où peut-on aller pour avoir un enfant ? Si Kirstie est prête à tout pour avoir un enfant, au point d’envisager un donneur de sperme, Bert, lui, se demande ce que signifie être père sans être géniteur.

Ce sont aussi les corps, dans ce qu’ils peuvent face à des pathologies, qui sont scrutés ici avec attention. Et plus qu’aucun autre, le corps féminin. Comment vit-on la grossesse, dans ses diverses formes, son absence, ou l'espoir de concevoir ? Et s'il y a bien une partie de ce corps sur laquelle il faut porter une attention particulière, c'est le ventre. Celui-ci devient, par des actes hyperréalistes — injections d'hormones, échographies répétées — un motif central de l’intrigue : à la fois symbole de frustration, de douleur, et de fantasme.
En jonglant entre les points de vue, qu’ils soient féminins ou masculins, ou pour ou contre les nouvelles techniques de procréation, The Club contribue à féconder notre imaginaire. Le choix des discussions ouvertes, comme le goût des scènes courtes et humoristiques, permet d’interroger avec légèreté les nouveaux moyens de faire famille qui occupent une place croissante dans la société. Reflet d’une réalité pourtant bien tangible pour beaucoup, The Club offre au spectateur une représentation de cette mutation, encore trop rare sur nos écrans.