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NOS FILMS D'HÔPITAL PRÉFÉRÉS

Nourri de son vécu d’étudiant en médecine, Thomas Lilti signait avec Hippocrate un film nerveux et engagé. Tout faire pour soulager les souffrances, ne pas prolonger abusivement les agonies, ne jamais provoquer la mort délibérément. À ces maximes répond la réalité du terrain : des locaux insalubres, du personnel manquant, du matériel défectueux. L’hôpital public se fait alors le théâtre des désillusions. Entre le tragicomique et les dilemmes cornéliens, les soignants et les patients se débattent, tous victimes d’un système en train de vaciller.  

A l’occasion de la sortie d’Hippocrate dans l’abonnement UniversCiné, retour sur nos dix films d’hôpital préférés. 


Vol au-dessus d’un nid de coucou (Miloš Forman, 1975) 

 

Chef d’œuvre multiprimé (les 5 Oscars majeurs, 6 Golden Globes et 5 BAFTA), Vol au-dessus d’un nid de coucou fait de l’institution psychiatrique un microcosme de la société. Le nouvel arrivant McMurphy (Jack Nicholson) fédère une révolte des patients contre le personnel médical autoritaire et maltraitant, incarné par l’infirmière Ratched (Louise Fletcher). L'hôpital devient ainsi un lieu de résistance, qui met en lumière les dérives de la psychiatrie institutionnelle du milieu du siècle dernier (sédation chimique, électrochocs, lobotomie...). 

Sages-femmes (Léa Fehner, 2023)

À travers le baptême du feu de deux sages-femmes à peine sorties de l’école et plongées dans le quotidien d’une maternité, Léa Fehner dresse le portrait d’une profession essentielle. Avec une écriture immersive, proche du documentaire, le film fait ressentir l’urgence et la tension, mais aussi la beauté d’une vocation. Une représentation puissante de l’hôpital comme lieu de vie, de naissance, de crise, où l’humanité persiste malgré tout.

Patients (Mehdi Idir, Grand Corps Malade, 2016) 

Au sein du système hospitalier, l’accompagnement des patients flirte avec le sentiment de captivité. Une ambivalence qui se loge jusque dans le corps paralysé de Ben, balloté entre les séances de kiné et les réveils forcés, sans pouvoir protester. Avec Patients, Grand Corps Malade passe de la littérature au cinéma en adaptant son autobiographie pour le grand écran. L’hôpital s’y montre comme une geôle où le quotidien s’apprivoise avec les compagnons de cellule. 

Averroès et Rosa Parks (Nicolas Philibert, 2023)

Dans ce deuxième volet de son triptyque documentaire sur la psychiatrie (composé de Sur L’Adamant, Ours d'Or 2023, et La Machine à écrire et autres sources de tracas), Nicolas Philibert pose sa caméra à l’hôpital Esquirol, dans le Val-de-Marne. Sans voix off, le cinéaste montre l’institution comme un lieu d’accueil et d’écoute, en donnant la parole aux soignants et aux patients, pour mieux révéler leur humanité. 

Notre corps (Claire Simon, 2023)

Entre les murs de l’hôpital, Claire Simon scrute les mises à l’épreuve du corps féminin – toujours ausculté, parfois malmené. Des premières consultations gynécologiques aux parcours de transition de genre, en passant par la salle d’accouchement et les soins palliatifs, rien n’échappe à la documentariste. Dans l'aridité du système hospitalier, les moments crus de bonheur, de souffrance et d’espoir, donnent chair à Notre Corps. Récompensé en 2024 par le César du meilleur film documentaire. 

L'Exorciste II : L'Hérétique (John Boorman, 1978)

Délaissant l’horreur pure du premier opus, L'Exorciste II : L'Hérétique oppose foi et science en explorant la psyché de Regan à travers la parapsychologie. Dans un hôpital futuriste (pour 1977), une technologie expérimentale permet d'étudier les rêves de la jeune fille autrefois possédée, mettant à rude épreuve la spiritualité et la rationalité des personnages. Un bien étrange objet filmique, visuellement audacieux, qui fascine autant qu’il déstabilise.

The Ward (John Carpenter, 2010) 

Dernier film en date du maître de l’horreur John Carpenter, The Ward utilise l’hôpital, ses lumières froides et ses jeunes patientes comme un prolongement de la psyché fracturée du personnage. Déployé comme une allégorie d’un espace mental labyrinthique, l’hôpital et son dédale de couloirs charrient autant les traumatismes et fantômes du passé qu’un espoir de guérison et d’un futur moins sombre, hors les murs.

Parle avec elle (Pedro Almodóvar, 2001)

Quatre destins s’entrecroisent dans ce drame bien loin des exubérances de la Movida, dont Almodovar s'est fait la figure de proue. Deux femmes dans le coma, aimées par deux hommes éveillés, mais pas plus lucides. La clinique n’enferme rien. Les personnages, leurs rêves et leurs souvenirs, se rejoignent dans les tumultes de l’extérieur. C’est pourtant dans l’isolation de la chambre d’hôpital que percent l’amitié et les élans impératifs de tendresse. Car là où la conscience s’éclipse, la solitude gangrène et rallie ceux qui restent. 

Shock Corridor (Samuel Fuller, 1963) 

Dans l’hôpital psychiatrique où Johnny Bennet s’infiltre pour résoudre une affaire de meurtre, tout gravite autour de « la rue » : le couloir, où la névrose peine à se dénouer. Lorsque Shock Corridor reprend la figure du freak, c’est pour mieux la déconstruire, et tracer dans ses contours une critique du culte de la norme. Miroir grossissant d’une Amérique pétrie de paradoxes, l’hôpital catalyse les dichotomies, tout en ouvrant une conversation entre les élans patriotiques et le tabou de la violence. 

Johnny s'en va-t-en guerre (Dalton Trumbo, 1971)

En 1971, Johnny s’en va-t-en guerre, brûlant réquisitoire antimilitariste, remporte le grand prix spécial du Jury à Cannes. Au même moment, de l’autre côté du globe, la guerre du Vietnam s’enlise. C’est toute une jeunesse passée sous silence qu’incarne Johnny, aveugle, sourd, muet et amputé. L’hôpital, devenu l'appendice d’un système mortifère isolant et mutilant ses propres membres, fonde un huis-clos duquel seuls les souvenirs et les rêves peuvent s’échapper. 

© Images tous droits réservés : Vol au-dessus d'un nid de coucou : Splendor Films, Sages-femmes : Geko Films, Averroès et Rosa Parks : Les Films du losange, Patients : Gaumont Distribution , Notre Corps : Dulac Distribution, L'Exorciste II : L'Hérétique : Warner Home Video, Parle avec elle : Pathé Films, Shock Corridor : Wild Side Video , Johnny s'en va-t-en guerre : Malavida Films, The Ward : Metropolitan Filmexport.

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