Peu de films réalisés, par la difficulté qu'elle trouve à réunir des fonds autour de sujets jugés souvent trop difficiles, mais filmographie courte aussi en raison de sa soudaine disparition. Née à Londres en 1959, elle décède le 24 octobre 2013 à l’âge de 54 ans d’un cancer de la thyroïde.
Pour le grand écran, elle n'aura donc signé que cinq films. Deux sont inédits en France — Mad Love, 1995, tourné aux USA, et The Meat Trade, 2006, où l'on trafique des cadavres dans la grande tradition britannique de l'horreur et de l'ironie glacée; deux titres qui semblent bien nettement en deça de ceux qui ont forgé sa réputation chez nous. Ceux-là, au nombre de trois, s'ils furent peu commentés et parfois négligés, restent comme des récits fort singuliers et ont retenu toute l'attention d'une poignée de cinéphiles acharnés et admiratifs.
Prêtre (1995) évoque l'homosexualité au sein du clergé. Face (1998, Grand prix du Festival du film policier de Cognac) est un thriller qui manie les ambiguités. Dans Vorace (1999), le plus mémorable, surgit le cannibalisme ! Ce dernier film, au croisement du western/du film de guerre/et d'horreur (le mélange des trois séduit ou vous perd définitivement) embarrassait bigrement la Fox qui l'avait produit et ne savait plus comment le commercialiser malgré la présence de Guy Pearce. Le film sorti à la sauvette, mais avec ses connations politiques et métaphoriques et son aspect brutal, il finit par se forger une réputation culte auprès des spécialistes du fantastique.
Tous trois bénéficient également de la présence essentielle de l’excellent Robert Carlyle, son acteur fétiche, avec qui elle crée une maison de production pour travailler ensemble. Etonnant et quasi méconnaissable d'un film à l'autre, il est comme le garant de la cinéaste à pouvoir naviguer dans un nouveau genre, très différent à chaque fois, en rendant crédibles des histoires parfois choquantes.
Enfin, si le premier film est un drame existentiel, le deuxième un polar et le troisième un film à suspense, entre l'horreur et le fantastique, on peut les voir comme une trilogie très cohérente : sur le doute, le mensonge et la trahison. Sous toutes leurs formes.