Mais sa carrière est lancée et sera essentiellement vouée à la musique. Après avoir réalisé en 1981 The Comic Strip, film sur un groupe de comédiens déjantés qui se produisaient dans un club de Soho, il se taille une belle réputation dans le vidéo clip, travaillant entre autres avec les Rolling Stones ou David Bowie. En 1985, Steven Woolley, de Goldcrest productions, lui offre la possibilité de réaliser son vieux rêve, une comédie musicale : Absolute Beginners , adapté du livre de Colin MacInnes, est un hommage au musical hollywoodien, mêlant le clinquant de l’esthétique clip à celle, surannée, des sixties. Extrêmement coûteux, le film fait un flop retentissant, entraînant la faillite de Goldcrest.
Violemment critiqué, Temple participe encore au film collectif Aria (1987) donnant sa vision de Rigoletto parmi les dix airs d’opéra vus par dix cinéastes, puis s’exile un temps aux USA où Absolute beginners fut plus apprécié. Outre moult autres clips qui tournent en boucle sur MTV, il y réalise Earth Girls Are Easy (1989), mélange de science-fiction et musical avec Geena Davis, Jeff Goldblum et Jim Carrey auxquels il offre leurs premiers rôles importants.
Après avoir fait Bullet (1995), incursion dans le thriller avec Mickey Rourke, réduit à une sortie dans le circuit vidéo, Temple rentre en Angleterre et remonte aux sources de ses passions de jeunesse. Avec Vigo, Passion for life (1999) d’abord, portrait de ce génie du cinéma à la vie brève, Jean Vigo, et de sa femme, liés par un amour fou. Puis un retour rectificatif sur l’escroquerie d’antan, pour rétablir la véritable histoire des Sex Pistols dans The Filth and The Fury (l’Obscénité et la fureur, 2000). Réalisé en coopération avec les survivants du groupe, le documentaire se compose brillamment d’images seventies de Londres, archives personnelles, extraits télévisés de l’époque, interviews au présent, et Temple y retrouve la belle énergie de ses débuts.
Replongeant illico dans la fiction flamboyante de Pandaemonium (2000), il reste addict aux rebelles et débusque l’esprit punk même au XVIIIe siècle ! Narrant l’amitié du subversif poète opiomane Samuel Taylor Coleridge et du plus conventionnel William Wordsworth qui le vampirisera, il demeure le chantre de l’utopie, la liberté et la poésie. C’est encore ce qui anime son désir de consacrer un documentaire au mythique festival de Glastonbury. Entre 2002 et 2005, il filme des séquences du festival qu’il confronte dans un montage ironique aux images d’archives, et Glastonbury sort en 2006. Suivi de Joe Strummer : The Future is Unwritten, portrait du leader décédé des Clash, où sa virtuosité à traiter des archives rares et témoignages d’intimes fait encore mouche, traduisant l’énergie et la créativité du modèle. Un autre documentaire The Sex pistols : There’ll Always Be an England est sorti en DVD en 2008. La même année, il a réalisé une nouvelle fiction musicale intitulée The Eternity Man, et en 2009 un documentaire Oil City Confidential.
Camille Taboulay