Né en 1947 du mariage du réalisateur Carl Reiner et de l’actrice Estelle Reiner, Rob Reiner baigne tout petit dans le milieu du cinéma. Après un apprentissage télévisuel, avec entre autre un rôle marquant dans la série All in the Family, il entre assez tard au cinéma, mais par un coup d’éclat : Spinal Tap, en 1974. Faux documentaire sur la tournée désastreuse d’un groupe de Heavy Metal, le film, bourré de trouvailles originales, marquera les esprits sur le long terme, devenant totalement culte bien après sa sortie, grâce à la diffusion en vidéocassettes. A noter que son futur complice, Billy Crystal fait déjà ici une apparition remarquée.
Après une tentative de comédie romantique sous forme de remake de New-York Miami : Garçon choc pour nana chic qui révèlera John Cusack, Rob Reiner réalise en 1986 un film sensible sur le passage à l’adolescence avec Stand by Me. Adapté d’une nouvelle de Stephen King, le film, porté à bout de bras par une bande de gosses épatants menée par River Phoenix, reste une référence marquante des films initiatiques.
Un an plus tard, il adapte un classique de la Fantasy contemporaine par William Goldman avec The Princess Bride. Parodie des contes pour enfants qui parvient pourtant à respecter l’esprit des règles qu’il détourne, le film, plein de fougue et d’imagination emporte l’adhésion de tous avec un couple romantique joliment interprété par Cary Elwes et Robin Wright dans son premier rôle… Au second plan, Billy Crystal est méconnaissable et l’ensemble dégage une jubilation contagieuse.
En 1989, Rob Reiner réinvente la comédie romantique avec Quand Harry rencontre Sally, qui rappelle par certains côtés les grandes réussites de Woody Allen, mais dans un registre plus universel. Les différences éternelles entre les hommes et les femmes donnent ici matière à des dialogues de haut vol, où Billy Crystal fait montre de tout son talent dans un rôle enfin adapté à sa virtuosité. Meg Ryan compose une Sally adorable en diable qui lui collera à la peau pour des décennies. La mise en scène est rythmée par un découpage original qui retranscrit parfaitement les différentes étapes temporelles du récit. La musique, essentiellement des reprises de standards du jazz, est le juste symbole de ce film qui fait redécouvrir avec une belle fraîcheur des thèmes indémodables.
Contre-pied du précédent, Misery, en 1990 se place dans le sillage du film d’horreur psychologique dont Robert Aldrich avait fait un temps sa marque de fabrique. Nouvelle adaptation de Stephen King, ce huis clos tient sur les épaules de ses deux acteurs principaux : James Caan, écrivain immobilisé, et Kathy Bates, fan terrifiante, qui n’a pas volé son Oscar pour le rôle. Sans effets appuyés, Rob Reiner distille tension et angoisse avec une mise en scène privilégiant l’ambiance et la force de la situation dramatique aux coups d’éclat grand-guignolesques.
Le prochain film sera sa première incursion en dehors du cinéma indépendant. Des hommes d’honneur, avec Tom Cruise, Jack Nicholson et Demi Moore, relate un procès au sein de l’armée. Mais, malgré son casting de luxe, on y perçoit vite les limites d’une mise en scène classique au service d’une histoire qui l’est un peu trop.