Ousmane Sembène
Dans cette interview (accordée en novembre 1968 à la revue Jeune cinéma pour la sortie de s...
Au XVIIe siècle, au Sénégal, l'islam comme le christianisme, ne reculent devant rien pour assoir leur pouvoir. Mais le peuple, les ceddos, résiste.
Au XVIIe siècle, au Sénégal, l'islam comme le christianisme ne reculent devant rien pour assoir leur pouvoir : armes à feu, alcool et pacotilles de toutes sortes. Mais le peuple, les ceddos, résiste... Ousmane Sembene renvoie dos à dos missionnaires, imams avides et élites corrompues, filmant ce pamphlet historique telle une tragédie grecque dont les résonances contemporaines provoquèrent une interdiction au film d'être diffusé pendant plusieurs années.
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" Pour un “d” en trop, Ceddo fut interdit plusieurs années au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor, intraitable sur l’orthographe
" Pour un “d” en trop, Ceddo fut interdit plusieurs années au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor, intraitable sur l’orthographe du nom de cette tribu animiste convertie de force à l'islam au XVIIe siècle, et à laquelle le film rend hommage. Sous ce prétexte fallacieux, se dissimulait surtout la volonté de ménager les factions religieuses du pays et de masquer la brûlante vérité soulevée par Ousmane Sembene dans son pamphlet historique mettant dos à dos les missionnaires chrétiens, les imams pernicieux et les élites africaines corrompues.
Ménager, masquer : deux attitudes étrangères à cet autodidacte de génie, réalisateur du premier film africain de l’histoire (La Noire de... en 1966) et arrivé au cinéma parce que la littérature ne lui permettait pas, disait-il, d’atteindre les masses analphabètes. Avec cette tragédie grecque transposée dans un village sénégalais, Ousmane Sembene traite du passé, mais c’est évidemment le présent qu’il fustige, n’hésitant d’ailleurs pas à multiplier les anachronismes pour brouiller les pistes. "
" ... le film le plus abouti de Sembene Ousmane et un des films les plus forts et les plus "critiques" du cinéma africain (...) L'évocation
" ... le film le plus abouti de Sembene Ousmane et un des films les plus forts et les plus "critiques" du cinéma africain (...) L'évocation d'une page historique (...) renvoie, grâce à un ensemble de notations soutenues par une plastique filmique très rigoureuse, à une parabole sur l'évolution contemporaine du continent (...)
Sembene Ousmane se méfie des digressions psychologiques, des développements et des démonstrations qui tendraient à rendre ses propos fictionnnels : un lieu, une scène presqu'unique sert de théâtre et de révélateur aux idées contenues dans son film (...) Le réalisateur rend implicitement l'Islam coupable des diverses formes d'asservissement dont a eu à souffrir l'Afrique (sujet extrêment tabou là-bas et que peu de cinéastes osent aborder de front : citons cependant le courageux N'Jangaan de Johnson Mahama Traoré).
(...) La parabole incluse dans Ceddo stigmatise fort bien les tentations de l'Afrique actuelle qui louvoie constamment entre le compromis libéral et néo-colonial et l'appel à la dictature. Pour Sembene Ousmane, ouvertement du côté des "Ceddo", il n'y a qu'une solution : la redécouverte de la culture et de l'identité africaine et le rejet des diverses traditions esclavagistes, présentes dans l'inconscient même de son peuple (oeuvre des divers types de colonisateurs) qui le paralysent..."
" Dans ce beau film simple et plein d'une rage contenue, le cinéaste sénégalais prend partie pour l'identité culturelle de ses compatrio
" Longtemps interdit au Sénégal parce qu’il dénonce l’impérialisme de l’islam, bloqué par les conflits politiques et les querelles d’influe
" Longtemps interdit au Sénégal parce qu’il dénonce l’impérialisme de l’islam, bloqué par les conflits politiques et les querelles d’influence qui divisent le continent africain, le film de Sembene Ousmane, réalisé en 1976 arrive avec 3 ans de retard...
On sait la volonté du cinéaste sénégalais d’interroger à chaque film l’histoire africaine. Ceddo est son dernier appel au refus de tout ce qui est venu pervertir l’identité africaine, religions comprises.
Dans l'Afrique mythique du 17e siècle, les Ceddo sont ceux qui ne veulent se convertir ni à l’Islam, ni au catholicisme alors en plein essor. Qu’elles s’implantent en noyautant le pouvoir en place, ou en lorgnant sur le « Lumpenprolétariat » tribal, chacune de ces religions avides de puissance achète et vend sans scrupule hommes, femmes et enfants pour avoir des armes. La religion, alors, avait besoin de l’esclavage pour se donner les moyens matériels de parvenir au pouvoir. Elle condamnait le pays à une double aliénation : celle d’une spiritualité imposée et celle d’un corps enchaîné parce qu’utile valeur d’échange (...) Le film de Sembène Ousmane se heurte à la même contradiction. Il navigue entre la dénonciation tonique (avec des clins d’œil à l’actualité) et une lenteur complaisante et esthétisante, sur les querelles dérisoires qui agitent les personnages. Comme si une imparable fatalité pesait sur le destin de ces hommes noirs à jamais condamnés. On est successivement agacé et séduit, parce que le film, complainte languissante, devient sournoisement un cri désespéré sous le soleil de plomb. "
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